La saison des pèlerinages a débuté dans le Kerala depuis le 17 novembre et pour une durée de deux mois environ. 10 000 policiers sont déployés autour du Temple de Sabarimala, au Sud de l’Etat. Mais pourquoi une telle sécurité accrue ?
Un lieu de pèlerinage très réputé et fréquenté
Le temple de Sabarimala est un lieu sacré situé au sommet d’une colline, à 1260 m d’altitude. Il n’est ouvert que quelques mois par an et fréquenté principalement en décembre et janvier. Une préparation de 40 jours est nécessaire, pendant laquelle se conjuguent abstinence sexuelle, abstinence d’alcool et de tabac et, bien entendu, une pratique religieuse assidue. Des pélerins vivent même plusieurs jours ou semaines pieds nus pour « entraîner leurs pieds » pour la longue marche.
Selon les estimations, le Temple voit passer près de 100 millions de pèlerins chaque année. Jusqu’à récemment, ce pèlerinage hindou n’était autorisé qu’aux hommes, aux femmes prépubères ou ménopausées et donc interdits aux femmes en âge et capacité de procréer. Pourquoi une telle interdiction ? Tout viendrait d’une croyance selon laquelle une femme fertile pourrait distraire Ayyappa, Dieu vénéré dans ce lieu, qui a fait serment de célibat. Et les dirigeants religieux du Temple sont très stricts là-dessus. Rappelons aussi qu’il est encore courant de penser en Inde qu’une femme menstruée est impure.
Des risques de tensions aux abords du Temple
En septembre 2018, une décision de la Cour suprême lève cette interdiction, ce qui a provoqué des manifestations dans tout le Kerala ; divers groupes ont demandé que l'interdiction soit rétablie et des contre-protestations ont également été organisées. En octobre de la même année, deux femmes ont été attaquées par des jets de pierre alors qu’elles étaient sous la protection de la police. Elles n’ont finalement pas pu y accéder. En novembre 2018, ce sont 14 femmes qui ont été stoppées par des manifestants au pied de la colline. Les policiers chargés de leur protection ont tenté une médiation sans y parvenir. Pour dénoncer cette situation, des dizaines de milliers de femmes de différentes régions du Kerala se sont rassemblées en janvier 2019 sur les autoroutes nationales pour former une chaîne humaine longue de 620 kilomètres. Elles étaient trois millions selon les organisateurs. Et finalement, au-delà de la question de l’entrée du Temple, c’est le combat pour l’égalité hommes-femmes qui est ressorti de cette manifestation pacifique et impressionnante.
Où en est la situation aujourd’hui ? L'actuel président de la Cour suprême devant prendre sa retraite le 17 novembre, son successeur doit rapidement constituer un tribunal pour statuer sur la question de l'entrée au temple. Mais, étant donné que la Cour suprême n'a pas suspendu son verdict antérieur, les femmes peuvent toujours entrer dans le temple. Face à la situation floue, toute tentative peut susciter des protestations plus ou moins pacifiques et incontrôlées. Passants ou voyageurs, soyez très vigilants.