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Les films à voir au Hong Kong International Film Festival

Film Burning - Actrice JONG-SEO JUNFilm Burning - Actrice JONG-SEO JUN
Extrait du film "Burning" de Lee Chan Dong avec Jong-Seo Jun
Écrit par Arnaud Lanuque
Publié le 12 mars 2019, mis à jour le 13 mars 2019

Plus grand festival de cinéma à Hong Kong, le Hong Kong International Film Festival offre cette année encore une grande variété de films du 18 mars au 1e avril pour satisfaire tous les types d’amateurs de cinéma.

Les poids lourds

Pour cette 43ème édition, le choix du film d’ouverture a du être compliqué puisque c’est Bodies at Rest de Renny Harlin qui a été sélectionné. Tentative du réalisateur finlandais de se réinventer en Chine, son dernier bon film datant d'il y a plus de 20 ans, on a peine à croire que ce polar marquera les esprits. Mieux vaut donc plutôt s’orienter vers The Shadow Play de Lou Ye (évocation au noir de l’évolution de la chine) ou First Night Nerves de Stanley Kwan (rivalités d’actrices dans une scène culturelle hongkongaise en crise). Parmi les œuvres d’envergure présentes, on trouve également Never Look Away (suivant un peintre qui cherche à traverser le rideau de fer pour pouvoir s’épanouir artistiquement) par le réalisateur de La Vie des Autres, Florian Henckel Von Donnersmarck, et Killing (sur les atermoiements d’un rônin qui ne veut pas tuer) du réalisateur du culte de Tetsuo, Shinya Tsukamoto. Ces cinéastes seront d’ailleurs présents pour discuter de leurs œuvres respectives avec le public. 
 

Hong Kong célèbre son passé mais a du mal à saisir son avenir

Pour cette édition, le festival a décidé de mettre à l’honneur Sammo Hung. « Grand frère » de Jackie Chan quand ils étudièrent l’opéra de Pékin durant leur enfance,  Hung s’est rapidement imposé comme un des plus grands réalisateurs de films d’action et une des forces motrices de l’âge d’or de l’industrie du cinéma Hong Kong. On ne peut donc que saluer sa mise en avant pour cette édition. En plus d’un séminaire qu’il donnera le 30 mars (probablement en cantonais sans traduction…) et d’un livre qui lui est consacré (probablement en chinois uniquement…), une rétrospective aura lieu durant les 2 semaines du festival. Si les 10 films proposés sont tous des incontournables pour les amateurs du genre, on conseillera tout particulièrement Prodigal Son, un des meilleurs films de Kung Fu avec quelques surprises dans son scénario, Eastern Condors, la réponse de Sammo Hung aux Douze Salopards de Robert Aldrich, Painted Faces, drame touchant semi-autobiographique, et Pedicab Driver, dernier brillant représentant de l’approche fourre-tout du réalisateur. 
 

Dans un registre plus ancien, l’actrice Li Lihua, une des plus grandes stars du cinéma chinois des années 50/60 aura également les honneurs du festival avec une mini rétrospective de 4 films. 

Signe des temps, la section "Hong Kong panorama" (reprenant les meilleurs films Hongkongais de l’année précédente) a été intégrée à la catégorie "cinéma pan-chinois". Les esprits mal placés y verront probablement une décision politique mais cela tient probablement plus à la piètre santé de l’industrie cinématographique actuelle. L’accent a été clairement mis sur les petites productions dramatiques avec Still Human d’Oliver Chan (la version hongkongaise de Intouchables), Three Husbands de Fruit Chan (3ème volet informel de sa série de films sur la prostitution après l’excellent Durian Durian et le plus controversé Hollywood Hong Kong) ou encore Tracey de Jun Li (sur un homme d’âge mur qui se découvre une passion pour le travestissement). 

Classiques en tous genres 

Le festival est l’occasion de découvrir les derniers films produits à travers le monde. C’est aussi l’opportunité de voir des classiques intemporels dans des conditions optimales. On ne pourra donc qu’inciter à aller en salle pour vivre l’expérience métaphysique de 2001, l’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick, pour frissonner devant le Suspiria de Dario Argento (un remake ? Quel remake ?), pour apprécier l’incroyable esthétique de Soy Cuba de Mikhail Kalatozov ou s’extasier devant la beauté de la débutante Gong Li dans le Sorgho Rouge de Zhang Yimou.

La France toujours présente

Malgré le French Cinépanorama (le festival du film français organisé par l’Alliance Française de Hong Kong) qui présente chaque année une grosse partie de la production hexagonale, la France est généralement bien représentée au HKIFF. Cette année ne fait pas exception. Le festival proposera ainsi le western de Jacques Audiard (invité au HKIFF), les Frères Sisters, et le dernier François Ozon, Grâce à Dieu (autour des abus sexuels d’un prêtre sur de jeunes victimes). D’autres films français notables seront présents tout au long des deux semaines du festival comme l’Homme Fidèle de Louis Garrel (multiples histoires d’amour tendance douce amère) ou La Dernière Folie de Claire Darling de Julie Bertuccelli (exploration d’une relation mère/fille via un duo d’actrice mère/fille à la ville, Catherine Deneuve et ChiaraMastroianni).
 

Une Corée du Sud en demie teinte

On ne peut pas l’ignorer: la Corée du Sud est depuis quelques années la force dominante en matière de divertissement à travers toute l’Asie. Le HKIFF en prend acte en proposant une sélection de 10 films originaires de la péninsule à l’occasion du centenaire du cinéma Coréen. Malheureusement, au sein d’une filmographie aussi riche que méconnue, le festival a joué la carte de la paresse en proposant des titres déjà fort connus et multi-diffusés comme Memories of Murder de Bong Joon Ho (sur la traque d’un tueur en série dans la Corée des années 1980) ou Peppermint Candy de Lee Chan Dong (drame raconté de manière inversée, en commençant par la fin). Et si les réalisateurs plus anciens ici présents sont d’incontestables maîtres de leur art, les titres choisis sont discutables : Mandala d’Im Kwon Taek (sur deux moines cherchant de façon très différente à atteindre l’illumination) est un bon film mais Le Village de Gilsoddeum  ou La Chanteuse de Pansori auraient probablement eu plus d’impact. My Mother and Her Guest de Shin Sang Ok (une histoire d’amour contrariée par la pression sociale) est un bon mélodrame mais Le Rêve ou Eunuch sont de meilleurs films de son auteur. Occasion partiellement manquée à moins de souhaiter découvrir le cinéma coréen. A noter que le réalisateur Lee Chan Dong sera présent à la projection de Peppermint Candy et de son dernier film, Burning (adaptation toute personnelle d’une nouvelle de Haruki Murakami).
 

 

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