Indonésie, pays des volcans avec ses 700 « Gunung api », montagnes de feu. Ils s'escaladent, se découvrent et surtout se méritent. Parmi les plus célèbres, le Merapi à Java centre, au nord de la ville de Yogyakarta. Il est considéré comme le plus actif et le plus dangereux d'Indonésie. Sa dernière éruption remonte à avril 2014. Il culmine à 2900 mètres. Notre « envoyée spéciale » a gravi ses célèbres pentes abruptes de cendres et atteint son dôme de lave. Elle nous raconte son aventure.
Il est 21H, l'heure de la préparation physique et mentale. Nous enfilons le pantalon de trek, les chaussettes en laine, le tee-shirt "respirant" et les chaussures de randonnée. Les sacs à dos sont prêts : gants, bonnet, écharpe, pull, tee-shirt de rechange, eau, barres énergétiques, bananes, amandes, appareil photo et caméra Go-pro. Nous nous lançons donc pour une randonnée pas comme les autres. Cela commence par trois heures de voiture assez chaotiques avec des routes impraticables qui nous empêchent de nous reposer.
Une fois arrivés au point de départ, il fait très frais et la doudoune est la bienvenue. Nous débutons la montée à minuit et demi, dans le noir et l'excitation de l'inconnu, nos lampes frontales comme uniques sources de lumière.
Les deux premières heures de montée se font facilement, il y a des "campements" le long de la montée où les guides s'arrêtent pour nous laisser boire et faire une pause. Nous ne nous sommes pas arrêtés pour ne pas nous refroidir. Nous voici déjà au pied du cratère et il nous reste une heure de marche seulement. Si on démarre l'ascension du dôme tout de suite, on atteindra le sommet à 4h du matin avec le risque d'avoir très froid en attendant le lever de soleil. Décision est prise d'attendre à l'abri du vent.
Des conditions qui mettent le corps et l'esprit à l'épreuve
A 4h nous repartons, un peu fourbus de nous être arrêtés mais le coeur plein d'adrénaline pour la montée finale. Ce fut la partie la plus éprouvante de la montée: la cendre nous empêchait d'avancer, le vent nous maltraitait et le sentier escarpé suspendu au cratère nous a un peu apeuré. Les dernières 20 minutes furent de la pure escalade et nous étions soulagés d'arriver au sommet; nous étions les premiers. Et nous
avons été pleinement récompensés de ne pas avoir dormi, d'avoir mis nos corps et esprits à l'épreuve. Nous sommes seuls au monde, l'infini nous entoure, le monde nous appartient. Les lumières de l'aube pointent à l'horizon et nous savourons un spectacle de lumières roses, violacées, oranges et rouges jusqu'à ce que finalement le soleil se lève, une heure plus tard.Après avoir fait le plein de photos et un bon petit-déjeuner, c'est le moment de songer à la descente, mais nos muscles ont refroidi et la fatigue se fait sentir. La descente est forte en sensations : difficulté physique, peur de tomber tant la pente est raide, émerveillement devant tant de beauté spectaculaire ! Les plus courageux descendent le cratère debout, les autres se font passer pour des drôles d'animaux, les pieds en avant et les mains pour se retenir de tomber. Après le paysage désertique et tourmenté du sommet, le plateau nous offre une vue à 180° sur le cratère. Et de l'autre côté nous découvrons le voisin du Merapi, le volcan Merbabu, qui annonce peut-être une future randonnée. Nous avons mal aux cuisses, aux genoux et nous sommes épuisés. Mais tous nous brillons de cette lumière de réussite, d'épanouissement et d'auto-satisfaction. On a fait le Merapi et on le refera !
Laura Walter (www.lepetitjournal.com/jakarta) jeudi 1er décembre 2016
INFOS PRATIQUESTarif (à titre indicatif) : Groupe : RP 450 000 minimum par personne Individuel : RP 550 000 minimum par personne Ces tarifs incluent le chauffeur + essence + entrée du parc + guide. Prévoir une lampe frontale et les piles car ils n'en fournissent pas toujours ainsi qu'un coupe-ventContact de chauffeur sur Yogjakarta qui peut organiser l'ascension avec un guide : Pak Gogon 0813 92 44 10 81 (indonesian speaker).