Les femmes enceintes travaillant sous de fortes chaleurs sont plus susceptibles de faire une fausse couche ou d'accoucher d'un enfant mort-né. Cette étude menée par l'Institut d'Enseignement Supérieur et de Recherche Sri Ramachandra (SRIHER) à Chennai a débuté en 2017 et plus de 800 femmes y ont participé.
Les chaleurs extrêmes peuvent doubler le risque de fausses couches et d'enfants mort-nés
Selon une étude récente, le fait de travailler dans des conditions de chaleur extrême peut doubler le risque de mortinatalité et de fausse couche chez les femmes enceintes. Ce ratio est donc nettement plus élevé que les 15 % mentionnés dans les études antérieures menées en Australie et aux États-Unis.
Aujourd'hui, le taux d'enfants mort-nés en Inde concerne 1.22% des naissances contre 0.31% en France et 0.29% en Belgique.
Sur les 800 participantes, près de la moitié avaient un emploi où elles étaient exposées à des niveaux élevés de chaleur, tels que l'agriculture, les fours à briques et les salines. Les autres travaillaient dans des environnements plus froids, comme les écoles et les hôpitaux, mais pouvaient également être exposées à des niveaux très élevés de chaleur.
Selon la professeure Jane Hirst, l'une des scientifiques associées à la recherche, il n'existe pas de seuil universel définissant une température jugée "trop" élevée : l'impact de la chaleur sur le corps humain dépend largement de la différence entre la chaleur à laquelle nous sommes habitués et celle à laquelle notre corps est habitué.
Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé ce qu'on appelle la "température globe humide" (WBGT), qui mesure les effets de la température, de l'humidité, de la vitesse du vent et de la chaleur radiante sur le corps humain. Les lectures WBGT sont souvent plus basses que les températures que vous pourriez voir annoncées à la météo. Selon l'Administration de la sécurité et de la santé au travail des États-Unis, le seuil de chaleur sécuritaire pour les personnes effectuant un travail intense est de 27,5 °C WBGT.
Un problème universel
Selon les dernières données, la température moyenne de la Terre devrait augmenter de 3 °C d'ici la fin du siècle, une catastrophe qui selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) représente une "menace existentielle pour nous tous", les femmes enceintes étant confrontées à "certaines des conséquences les plus graves".
Et selon une étude récente de l'Université de Cambridge, l'Inde devrait devenir l'un des premiers pays au monde où les températures dépasseront la limite de sécurité pour les personnes en bonne santé même à l'ombre.
Pour la Pr. Jane Hirst, s'il est vrai que les femmes enceintes en Inde sont "à l'avant-garde de l'expérience du changement climatique", des étés plus chauds peuvent affecter également les femmes de pays comme le Royaume-Uni ou la France, donnant un intérêt universel à cette étude.
Des conseils pour protéger les femmes enceintes
Les chercheurs souhaitent que les femmes enceintes du monde entier travaillant sous de fortes chaleurs puissent bénéficier de conseils de santé spécifiques.
Le professeur Vidhya Venugopal, membre de la faculté de santé publique du SRIHER et directeur de la recherche menée en Inde, recommande aux femmes enceintes confrontées à des conditions de forte chaleur de se protéger en :
- Évitant les périodes prolongées dans la chaleur ;
- Prenant des pauses régulières à l'ombre si elles travaillent à l'extérieur par temps chaud ;
- Évitant de faire de l'exercice ou de bronzer pendant de longues périodes et notamment au moment le plus chaud de la journée ;
- Restant hydratées avec de l'eau.