Venue à Hong Kong pour une résidence au prestigieux Rosewood, la chanteuse française Mirella Toussaint a vécu plusieurs vies. Née en Guadeloupe, formée au conservatoire, passée par Paris, le Maroc, The Voice France puis la Chine,Venue à Hong Kong, elle incarne l’une de ces Françaises talentueuses dont la trajectoire inspire et surprend et dont la venue à Hong Kong ne nous a pas échappé.


Je n’ai pas découvert la musique : elle était déjà là.
Tu dis que tu es “tombée dans la marmite”. Comment as-tu découvert la musique ?
Je n’ai pas découvert la musique : elle était déjà là. Mon père est professeur de chant, mes parents se sont rencontrés dans la chorale qu’il dirigeait, où chantaient aussi mes oncles, cousins, frères et sœurs. Nous sommes quatre enfants, deux en ont fait leur métier – mon frère et moi – mais tous, nous sommes passés par le conservatoire.
J’ai même essayé de m’en détacher un moment, en me disant que c’était peut-être le rêve de mon père. Mais j’ai vite compris que non : la musique, c’était profondément moi.
Avant Hong Kong, où étais-tu ?
À 18 ans, je quitte la Guadeloupe pour le conservatoire à Paris et je me retrouve à chanter le soir dans un cabaret du Ve, passant du lyrique à la variété — une école de polyvalence. Un gala à Marrakech m’amène ensuite à Casablanca. Je débarque avec cinq chansons (rires), jusqu’à ce qu’une ancienne choriste de Johnny Hallyday me lègue tout son répertoire. En un mois, j’apprends soixante titres et, trois mois plus tard, je deviens directrice artistique. S’ensuivent quatorze ans de scènes, d’hôtels de luxe et de galas. Puis les signaux d’alerte : vertiges, larmes… Mon corps disait stop. J’ai tout quitté du jour au lendemain pour me recentrer — avant que la vie ne m’emmène en Chine, puis à Hong Kong.
The Voice n’a pas “ouvert toutes les portes”
Tu as aussi participé à The Voice France. Comment l’as-tu vécu ?
The Voice en 2016 a été une expérience très forte, même si je ne m’y suis jamais inscrite moi-même. On m’a proposée, et j’ai accepté. J’avais l’habitude de la scène, mais la télévision, c’est autre chose : la pression, l’exposition, les milliers de regards.
Sur le plateau, j’ai ressenti exactement les mêmes émotions que lors de mon premier concert solo, à 9 ans. Le corps a une mémoire incroyable.
Contrairement aux idées reçues, The Voice n’a pas “ouvert toutes les portes” : tous mes contrats après l’émission, je les ai trouvés moi-même. Mais émotionnellement, l’émission m’a repositionnée : elle m’a rappelé qui j’étais, et combien j’avais encore envie d’apprendre.
« Vu ton niveau, il faut que tu ailles en Chine. On a un contact. »
Comment la Chine puis Hong Kong sont entrés dans ta vie ?
Par le réseau, toujours. Des artistes rencontrés au Maroc me disent : « Vu ton niveau, il faut que tu ailles en Chine. On a un contact. »
Je pars donc pour un contrat de six mois en Chine. Puis arrivent des propositions à Dubaï, venues de personnes qui m’avaient vue sur scène au Maroc et qui gardaient une vidéo de moi depuis des années.
Ce qui est drôle, c’est que je ne suis pas une “networkeuse” classique : je travaille et je rentre chez moi, je ne reste pas forcément boire un verre après. Pourtant, les contrats continuent de me trouver. On m’écrit : « Je t’ai vue il y a trois ans à tel endroit. J’ai gardé ta vidéo. Je t’appellerai le jour où j’aurai un contrat digne de toi. » Puis un saxophoniste canadien avec qui j’avais travaillé au Maroc, revenu à Hong Kong, m’appelle pendant quatre mois : « Mirella, il faut que tu viennes, tu vas adorer les musiciens ici. » J’ai dis non : je veux me concentrer sur mon EP L’anmityé que j’ai écrit, composé et produit. Et puis un jour, j’ai dit oui. Finalement, je crois que c’est simplement l’univers qui m’a amenée ici.
Dis nous en plus sur Hong Kong, qu’est-ce que tu as aimé en arrivant ?
D’abord, le climat : humide, tropical, presque identique à celui de la Guadeloupe. Ensuite, la géographie : Hong Kong est un archipel, et en découvrant Lamma Island, j’ai immédiatement pensé aux Saintes — pas de voitures, de vélos, la même végétation, les mêmes fleurs, les mêmes fruits. La première fois que je suis venue en Chine il y a huit ans, j’avais déjà eu ce sentiment étrange mais agréable d’être “à la maison”. C’est magnifique de voir qu’à des milliers de kilomètres, des cultures qu’on imagine opposées se ressemblent autant. Et puis, mon arrivée ici a été royale, il n’y a pas d’autre mot : voiture élégante, bouquet de fleurs, champagne, chocolat, un mot de l’hôtel et un autre de l’équipe artistique. Aujourd'hui, je chante au DarkSide, du mardi au samedi pour vivre une soirée de live dans un cadre exceptionnel, c’est définitivement là qu’il faut venir !
Quand je monte sur scène à Hong Kong, j'amène ma culture.
En tant que Française de Guadeloupe, qu’est-ce que ça te fait de représenter ton parcours ici, à Hong Kong ?
C’est une immense fierté. Quand je monte sur scène à Hong Kong, je n’arrive pas seule : il y a la Guadeloupe, la France, mes années au Maroc, toutes les personnes qui m’ont portée. Les Outre-mer sont encore mal connus. Partager cette richesse avec un public international, dans une ville comme Hong Kong, c’est un privilège. Et j’espère que ça donnera envie à d’autres Français, d’ici ou d’ailleurs, d’oser sortir de leur zone de confort.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut réussir tout en restant fidèle à soi ?
J’en ai deux : d’abord, ne pas avoir peur de l’échec. L’échec est un ingrédient essentiel du succès. On veut souvent l’éviter, mais c’est en y allant qu’on apprend le plus. Dans l’échec, on découvre énormément de choses sur soi, et quand on recommence, on ne repart jamais vraiment de zéro. Et puis être curieux. Curieux de soi, curieux des autres. Aller vers les cultures, les regards, les façons de penser qui ne sont pas les nôtres. Ne pas avoir peur de se questionner, de se découvrir autrement.
Et quels sont tes projets pour la suite ?
Pour l’instant, je me concentre surtout sur la visibilité de mon EP L’anmityé, disponible sur toutes les plateformes et en CD. Je poursuis également mon travail de coach vocale — même si mon emploi du temps ne me permet pas d’accueillir beaucoup de nouveaux élèves pour le moment. En parallèle, je m’occupe aussi de booking d’artistes et de l’organisation d’événements internationaux. Pour suivre mon actualité ou me contacter, il suffit de me retrouver sur Instagram, Facebook ou YouTube, sous mon nom : Mirella Toussaint.
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