L’Agence Française du Développement est présente dans 108 pays à travers un réseau de 85 agences. Installée en Indonésie depuis 10 ans nous avons rencontré Ghislain de Valon son directeur actuel qui nous éclaire sur le rôle de l’agence dans l’archipel indonésien et sur son fonctionnement.
Lepetitjournal.com/jakarta : Qu’est-ce que l’Agence Française du Développement ?
Ghislain de Valon : L’AFD est une institution fondée en 1941 qui sert d’opérateur pivot à la politique d’aide au développement de la France. Cette aide est un engagement international pris par les pays de l’OCDE pour améliorer les conditions de vie des populations dans les pays émergeants ou en voie de développement. Pour se faire l’OCDE a depuis longtemps déjà assigné un objectif aux pays développés d’engager 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement.
Historiquement très présente en Afrique, l’AFD s’engage en Amérique latine et en Asie depuis une dizaine d’années avec un mandat plus spécifique dont l’objectif premier est la lutte contre le changement climatique.
Concrètement comment financez-vous l’aide publique au développement ?
L’AFD est une banque détenue par l’État français et qui met en oeuvre la politique de la France en matière d’aide aux pays en voie de développement sous forme de prêt, de subvention ou d’assistance technique. Dans le cas présent l’État français prête de l’argent à l’État indonésien pour financer des projets ou des politiques publiques, des réformes. De plus nous ne travaillons pas seuls mais co-finançons avec d’autres bailleurs internationaux tels que la Banque Mondiale, la Banque Asiatique de développement ou la KfW la banque de développement allemande.
Comment choisissez-vous les projets à financer ?
Toutes les opérations que nous finançons doivent contribuer à la lutte contre le changement climatique. Concrètement nous soutenons les projets d’infrastructure qui aide à la diminution des émissions de gaz à effet de serre, qui permettent le développement des énergies renouvelables et qui favorisent l’efficacité énergétique en essayant par exemple d’améliorer les réseaux électriques existants pour engendrer des économies d’énergie. Sont bien sûr privilégiés, l’éolien, le solaire et la géothermie. Nous soutenons également les projets de développement urbain durable qui peuvent limiter la congestion automobile.
Rappelons que l’Indonésie est signataire des accords de Paris et que son engagement pris lors de la COP21 et renouvelé en 2017 l’oblige à mettre en oeuvre une politique efficace de lutte contre le réchauffement climatique qui passe par le développement des énergies renouvelables et la limitation de la déforestation.
Comment vous assurez-vous que l’argent prêté par l’AFD est correctement utilisé ?
Le bénéficiaire final est l’état indonésien qui met en oeuvre les appels d’offres, par l’intermédiaire de société d’État comme PNL dans le domaine électrique, et nous veillons à ce que les sélections soient conformes aux meilleures pratiques internationales. De plus nous sommes engagés dans des dialogues de politique publique pour inciter l’Indonésie à mettre en oeuvre des réformes favorables à l’émergence des énergies renouvelables, à l’augmentation des standards et des normes en matière énergétique et logistique. Si les réformes ne passent pas nous ne débloquons pas de budget.
Tout ceci doit être très couteux pour la France ? Quel avantage pour notre pays ?
La France est le 2e prêteur bilatéral de l’Indonésie après le Japon. Nous finançons en moyenne 3 à 4 projets par an pour un montant de 250 millions d’euros, pour autant ceci ne coûte pas un sou au contribuable. L’AFD est une banque capitalisée qui génère ses propres revenus et nous prêtons en Indonésie au cours du marché c'est à dire sans bonification ou subvention de l'État français.
En ce qui concerne les avantages pour la France, le mandat de l’AFD n’est pas de financer directement les entreprises françaises mais de mettre en place un eco-système qui puisse leur être favorable. De même nous orientons nos choix de projets vers des secteurs qui bénéficient à la planète en général mais sur lesquels des entreprises françaises peuvent se positionner grâce à leurs compétences dans l’énergie, le transport urbain, l’assainissement…