Le Fanling Golf Course, un des plus anciens terrains de golf de la ville et propriété du Hong Kong Golf Club, doit être détruit pour accueillir près de 12 000 logements sociaux sur 32 hectares, ce qui fait grincer des dents les riches membres du club qui cherchent à préserver leur terrain de jeu. Entre stéréotypes et mutations urbaines, cette affaire est révélatrice d'un Hong Kong qui change.
Le golf de Fanling crystalise les écarts sociaux
Ce lundi 4 septembre, des centaines de Hongkongais découvraient pour la première fois un parc public à Fanling, au nord du territoire de la SAR, bâti sur l'une des sections du plus ancien terrain de golf de la ville. D'autres projets sur ce même terrain sont en cours, notamment une aire réservée aux animaux, des sentiers de randonnée, des parkings publics… mais ce n'est pas tout car le gouvernement envisage aussi la construction de logements sociaux. Depuis que ce nouveau projet est connu, les membres de l'ancien "Royal Hong Kong Golf Club", se mobilisent et tentent de ralentir le plus possible le début de la construction par le gouvernement des 12,000 logements sociaux sur 32 hectares du terrain. Au mois de juillet, les membres du club de golf ont en effet demandé une révision judiciaire de la décision du gouvernement de l'octroi du terrain, partie du réaménagement des Nouveaux Territoires en vue de constituer la Northern Metropolis connectée à Shenzhen.
Des golfeurs écologiques ?
L'Advisory Council on the Environment, une instance officielle du gouvernement chargé de la préservation de l'environnement, avait donné son feu vert pour la construction des logements en mai 2023. Or les golfeurs, si souvent montrés du doigt par les défenseurs de la planète comme gaspilleurs d'eau, critiquent à Fanling l’impact écologique supposé de ce chantier. Selon eux, les travaux mèneraient également à la destruction de nombreux arbres anciens et considérés précieux. Le terrain de golf a été depuis de nombreuses années élu comme l’une des installations les plus respectueuses de l'environnement dans son domaine au World Golf Awards. Le club a par ailleurs pétitionné l'inscription du terrain en tant que qu'héritage culturel de l'Unesco, dans un dernier recours de sauvegarder leur terrain. Depuis, les travaux de ces logements sont suspendus jusqu'à décision de la Cour de Justice. Pourtant, ce projet semble avoir le soutien des Hongkongais. D'après différents sondages gouvernementaux, 60% de la population était favorable à cette décision.
La question épineuse du logement à Hong Kong
La question des logements sociaux ne se limite pas au terrain de golf mais est considérée comme un sujet de “grande inquiétude publique” par le gouvernement. En effet, Hong Kong souffre d'une densité urbaine très élevée, forçant un grand nombre de ses habitants à habiter dans des logements de plus en plus petits. De nombreuses mesures ont été mises en place ces dernières années pour remédier à ce problème et ont été rendues publiques depuis 2020 dans de nombreux rapports et publications gouvernementales. Ces derniers décrivent même une hausse de 60% à 70% de nouveaux logements sociaux construits depuis la dernière décennie. Pourtant un autre projet, Lantau Tomorrow Vision, a aussi fait couler beaucoup d'encre. Il s'agit de la création d'îles artificielles au large de Lantau soit 1,700 hectares pour construire de quoi loger 700 000 à 1 million de personnes, dont 70% seront dans des logements sociaux. A ce jour, le projet est inscrit au budget sans que les premières grues n'aient coulé le moindre carré de béton.
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