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Expo Surabaya - De l’école des Gobelins aux pentes du mont Bromo

12 étudiants européens et indonésiens, pendant 12 jours ensemble au pied de l’envoûtant et très actif Mont Bromo, volcan emblématique de l’Est de Java. Une épreuve de Koh Lanta ? Non ! Une résidence photographique et une inspirante aventure de la jeunesse, curieuse d’aller vers l’autre et de poser un regard sensible sur l’inconnu.

@Thomas Pringault@Thomas Pringault
@Thomas Pringault
Écrit par Marion Zipfel
Publié le 12 novembre 2023, mis à jour le 20 novembre 2023

A l'origine du projet

Les pentes des volcans sont réputées pour leur fertilité sans pareil. Celles du mont Bromo, l’un des volcans les plus actifs de l’archipel indonésien à l’Est de Java sont également une source d’inspiration et de création extrêmement féconde.

“Je suis originaire de la Réunion, j’ai grandi avec les volcans alors lorsque j’ai appris qu’il y avait un projet en Indonésie, près du Bromo, j’ai fait mes recherches et j’ai tout de suite postulé explique Thomas Pringault étudiant de 24 ans à l’école des Gobelins.

Avec 11 autres jeunes talents, il a participé en septembre à une résidence photographique au pied du mont Bromo. Un projet de coopération culturelle initié par l’Institut Français d'Indonésie (IFI) de Surabaya, et l’association allemande Wisma Jerman.

“J’avais envie d’un projet de grande ampleur autour de la photographie" explique Sandra Ravier la directrice de l’IFI à Surabaya. Nous travaillons depuis longtemps avec Sigit Pramono (ndlr: le fondateur du resort Jiwa Jiwa à Bromo, Ijen et Semarang) photographe professionnel et également fondateur de l’école de photographie de Bromo (Padepokan Fotografi Bromo), le Bromo s’est donc imposé comme lieu d’étude et de résidence. S’en suit alors une véritable course de fond pour trouver écoles et universités partenaires.

Côté français, l’école des Gobelins, l’école de l’image parisienne, première école d'animation au monde et formation de référence aux métiers de la photographie, répond favorablement à l’appel. “Je suis assez curieux de nature et l’idée de pouvoir développer un projet à la fois avec les Allemands et les Indonésiens m’a immédiatement séduit” explique Jérome Jehel, professeur au département photographie de l’école parisienne. Cette résidence s’inscrit pleinement dans la stratégie d’ouverture au monde de l’école. Les partenaires indonésiens et allemands, universités et écoles de photos, emboitent vite le pas.

 

Regards croisés sur l’Indonésie

Et c’est ainsi que deux Français, quatre Allemands et six Indonésiens se sont retrouvés à l’Est de Java, au pied du mont Bromo, en septembre dernier. Pendant 12 jours, ils ont planché sur la mise en image des histoires qu’ils avaient préparées autour du thème : "Jeunesse, identité et territoire". Le Bromo est certes une destination touristique très prisée notamment pour admirer les levers de soleil époustouflants sur son cratère géant et son impressionnante mer du sable qui mène au volcan. Mais c’est également un lieu unique à Java, terre des Tengger, derniers descendants du royaume Majapahit. A l’écart de l’islamisation, du fait de leur situation isolée dans les montagnes, le peuple Tengger pratique aujourd’hui encore l’hindouisme javanais, teinté de croyances traditionnelles animistes.

Une découverte aussi bien pour les Européens qui arrivent en terre inconnue que les Indonésiens qui, pour la plupart, connaissent peu la singularité du lieu. “Je suis originaire de la région du Bromo explique Dhofar, 20 ans, étudiant à l’Institut Seni de Jogjakarta. Mais j’ai appris de nouvelles choses, par exemple qu’on y pratiquait aussi le jathilan, la danse des possédés." Dhofar lui a choisi de raconter le quotidien de «Mas Roni» (monsieur Roni), un barista handicapé, qui veut valoriser le café qui pousse sur les pentes du Bromo. Les thèmes sont variés, les approches aussi.

Le français Thomas Pringault a choisi de travailler sur la relation qui unit les Tengger aux chevaux, utilisés principalement aujourd’hui pour transporter les touristes. “En France, lorsque je préparais mon sujet, j’ai idéalisé ce rapport entre l’homme et l'animal", reconnaît Thomas Pringault. Une fois sur place, la réalité est toute autre. Les chevaux étaient enfermés dans des petits espaces sombres. Grâce aux échanges quotidiens, non seulement avec les autres étudiants mais aussi avec les quatre formateurs, il reprend confiance en lui et affine son projet. “Sans blâmer ni cautionner, j’ai finalement pris le parti de montrer cette ambiguïté entre violence et affection dans le relation aux chevaux du peuple Tengger", explique Thomas Pringault.

 

@Thomas Pringault
@Thomas Pringault

 

“C’était intense et inoubliable" reconnait Lola Cacciarella. "En moins de 15 jours, nous avons découvert des personnes d’horizons différents, un nouveau territoire, une nouvelle culture et réalisé surtout qu’on peut très bien se comprendre sans parler la même langue". Pour la jeune femme de 23 ans, cette résidence lui a aussi permis d’avancer sur sa réflexion photographique. “Et si finalement, la photo n’était qu’une excuse pour se rassembler et se connaître, se retrouver,  construire des histoires et s’en raconter les uns aux autres ?”  s’interroge-t-elle.

Des histoires qui seront exposées à l’école des Gobelins à partir du 9 novembre et jusqu’au 8 décembre 2023 et à la biennale Jatim, de l’Est de Java du 11 au 21 novembre 2023.

“C’est une très belle aventure explique Jérome Jéhel professeur au département photographie des Gobelins. Voir des jeunes de 20 ans, d’horizons et de cultures différentes, prêts pour échanger et créer ensemble, cela donne de l’espoir”.

 

En savoir plus

Exposition photo “We Come Seeking in the Burning Summer”

  • Dates : 11 – 21 Novembre 2023
  • Vernissage : Samedi 11 Novembre à 15h00
  • Adresse : Rumah Budaya Malik Ibrahim, Sidoarjo – Jawa Timur

 

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