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Confinement - Témoignages : un chercheur et un couple de voyageurs

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La rue Saint-Louis à Pondichéry vide - Anthony Goreau-Ponceaud
Écrit par lepetitjournal.com Bombay
Publié le 12 avril 2020, mis à jour le 19 décembre 2023

Afin d'appréhender les impacts du confinement en Inde sur les Français y résidant, mais aussi en vue de favoriser le partager au sein de la communauté, la rédaction vous propose chaque jour un ou deux témoignages de personnes aux profils divers.

 

 

Aujourd’hui, nous relayons deux longs récits publiés sur d’autres plateformes : un chercheur français travaillant à l’Institut Français de Pondichéry et confiné dans cette ville depuis le 25 mars et un couple de voyageurs au long cours (partis de France depuis six ans) qui ont quitté l’Inde précipitamment juste avant la fermeture des frontières. Deux témoignages presque opposés qui donnent un aperçu de l’impact très différent de ce confinement en fonction de la situation et de la position des étrangers dans le pays.

Les propos de ces témoignages n’appartiennent qu’à leurs auteurs et ne reflètent pas le vécu ou les opinions de la rédaction. Ils dépendent de chaque situation particulière vécue par les protagonistes, leurs ressentis à ce moment là, dans des situations parfois angoissantes, et ne doivent pas être généralisés.

Il y a autant d’opinions que d’histoires vécues : nous essayons de rendre compte de la pluralité des voix en cette période inédite.


 

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Le front de mer de Pondichéry déserté - Anthony Goreau-Ponceaud

 

Anthony Goreau-Ponceaud : Un confiné parmi d’autres à Pondichéry

“Le mardi 17 mars, après une réunion d’équipe se déroulant durant une bonne partie de la matinée, le directeur de l’Institut Français de Pondichéry (où j’effectue ma délégation CNRS depuis décembre 2018, après une arrivée tardive), Frédéric Landy, prend la décision de fermer l’Institut et nous encourage à rester confinés au sein de notre domicile et à nous organiser au mieux pour effectuer nos tâches en télétravail. Cette décision est accueillie avec soulagement par certains, et pour d’autres c’est surtout la surprise et l’étonnement qui dominent leurs émotions car rien ne semble indiquer une quelconque situation de crise côté indien.

Il est vrai que le nombre de cas est très faible. Certain que le virus ne peut être qu’apporté de l’extérieur, le pays a adopté des mesures visant à se protéger de cette menace pensée comme étrangère et importée. L’Inde ne délivre plus de visa à la plupart des ressortissants étrangers provenant des pays dits à risques et ferme progressivement ses frontières. En quelques jours, à l’instar de ce qui a pu se dérouler dans d’autres pays, tout va très vite s’accélérer, avec souvent une extrême brutalité dans la mise en place des mesures d’exception.

Cette situation de confinement recommandée par l’institution met les nerfs à rude épreuve, il est parfois difficile de trouver le sommeil, de se concentrer. Je pense naïvement que je vais pouvoir m’y habituer et m’inventer, me créer une nouvelle routine. Cela semble tout de même bien illusoire car je suis inquiet pour ma femme et mon fils rentrés en France depuis janvier. Cette situation a pour seul intérêt de révéler un nouveau rapport au temps. Ce dernier s’étire terriblement, devient élastique, parfois trop et on souhaiterait que les journées avancent plus vite. Le temps est un robinet mal fermé : les gouttes des heures. Cette pandémie va certainement stopper ou tout au moins ralentir les choix de mobilités de ceux qui mènent une vie à coups de gouvernail entre deux mondes en suspens, deux ailleurs. Ce récit tente de rendre compte de mon expérience en suivant un fil chronologique. Il est forcément imparfait, profondément subjectif et lacunaire. J’ai pris le choix d’écrire ce récit au présent.

Un temps de l’incertitude propice aux rumeurs…”

La suite sur le site lamenparle, l'actualité vue par les chercheurs du LAM 

Anthony Goreau-Ponceaud est Géographe et maître de conférences à l’Université de Bordeaux, en délégation CNRS à l'Institut Français de Pondichéry depuis décembre 2018. (Ce texte fait partie d’un ensemble de témoignages des chercheurs du LAM diffusés sur la lettre spéciale du laboratoire : “LAM au temps du corona”.)


 

*****

Marion et Brice sont un couple de Français partis de France il y a six ans pour voyager à travers d’Europe et l’Asie. La dernière fois qu’ils ont mis le pied en France c’était il y a deux ans. Ils ont parcouru l’Inde du nord au sud pendant treize mois, par intermittence, avant de quitter le pays précipitamment juste avant la fermeture des frontières.

 

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L’aéroport de Mumbai désert - en-bourlingue.com

 

Marion et Brice : La fuite précipitée

Extrait : "Nous avons entendu parler assez tôt du Covid19, encore sous le nom de Coronavirus. Certains ne s’intéressaient que peu à ce dernier, qui touchait pourtant de façon intensive et incontrôlée toute la province du Hubei puis de la Chine.[..] C’est quand le virus frappa l’Iran violemment, puis l’Italie, que nous avons commencé à nous sentir plus concernés.

Néanmoins, de notre point de vue extérieur, et depuis le territoire indien, tout cela nous semblait bien loin.

En effet, l’Inde, du fait de ses piètres relations diplomatiques avec l’ennemi chinois, n’avait alors que peu de cas. Tandis qu’en France le bilan augmentait, et les premiers décès rendaient le virus plus tangible. Puis tout s’est précipité pour nous aussi. [...]

En deux semaines, le virus fait clairement les gros titres de nos fils d’actualité, et la propagation en Europe apparaît dans les journaux indiens encore partagés entre la crise politique et les manifestations du NCR-CAA.[...] C’était sept jours avant notre “fuite”.

Nous partons pour Trichy, grosse ville du Tamil Nadu, mais avec toujours en tête, l’idée de rejoindre la côte.

Nous estimons, naïvement, que la propagation ne commencerait pas en Inde avant 10 ou 15 jours, nous laissant suffisamment de temps pour terminer notre tour du Tamil Nadu et remonter la côte du Kerala, pour trouver refuge à Kannur. Le plan semble idéal.

En arrivant à Trichy, Kartik, notre hôte bien éduqué et informé, nous accueille les bras ouverts mais pragmatique. Il nous indique où se trouve le pot de gel hydroalcoolique dès que nous passons le pas de la porte : il y a eu un premier cas de Covid19 dans la ville.[...]

La marge de détente de deux semaines que nous nous étions octroyés fond comme neige au soleil du Tamil Nadu – il fait 38°C ici.

Une nouvelle journée de réflexion, d’aller-retour chez Air India, au supermarché pour quelques victuailles et à la gare, et nous trouvons surprenamment deux places dans le train de nuit hebdomadaire qui relie Trichy à Kannur dans la soirée. Ah nous serons bien chez Ranjit ! La plage déserte, les oiseaux qui virevoltent entre les palmes, les cormorans qui plongent dans la mangrove, les crabes qui creusent le sable, le silence, l’isolement, la quiétude du lieu nous confirment que c’est la bonne décision.

Par cette diagonale tracée en travers du Sud du sous-continent, nous mettons en suspens notre voyage en Inde. [...]

Ranjit, notre hôte, n’est pas rassuré de nous savoir chez lui. Si on pensait initialement que c’est à cause des problèmes sanitaires que nous représentons, nous comprenons plus tard que nous pourrions surtout lui apporter pas mal d’ennuis.[...] Ranjit chasse des groupes d’hommes qui s’installent devant notre auberge, inquiets de notre présence, tandis qu’ils partagent leurs cigarettes, se tiennent la main ou jouent sur la plage.[...]

Nous ne nous sentons plus du tout en sécurité et prenons conscience qu’il nous faut quitter la région au plus vite. Le soir même, il y a un vol pour Mumbai. Nous décidons de le prendre [...]. Lors de la longue attente dans l’aérogare, on réalise que rester à Bombay n’est pas la meilleure solution. Thaïlande, Corée, Singapour, Japon ? Nous privilégions dorénavant des pays hygiénistes, plutôt que ceux où nous pourrions nous isoler. Nous pensons même à pousser encore un peu plus loin. [...]

 

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Panneaux d’information sanitaire sur la route de l'aéroport de Mumbai - en-bourlingue.com

 

Le post complet sur le blog de Marion et Brice en-bourlingue.com

 

La rédaction vous donne rendez-vous demain pour les prochains témoignages. N'hésitez pas à nous envoyer le vôtre si vous souhaitez le partager (bombay@lepetitjournal.com).


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