Claire Thibaud-Piton est une figure marquante du monde de l'art urbain contemporain, cumulant plusieurs casquettes de galeriste, consultante en art, marchand d'art et commissaire d'exposition française. Elle établit sa galerie au gré du parcours professionnel de son époux.
Retour à Jakarta pour cette nomade où elle vécut huit ans. Elle présente du 17 au 19 novembre à Art Jakarta cinq artistes du street art. Stereoflow et Alphabad, artistes indonésiens et Mist, Ceet-Fouad et Nasty seront présents et collaboreront sur un projet de grande fresque : un pont entre la France et l’Indonésie.
Pouvez-vous nous expliquer la raison de votre venue à Art Jakarta ?
La réponse est simple, je suis une galeriste nomade, comme les Mongols et amoureuse de l'Asie. Je pose les expressions des artistes au gré des déplacements familiaux. J’apprends beaucoup d'eux puis je les oriente et enfin, je les mets en scène sur des projets artistiques en coopération dans les villes, avec des artistes français ou européens établis. Je les expose soit en galerie partenaire, soit en foire internationale, soit dans ma galerie à Paris : Rose Studio Art Gallery. Leurs fresques habillent les murs des villes d'Asie du Sud-Est et d'Europe, offrant une ambition internationale aux artistes locaux. Les collectionneurs les admirent aussi dans leur salon : "La street, c'est chic" comme l'exprime l'artiste parisien Nasty, avec ses plans de métro customisés.
Il faut être un peu atypique ou engagée pour venir faire une foire à Jakarta
Pour participer à la foire d'Art Jakarta… je vous avoue que je me réveille toujours un peu tard pour faire les foires et la programmation est souvent bouclée. Alors lorsque Guillaume Levy Lambert d'Art Porters Art gallery de Singapour m'a gentiment proposé de faire un projet commun pour la foire Art Jakarta, je l'ai trouvé très organisé... Il ne faut jamais dire non sur ce genre d’aventure ! Et rester toujours ouverte sur les coopérations, qui sont l'essence même de ce que j'affectionne. Nous avons rajouté ce projet à sa galerie et avons fait le pari de nous amuser autour du thème : la France et l'Indonésie, terre d’accueil. Nous tenons à partager notre amour pour l’art et faire le bonheur des collectionneurs.
Pourquoi le street-art ?
Mon maître d'art, autre courant artistique, Guy Feinstein, 1929-2008, lui-même élève de Fernand Léger, était loin d'imaginer que je serais tombée dans le chaudron du graffiti ou street art ! Pourquoi ? J’aime défendre la cause des plus pauvres, des artistes jeunes ou non reconnus... le graffiti/street-art a été longtemps considéré comme tel, aussi ces artistes, remplis d'humanité, de maîtrise technique de la bombe aérosol, ou tampon, pochoir, me touchent beaucoup de par leur expression artistique et le pouvoir de leur style d'art ouvert à tous ! Maintenant à moi de ne pas décevoir les artistes... Sur ces foires, les places sont chères et seuls deux ou trois artistes peuvent faire partie de la foire vu les contraintes espace/prix.
Comment travaillez-vous et accompagnez-vous les artistes ?
Faire un travail de longue haleine avec un artiste n’est pas facilement compatible avec ma vie de nomade, mais le terreau est bon et ce que nous avons semé ensemble, il y a quelques années lors de mes précédents séjours à Jakarta, nous a vite réunis. Après quatre ans, je retrouve les artistes. Ils sont toujours aussi présents, combatifs et heureux de faire vibrer leur travail. Leur joie, leur passion de l'art, le partage de leur culture, nous rendre compte de l’essence du monde. Je m’occupe des contraintes, nous partageons nos points de vue, les esprits sont libres ensuite à la création. Des œuvres inédites ont été créées pour être à la hauteur de l'évènement.
Nous ne pouvons pas vivre sans art, c’est ma réalité : passerelle entre les communautés
Comment s'est fait le choix des artistes ?
J’ai choisi deux artistes indonésiens et trois artistes français qui exposeront leurs propres toiles et qui participeront à un travail commun. C’est un exercice que j’aime demander aux artistes.
Ils doivent travailler ensemble, mélanger leur style et leur culture ; un pont entre la France et l’Indonésie !
Mon choix s'est porté sur Stereoflow et Alphabad, artistes indonésiens que je connais depuis de nombreuses années. Deux styles différents, qui vont devoir relever le défi face à Mist, un artiste français majeur, Ceet-Fouad et ses très expressifs colorés, Chicanos et Nasty connu pour son travail dans le métro parisien et les supports originaux qu’il utilise dans ses expositions.
Concernant le projet commun, nous nous sommes accordés sur un grand format aux dimensions des fenêtres du musée National de Jakarta, clin d'œil aux projets précédents qui ont fait entrer l’art urbain dans les institutions. Les œuvres monumentales vous saisissent et vous font vibrer dans votre quotidien. Votre âme en sort grandie.
J'ai déjà travaillé avec Tom Tandio, directeur de la foire Art Jakarta, (lors d'Art Stage Jakarta en 2018 pour le grandiose projet d'art urbain Europe-Asean "Offthewalljakarta"). Tom est un grand professionnel, exigeant sur la qualité des œuvres présentées sur ses foires. Il est très respectueux des visiteurs et des collectionneurs. Son premier regard donne le ton de ce que les visiteurs vont apprécier.
A vous d'en juger sur le stand D3, Art porters Project avec Rose Studio Art gallery, Paris. On vous attend !
Art Jakarta du 17 au 19 novembre - JI Expo Kemayoran
Vous pourrez retrouver la suite de l’exposition à la galerie Rose Studio Art Gallery - 416 rue Saint-Honoré, Paris 8ᵉ, sur RDV ou online. Les œuvres de CEET-Fouad, Nasty, Mist, Katre et Alphabad, Stereoflow y sont présentées.
Catalogue Rose Studio Art Gallery et Art Porters Gallery
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