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Que sont devenus les Français élevés à Hong Kong ?

Beaucoup de jeunes Français de Hong Kong du Lycée Français International sont aujourd'hui repartis pour une autre expatriation ou pour les études. Que deviennent-ils ? Qu'ont-ils gardé de ces années ? Quel impact a eu Hong Kong dans leur construction ? Nous avons discuté avec 3 anciens, Edouard, qui a vécu ici entre 9 et 12 ans, Jacques, de ses 11 a 16 ans, et Baptiste, de ses 6 à 14 ans.

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Edouard, Baptiste et Jacques, anciens élèves du Lycée Français de Hong Kong
Écrit par Iris Martet
Publié le 21 février 2024, mis à jour le 24 février 2024

Une vie de rêve pour un enfant de cet âge-là

Comment était votre vie à Hong Kong ?

Edouard : Pour moi, en tant qu’enfant à cette époque, la vie était plutôt “easy-going”. Les jours d’école, le bus venait nous chercher, moi et mes frères, devant chez nous et nous emmenait directement au Lycée Français. Nous habitions dans une résidence privée avec une piscine, où l’on pouvait aller après avoir fait nos devoirs l’après-midi. Les week-ends, c’était plage, day-trip en bateau, etc. De temps en temps, on allait aussi au centre-ville, mais c’était plus rare. Et régulièrement des “play-dates” et “sleepovers” chez mes amis qui habitaient dans la même résidence que moi.

Jacques : Une vie de rêve pour un enfant de cet âge-là. La mer n'était pas trop loin de là où on habitait, et nous avions dans la résidence une piscine. J'allais au lycée Français d'Hong Kong, qui était bien placé et avec des gens sympas.

Baptiste : La vie était très calme. Les quartiers étaient très rapprochés de la nature. J'y ai passé toute ma scolarité jusqu'au milieu du collège, et j'ai donc grandi avec une culture franco-asiatique qui s'appliquait presque dans tous les recoins de ma vie. J'étais élève au Lycée Français qui mixait le curriculum français avec des options de mandarin. J'ai participé à des clubs sportifs à la fois au lycée, mais également au South China Club pour faire de l'escrime et de la natation.

Aviez-vous une adresse, une enseigne fétiche, comme une madeleine de Proust ?

Edouard : J'ai passé tellement de temps à Stanley Plaza, et dans Stanley en général. Il y avait quelques enseignes dans lesquelles nous allions souvent avec ma famille : le Stan Café, fermé depuis, pour un peu de nostalgie française et du bon pain, le restaurant Saigon qui a aussi fermé la dernière année où nous étions à Hong Kong, mais que nous aimions beaucoup.

Jacques : Je dirais le Stanley Market. C’est un peu cliché, mais nous y allions fréquemment, car nous habitions à côté et il y avait plein de petits trucs sympas à acheter.

Baptiste : J'étais particulièrement investi, lorsque j'étais enfant, dans les quartiers de marchés de contrefaçons comme celui de Stanley, Wan Chai ou Sham Shui Po pour y trouver des Legos, et plus tard trouver des habits ou des sacs ainsi que plein de gadgets.

Hong Kong m'a façonné 

Avec le recul, avez-vous apprécié votre expérience à Hong Kong ?

Edouard : Je dirais qu’avec le recul, je suis déçu d’y avoir vécu en étant si jeune. Je n’avais pas encore conscience de la chance que j’avais et j’ai la sensation aujourd’hui de ne pas avoir tant découvert. Disons que je suis beaucoup resté au sein de la communauté française, ce que le timide de CE2 que j'étais appréciait plutôt bien, mais que je regrette un peu aujourd'hui. Avec recul, je ne peux pas m’empêcher d’avoir aussi un regard critique sur ces années de ma vie : avoir pris l’avion pour chacune de mes vacances, sans me soucier du climat, et ne pas avoir conscience de la chance que cette vie représentait à l’époque. J’en garde tout de même de très bons souvenirs avec une vie où tous les jours ressemblaient un peu aux vacances.

Jacques : Énormément oui. L’endroit est vraiment top, en plus j’ai eu la chance de connaître Hong Kong avant la pandémie et les manifestations. Le paysage et les activités qu’il y avait à faire surtout à l’âge où j'y étais font que j’ai bien profité et que j’ai adoré l’endroit.

Baptiste : J'ai beaucoup apprécié mon expérience à Hong Kong. Avec du recul, c'est une ville qui m'a façonné comme toutes les personnes qui y ont passé un certain temps. Je pense que cette expérience m'a permis de m'ouvrir sur énormément de sujets et d'apprécier ce que l'inconnu avait à m'offrir.

Je met Hong Kong en tête des expatriations sans hésiter

Avez-vous fait d’autres expatriations ? Quelle place a Hong Kong par rapport aux autres destinations ?

Edouard : J’ai également habité à Londres pendant sept ans au total, trois ans avant de partir à Hong Kong et quatre ans en revenant. Je garde un meilleur souvenir de l’expatriation à Londres de 2016 à 2019 par rapport à Hong Kong, purement parce que j’avais l’âge de vraiment apprécier ce que vivre à l’étranger avait à offrir. Je pense que la proximité de langue (à ce moment-là, j'étais complètement bilingue en anglais), ainsi que la météo certes plus grise, mais plus tempéré ont par ailleurs jouées.

Jacques : Oui, j’ai vécu trois ans en Italie de 2011 à 2014 avant Hong Kong et deux ans à Singapour par la suite. Je mettrai cependant Hong Kong à la première place sans hésiter, car c’est là que j’ai le plus de bons souvenirs.

Baptiste : J'ai aussi habité à Singapour pendant quatre ans, une ville qui en surface ressemble beaucoup à Hong Kong. Je dirai que malgré ma meilleure expérience personnelle à Singapour (en partie due à mon âge), je trouve que Hong Kong, par sa culture et son ambiance très particulière reste la ville la plus agréable à vivre.

Que faites-vous aujourd’hui ?

Edouard : Aujourd’hui, j’étudie les relations internationales et le développement durable à l’Université de Sydney, en double diplôme avec Sciences Po Paris, où j'étais sur le campus du Havre.

Jacques : Je suis en troisième année d’école d’ingénieur informatique à Rennes

Baptiste : Je suis étudiant en Cinéma d'Animation 2D 3D aux Ateliers de Sèvres de Paris

Retournerez-vous à Hong Kong, ou y êtes-vous déjà retourné ?

Edouard : Je n’y suis jamais retourné, à cause de la distance (et, de fait, le coût) et de l’absence de nécessité. Je ne sais pas si j’y retournerai un jour, sauf y être amené dans un cadre professionnel. Les souvenirs de ma mémoire me suffiront, je pense.

Jacques : J’y suis retourné pendant une semaine quand j’étais à Singapour, pour aller voir des amis. Pour ce qui est du futur, j’ai très envie d’y retourner, à voir si ce ne sera que pour visiter ou essayer de trouver un job directement là-bas.

Baptiste : J'y suis retourné plusieurs fois pour voir des amis, mais ne m'y suis pas rendu ces dernières années.

Hong Kong m'a ouvert l'esprit

Finalement, qu'est-ce que Hong Kong vous aura appris ?

Edouard : Ma vie à Hong Kong a joué un rôle dans ma conscience écologique d’aujourd’hui et la volonté de m’engager contre la pollution et dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Jacques : La capacité à s’adapter avant tout. La culture n’est absolument pas la même entre l’Europe et l’Asie, et il faut apprendre à respecter les cultures que l’on ne connaît pas. Ça m’aura également appris à bien parler anglais. Sur un plan culturel, la vie dans un pays aussi différent de la France m’aura permis de forger une plus grande ouverture d’esprit, et une curiosité pour les différents modes de vie du globe.

Baptiste : Hong Kong m'aura beaucoup aidé sur l'ouverture d'esprit non seulement sur un plan personnel, mais pas seulement. C'est une ville qui tire de plusieurs cultures, et en tant que Français, avoir une telle expérience m'a permis de me remettre en question sur des préjugés et sur ma capacité à découvrir une culture complètement différente de la mienne, l'apprécier et y trouver ma place.

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