La campagne de vaccination massive contre la Covid-19 a commencé simultanément dans tous les États et territoires de l’Inde le 16 janvier 2021. Mais, un mois plus tard, le rythme de vaccination est encore lent. Si en chiffres globaux, l’Inde est le deuxième pays au monde en nombre de personnes vaccinées, le pourcentage de la population qui est déjà vaccinée est encore faible et est inférieur à ce qui avait été prévu. Or, l’Inde ne manque pas de doses de vaccins comme c’est le cas en Europe, puisque le pays dispose de deux vaccins qui ont été approuvés par les autorités sanitaires locales et sont fabriqués sur place : le Covishield développé par l'université d’Oxford et Astra Zeneca et le Covaxin, développé localement.
Un rythme de vaccination plus lent que prévu
Le 22 février, après 38 jours de campagne, lors d’une conférence de presse, le ministre de la Santé indiquait qu’un peu plus de onze millions de personnes avaient déjà reçu au moins une dose d’un des deux vaccins.
Cependant, afin de ralentir la propagation du virus, il est important qu'une majorité de personnes soient vaccinées le plus rapidement possible. Au 23 février 2021, l’Inde a un rythme bien plus lent que les pays les plus actifs pour la vaccination :
- Inde - 0,83 injections pour 100 personnes
- Israel - 87,03
- Royaume Uni - 27,03
- Etats-Unis : 19,19
Si le gouvernement espère toujours atteindre les objectifs de la campagne, soit 300 millions de personnes vaccinées en 6 mois, il va falloir qu’il trouve des solutions pour accélérer le rythme de vaccination.
L'Inde a l'expérience de la vaccination de masse : selon le Times of India, chaque dimanche ou presque, 170 millions d'enfants sont vaccinés contre la polio. Même si le vaccin antipoliomyélitique est administré par voie orale et uniquement aux enfants, son succès témoigne de l'efficacité des structures mises en place pour cette vaccination.
Une campagne contrôlée au niveau national
La campagne de vaccination contre la Covid-19 a été définie par le gouvernement national. Les personnes considérées comme prioritaires doivent s’enregistrer via un programme informatique, le COWIN qui a eu quelques soucis au démarrage.
Les Etats sont chargés de la mise en application qui, aujourd'hui est majoritairement concentrée sur les établissements de santé publics (sur les 10 000 établissements qui pratiquent la vaccination, seuls 2 000 sont privés).
La vaccination est faite sur la base du volontariat et a commencé par le personnel de santé. Depuis le 1er février, elle est ouverte aux personnes travaillant dans les services de première nécessité.
Les experts en santé publique et les médecins locaux appellent à une décentralisation sur le terrain de la vaccination et à un accès au vaccin pour une plus grande tranche de population.
Afin d'accélérer le rythme de vaccination et comme les doses ne manquent pas, le gouvernement a annoncé le 24 février qu'à partir du 1er mars 2021, tous les citoyens de plus de 60 ans et ceux de plus de 45 ans souffrant de comorbidités pourront se faire vacciner gratuitement dans les centres de vaccination publics ou à leurs frais dans les hôpitaux privés.
Remontée du nombre de nouveaux cas dans 6 Etats
Le gouvernement est de plus confronté à un nouveau souci. Alors que le nombre de nouveaux cas a diminué régulièrement depuis le pic de septembre 2020 dans l’ensemble du pays, 6 Etats ont enregistré une hausse de plus de 10 % des nouveaux cas journaliers durant la troisième semaine de février : le Maharashtra (81 %), le Madhya Pradesh (43 %), le Pendjab (31 %), le territoire du Jammu et Cachemire (22 %), le Chhattisgarh (13 %) et l'Haryana (11 %).
Face à ce potentiel nouveau pic, de nombreux experts en santé publique plaident pour une intensification de la vaccination et l'élargissement de la vaccination au secteur de santé privé.