Hier, la pollution à Delhi atteignait de nouveau un niveau dangereux : l’application AQI relevait 662 à l'ambassade américaine de Delhi et jusqu’à 1962 à certains endroits. Pour tenter de remédier à la situation, le gouvernement de Delhi a donné son accord pour tester le cloud seeding ou ensemencement des nuages. On vous explique comment cela fonctionne.


L’ensemencement des nuages : une pluie venue du ciel… Pas tout à fait naturelle
Contrairement à une idée reçue, l’ensemencement des nuages ou cloud seeding en anglais ne crée pas de nuages. Il agit uniquement sur ceux déjà présents dans l’atmosphère. Le principe est relativement simple : des substances chimiques, le plus souvent de l’iodure d’argent ou du dioxyde de carbone solide (glace carbonique) sont introduites dans les nuages, généralement à l’aide d’avions voir de fusées.
Ces particules jouent le rôle de noyaux de condensation : elles attirent l’humidité contenue dans le nuage, qui se condense autour d’elles pour former de grosses gouttes d’eau. Une fois assez lourdes, ces gouttes tombent au sol sous forme de pluie.
Une technologie aux multiples usages
L’ensemencement des nuages n’est pas une nouveauté. Utilisée depuis le milieu du XXe siècle, cette technique a trouvé diverses applications :
- Lutte contre la sécheresse, en particulier dans les régions agricoles,
- Renforcement des réserves d’eau dans les barrages ou les nappes phréatiques,
- Réduction de la pollution atmosphérique, en "lavant" l’air,
- Préparation d’événements importants, comme les Jeux olympiques de Pékin, où des nuages ont été dispersés pour garantir un ciel dégagé,
- Réduction des risques de grêle ou amélioration de la qualité de la neige dans les stations de ski.
L’ensemencement à Delhi
Dans un nouvel effort pour tacler la pollution de l’air à Delhi, le gouvernement local et l’Institut indien de technologie (IIT) de Kanpur se sont accordés sur 5 sites pour essayer l’ensemencement. Ce nouveau projet a reçu l’approbation du Cabinet de Delhi le 7 mai, avec un budget total d’environ 379.000 euros (₹3.41 crore) dont €310.000 (2.75 crores inr) pour les essais et environ 70.000 euros (66 lakh inr) pour la logistique préparatoire et l’étalonnage de l’équipement.
En 2023, l’expérience avait été tentée puis abandonnée en raison de conditions météorologiques défavorables et de retards dans son approbation. Avant le lancement, le gouvernement de Delhi doit obtenir des certificats de non-objection auprès de 13 agences, dont la Direction générale de l’aviation civile (DGCA), l’Autorité aéroportuaire indienne (AAI) ou encore le ministère de la défense.
Cette année, les tentatives d’ensemencement devraient se produire fin mai ou début juin.
Cette fois-ci deux avions seront mobilisés pour injecter des produits chimiques, principalement de l’iodure d’argent, dans des nuages déjà présents au-dessus de la région. Les opérations ne seront menées qu’à la périphérie de la ville.
"L’idée est de faire des essais dans des endroits où il y a beaucoup de nuages et suffisamment d’humidité. Par conséquent, il n’est pas possible de fixer des emplacements », a déclaré Mahindra Agarwal de l’IIT Kanpur au Hindustan Times (HT).
Cependant, les experts restent prudents. « Ce n’est pas une solution miracle », rappelle un climatologue de l’IIT. « Elle dépend des conditions météo : s’il n’y a pas de nuages ou pas assez d’humidité, cela ne fonctionne pas. »
De plus, l’impact environnemental à long terme de ces produits chimiques fait débat. Si les quantités utilisées sont faibles, certains scientifiques appellent à davantage d’études sur les effets secondaires possibles sur la santé et les écosystèmes.
Tous s’accordent à dire que cela ne remplace pas des mesures structurelles : réduction des émissions industrielles, contrôle du trafic automobile, limitation des brûlis agricoles, etc. Cette semaine ce sont les fermiers brûlant les résidus de récoltes associés au vent du Nord qui ont entraîné ces pics de pollution.
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