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Le mouvement des parapluies ne veut pas tomber dans l'oubli

Joshua Wong, mouvement des parapluies, umbrella, hong kong, 2014, 2018Joshua Wong, mouvement des parapluies, umbrella, hong kong, 2014, 2018
Joshua Wong devant ce qui était nommé le Lennon wall. @Matthieu Verrier
Écrit par Matthieu Verrier
Publié le 26 septembre 2018, mis à jour le 27 septembre 2018

Quatre ans plus tard, les chefs de file du mouvement des parapluies luttent contre l'oubli.

Dans le Tamar park, les domestic helpers profitent du jour férié. Sur Harcourt road, les voitures filent à toute allure. A chaque entrée de bâtiment officiel, un garde attend la relève. La journée vient de se dérouler en toute quiétude et glisse vers une soirée tout aussi tranquille. Ici même, autour des sièges du gouvernement et du conseil législatif, il y a quatre ans, la population hongkongaise criait sa colère. Les slogans dorment aujourd'hui dans les placards.

Les vétérans du mouvement des Parapluies soufflent sur la poussière qui retombe sur les souvenirs. Les jeunes militants Joshua Wong et Agnes Chow offraient ce mardi une visite guidée des lieux. Une vingtaine de personnes ont ainsi pu se replonger dans la mémoire récente de la ville.

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Les membres du mouvement Demosisto dans le Tamar park, coeur du mouvement des Parapluies de 2014. @Matthieu Verrier

Ici le pont où étaient postés les médias du monde entier. Là l’endroit où la police a traité violemment une poignée de militants, scène capturée par des journalistes de TVB. Sur Harcourt road, les tirs de gaz lacrymogènes. “J’étais détenu du 26 au 28 septembre, donc je n’ai pas fait l’expérience des lacrymogènes”, sourit Joshua Wong. Son meilleur souvenir? “Quand je suis sorti du centre de police, j’ai vu tout le monde me soutenir, je m’attendais à 10.000 personnes, pas 200.000!”

Les actuels des dirigeants du mouvement Demosisto s’arrêtent devant un mur gris. “No graffiti”, “no post bill” disent des écriteaux. Pendant l’automne 2014, le béton était couvert de post-it relayant autant de rêves, de souhaits ou de slogans. “Sa destruction est celle qui m’a rendu le plus triste”, explique Agnes Chow. Son sourire revient lorsqu’elle évoque les toilettes pour dames. “Nous avons vécu sur cette place pendant plus de 70 jours et nous n’avions pas à nous soucier de savoir comment on se laverait, où on trouverait de la lotion pour le visage, tout était là, à partager; c’était un lieu formidable”, s’enthousiasme-t-elle, encore étonnée par l’esprit de partage et de communauté. Et chez les hommes? “Un endroit pas du tout attrayant”, balaye Joshua Wong.

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Agnes Chow et Joshua Wong devatn Harcourt Road où furent tirer les gaz lacrymogènes @Matthieu Verrier

L’oeil pétille encore quand se dressent au bout la rue les grilles escaladées le 26 septembre 2014. La malice pointe quand approche un gardien méfiant du conseil législatif. L’insolence resurgit quand le héraut de jadis s’approche des grilles de Civic square. Mais la foule est loin. Mi-décembre 2014, le mouvement s’était achevé sur ces slogans: “Ce n’est qu’un début” et “nous reviendrons”. Les militants reconnaissent que le début s’est enlisé, avec un parti politique non autorisé à briguer des sièges électifs. Et que le retour n’est pas pour demain, avec une population beaucoup moins mobilisée. “Même si nous ne pouvons pas changer le système, nous avons changé l’état d’esprit”, veut croire Joshua Wong.
 

Joshua Wong raconte le début de la révolution des parapluies
Joshua Wong devant les grilles qu'il a escaladées en 2014. @Matthieu Verrier

 

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