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LEGISLATIVES - Interview de Florian Bohême, candidat du Parti Socialiste

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 24 mai 2017, mis à jour le 24 mai 2017

 

Florian Bohême, candidat du Parti Socialiste aux prochaines élections législatives, explique dans une interview son engagement, ses projets et comment il veut changer les choses. A 32 ans, vivant au Cambodge, il parle de renouvellement et confie vouloir faire évoluer le "logiciel de la gauche".

Pouvez-vous expliquer votre parcours et les raisons de votre engagement ?
J'ai mené des combats dans le monde associatif pour lutter contre les discriminations. Mais je considère que la politique est le moyen le plus efficace pour faire changer les choses.  

Je retrouve dans la gauche mes valeurs et mes idées, à commencer par l'humanisme et la responsabilité écologique, que seule la gauche défend en ce moment. Je suis au PS depuis 12 ans. Mais si certains parlent des années Mitterand, voire Léon Blum, moi je n'étais pas né et disons-le, je ne serai pas le candidat responsable de tous les maux reprochés à la gauche.

J'ai été également chef de cabinet de la Ministre déléguée chargée de la Francophonie, muni seulement d'un bac pro à l'origine et je suis fier de cette « égalité républicaine », celle qui donne aux gens une chance, peu importe leur diplôme. Je m'engage aussi pour ce combat.

Qu'est-ce que représente la 11ème circonscription pour vous ?
J'habite au Cambodge depuis 3 ans, à Siem Reap, dans une ville qui n'est pas une capitale. J'ai donc un regard différent sur les Français de l'étranger. Pour aller voter ou refaire mon passeport, je dois faire cinq heures de bus ou prendre l'avion. En Russie, certains habitent à 10 000 km de l'Ambassade !

Avec l'étendue géographique de cette circonscription, les français ont des problématiques différentes. Mais les priorités restent les mêmes. On se demande avant tout quelle éducation donner à ses enfants. Pour les couples binationaux la question de l'éducation, de savoir s'ils ont les moyens de les mettre à l'école française, est constante.

L'image qui veut que toute la communauté française soit expatriée, est fausse. Il y a aussi des sédentaires, ou des Français émigrés, comme moi, qui ont fait le choix de quitter la France sans parachute, et qui ont créé leur activité sur place. Ces gens-là, il faut leur apporter des solutions concrètes : l'accès à l'école française à un coût supportable. Je propose que les bourses scolaires ne soient plus gérées par l'administration mais que ses critères d'application soient vraiment définis par les conseillers consulaires qui connaissent le terrain.

A côté de l'éducation, quelles sont vos autres priorités ?
Le besoin de transparence dans la vie publique. Le message a été clair pour ces présidentielles et je le renouvelle tout particulièrement pour ces élections législatives et dans cette circonscription : l'électeur doit être vigilant sur son candidat, les conflits d'intérêt, le népotisme en politique.

Si je suis élu député, ma priorité sera cette transparence sur les frais de mandat. Voyages, hôtels, restaurants, rencontres avec des chefs d'entreprise. Les dépenses sont nécessaires mais il faut être transparent. Pour les réserves parlementaires, je considère que ce système ne devrait plus exister. Tant qu'elles sont maintenues, l'affectation à des projets dans la circonscription se fera avec les élus locaux, voire un conseil citoyen. Dans cette optique, je définirai une thématique par an : environnement, éducation, affaires sociales et je consulterai les élus locaux pour décider ensemble.

Il y a aussi la simplification administrative. Il faut arrêter de demander de longs déplacements pour les certificats de vie des retraités, pour l'authentification d'un acte, le livret de famille? Cette simplification, c'est aussi renforcer le rôle des conseillers consulaires. Ils ont un pouvoir très limité et peu de moyens d'action. On doit leur faire confiance, ce sont des agents de l'état civil, bénévoles, souvent de grande qualité. 

Au niveau de la fiscalité, certaines mesures sont très discutées ?
Même s'il s'agissait d'une initiative de la gauche, il faut retirer la CSG, CRDS appliquée sur les revenus des Français de l'étranger hors UE. Sachant qu'elle rapporte environ 300 millions d'euros par an, il faut trouver une alternative. La solution pourrait être de récupérer une partie de l'impôt que les entreprises étrangères ne paient pas en France, comme Google, McDonald's? Si on est capable de lever l'impôt sur ces entreprises étrangères, il y aura une logique de réciprocité et on peut épargner les Français de l'étranger. La lutte contre l'exil fiscal peut aussi être une solution en rapatriant ces fonds en France.

Pour la culture, Hong Kong est peut-être une place à part car il y a beaucoup d'initiatives, mais quels sont les points de votre programme ?
Je suis ancien chef de cabinet pour la francophonie, donc j'y suis très attaché ! Le budget est en diminution aujourd'hui (ex. Alliance Française). Demain, je souhaite qu'on stoppe cette dégradation des budgets. En parallèle à Hong Kong nous avons un exemple formidable de financement privé avec le French May. Or si c'est possible, c'est parce qu'il y a l'image de la France derrière. A mon sens, l'Etat doit participer dans les projets culturels mais il faut aussi faire appel à ces entreprises privées. Les grands groupes de luxe français contribuent à l'image de la France mais en profitent aussi. C'est normal de les solliciter quand on organise un événement culturel. Je souhaite qu'on entre dans un mix public-privé. Mais attention, la culture n'est pas quelque chose de marchand et je refuserai que les entreprises en tirent profit. 

Si vous êtes élu, comment pensez-vous organiser votre temps entre l'Assemblée Nationale et le territoire ?
Il est évident que je mettrai ma société entre parenthèses au nom de la lutte contre les conflits d'intérêt. Sur mon agenda, le travail du parlementaire est de voter la loi. Cela se passe principalement le mardi (réunions en commissions) et le mercredi (séances publiques) à l'Assemblée Nationale.  Mon agenda type : deux jours à Paris, quatre sur le territoire quand il n'y a pas de travail important sur les sessions parlementaires. Je continuerai à habiter au Cambodge. C'est 12 heures d'avion, je l'ai expérimenté assez souvent pour vous dire que ça marche bien.

Quel regard portez-vous sur le précédent mandat ? Qu'auriez-vous fait différemment ? et sur les autres candidats ?
Thierry Mariani était dans l'opposition et c'est une situation difficile pour travailler, ce que je tiens à respecter. Mais, je considère qu'il a commis une erreur en se préoccupant beaucoup trop de politique internationale en dehors de sa circonscription. Avec une politique pro-russe, il s'est coupé d'une partie du territoire, notamment l'Ukraine où il ne peut plus représenter les Français d'Ukraine. Il y a du sens à être dans la commission des affaires étrangères en tant que député de l'étranger, ce que je demanderai également, mais en dehors des commissions, il faut appliquer la voix que veut faire entendre la France, pas une autre.

Au-delà de ça, certaines de ses positions très à droite me troublent, je reproche son double discours, c'est pourquoi je l'ai appelé à se positionner dans l'entre-deux tours, en vain !

Je considère surtout que c'est le renouvellement qui est important. Les Français ont été capables de porter Emmanuel Macron au pouvoir. Je dis aux Français : Continuez avec ce vent de liberté, Macron a 39 ans, j'en ai 32, allez-y avec le renouvellement. Le renouvellement générationnel est important et je ne le vois pas dans la candidate d'En Marche !

Quelle serait votre positionnement par rapport au gouvernement d'Emmanuel Macron ?
Le président de la République a été élu avec une partie des voix qui ne lui revenait pas. Il l'a lui-même reconnu. Je regarderai les textes de loi en étant conscient que notre pays a besoin de bouger. Mais ce n'est pas en se coupant de toute une partie de la population qui vote à gauche, qu'on arrivera à faire évoluer la démocratie française.

Donnez cette chance au renouvellement, à des jeunes qui ont envie de faire bouger les choses et notamment le logiciel de la gauche. Mais ce logiciel a des valeurs auxquelles il faut faire attention. Une réforme du code du travail peut-être ; mais pas en catimini, dans un coin de bureau, comme la conçoit Emmanuel Macron. Il faut respecter la décision des français ou leurs contestations. Même si ça ne fait pas plaisir, même s'il y a des immobilismes. Il pourrait faire un effort de rassemblement et proposer un grand débat national. Il ne l'a pas annoncé. Sur ce point-là, je suis en opposition. 

Interview réalisée à Hong Kong le 18/05

Antoine Vergnaud / Marc Schildt (lepetitjournal.com/hong-kong) - jeudi 25 mai 2017

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