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FRENCH MAY - Andrew Yuen nous raconte l'histoire du festival

Andrew YuenAndrew Yuen
Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 27 juin 2017, mis à jour le 21 février 2018

Ouvert depuis plusieurs mois, le festival French May touche à sa fin. Andrew Yuen, président du conseil du festival, et à l'origine de sa création, revient sur  cette 25ème édition. L'occasion d'aborder également l'histoire de cette fête d'arts français et de nous livrer quelques secrets sur un autre événement à venir?
 

Andrew Yuen, le festival French May arrive à son terme. Quelles sont les dernières programmations ? 

Nous sommes plutôt contents car certaines expositions durent un peu plus longtemps que mai/juin et permettent à plus de Hongkongais d'y assister. Il y a les expositions majeures comme Inventing Le Louvre : from Palace to Museum jusqu'à fin juillet et TRES'ORS à Macao jusqu'en septembre et quelques expositions photos dont Paris, Toits Emois.

Nous avons eu une excellente programmation. Pour l'exposition du Louvre, certaines pièces que vous pouvez voir ne sont même pas exposées à Paris ! Hong Kong est très chanceuse d'avoir cette opportunité. En matière d'arts du spectacle, nous avons eu le Ballet de Paris et avons commencé la saison avec un événement unique : le ballet du Roi-Soleil. 

Vous attendez donc encore beaucoup de monde ?

Oui, le week-end, il y a toujours la queue ! J'espère qu'avec le Louvre cet été, nous allons battre le record d'entrées au musée. Ce qui est étonnant c'est qu'en mars, nous n'étions toujours pas sûrs de comment ça allait se faire.

C'est toujours un peu la même chose dans l'organisation d'un festival. C'est un numéro d'équilibriste entre la disponibilité des ?uvres ou des artistes, des sponsors et des sites. En mars, tous nos sponsors pensaient que cela se ferait au Museum of Arts, à Tsim Sha Tsui, mais il n'était pas disponible. Le gouvernement nous a alors proposé l'Heritage Museum. Organiser une exposition à Sha Tin, c'était un peu un pari avec la distance. Mais finalement, nous y sommes allés, accompagnés des sponsors, pour valider l'exposition. 

Comment en êtes-vous arrivé à travailler sur un challenge tel que le French May ?

Après avoir fini mes études en Californie, j'ai eu l'opportunité de travailler à Paris. Après deux ans, je suis rentré à Hong Kong, et j'ai ressenti immédiatement un choc culturel. A l'époque, nous sommes en 1983, et Hong Kong est un désert culturel. Très peu de concerts, d'expositions, de galeries? 

J'ai commencé à m'impliquer avec l'Academy for Performing Arts et j'ai compris une chose : les étudiants en art à Hong Kong ressentaient beaucoup d'intérêt à être au contact de la culture occidentale. Prenez un pianiste, par exemple, il peut s'entraîner beaucoup et avoir une parfaite technique. Mais imaginez une personne née et élevée à Hong Kong, donc avec une culture chinoise la plupart du temps, jouer sur un instrument occidental, sans la moindre exposition à ce monde-là ! Peu importe la technique que vous avez, il vous manque toujours quelque chose. 

En 1993, j'ai proposé au Consul général de France, Laurent Aublin, de lancer une bourse pour envoyer des étudiants en échange entre Hong Kong et la France. Il m'a dit : « ça a l'air bien, mais j'ai une meilleure idée pour toi ». Il avait déjà en tête cette idée d'organiser un festival d'art français. Immédiatement, j'ai sauté sur l'occasion.  

Nous avons lancé la première édition du French May en 1993. A l'époque nous avions fait venir des sculptures d'Auguste Rodin, et pas à pas, chaque année, nous avons amélioré le programme.

Le public visé est large : la population locale, les touristes, mais aussi les français pour qui il y a une certaine résonnance. L'objectif et le public du festival ont-ils évolué avec le temps ?

Pour être honnête, quand on a commencé, les spectateurs étaient plutôt français. Mais aujourd'hui, l'objectif est réellement d'attirer et de servir la communauté locale. Particulièrement depuis que nous avons commencé un partenariat avec le Jockey Club, qui nous a permis d'offrir des tickets gratuits aux étudiants, aux personnes en difficulté, d'organiser des masterclass? 

Lors de la toute première édition du French May, 90% des sponsors étaient des entreprises françaises, des banques, dont BNP Paribas depuis la première heure, des marques de luxe? Mais aujourd'hui, le mélange est différent. Après le Jockey Club, nous avons aussi été heureux d'accueillir beaucoup d'autres sponsors locaux, des entreprises locales, des personnes privées. 

Je le rappelle, l'un des objectifs du Festival, c'est d'atteindre tout le monde à Hong Kong et pas seulement la communauté française. L'autre idée, c'est d'amener toutes les formes d'arts, à tous les endroits de la ville. Pour les évènements « mainstream », nous n'avons aucune difficulté à atteindre le public hongkongais pour être honnête. Mais pour les expositions ou performances plus « pointues », que nous voulons toujours défendre, il y a un travail, une éducation à continuer. 

 

French May - équipe
Lors de l'inauguration, Karena Lam, Julien-Loïc Garin, Dr. Andrew Yuen, Florence Hui et Mr. Leong Cheung

 


On considère le French May comme le plus gros festival français hors de nos frontières?

En dehors de France, c'est effectivement le plus gros. Mais aussi, c'est le seul festival d'arts français qui se tient sans interruption, année après année. Il y a d'autres événements similaires, à Pékin, à Bangkok, même à Taiwan mais ils ne sont pas organisés chaque année. Nous sommes les seuls.  

Pendant 25 ans, les équipes ont été capables d'organiser le festival. Comment maintenir un tel événement ? 

Nous ne fixons pas réellement d'objectifs en termes d'audience ou de cible même si nous souhaitons toucher le plus de monde possible. Nous sommes quand même très heureux de dépasser le million de visiteurs ces dernières années. Mais nous voulons surtout maintenir la qualité du festival plus que présenter des programmes uniquement dans le but d'attirer les foules.  

L'année dernière, nous nous sommes assis et on s'est dit « l'année prochaine, on doit faire venir le Louvre ». Actuellement, nous avons plus d'une dizaine de projets qui « flottent » depuis quelques années. La question c'est : comment et quand on peut les organiser ? 

Au niveau opérationnel, c'est une petite équipe. Julien-Loïc Garin (ndlr : Directeur du French May Arts Festival) fait la majeure partie du travail. Depuis qu'il est rentré dans l'organisation, nous avons senti sa passion et son engagement. Ensuite, nous avons une personne qui s'occupe des arts visuels et une autre pour les arts du spectacle. L'équipe de programmation se résume en gros à ces personnes. Je suis aussi un peu impliqué. 

Dans le conseil d'administration, nous avons un mélange avec des personnes du consulat, des acteurs de la culture à Hong Kong et des sponsors qui sont très impliqués dans le monde des arts et de la culture. Certains ont des galeries, d'autres sont passionnés d'art contemporain. Ils peuvent intervenir aussi dans d'autres évènements culturels, d'autres actions de promotion des arts à Hong Kong. Ils amènent donc de très bons conseils et recommandent les bonnes personnes.

Quand je me suis impliqué dans le French May, j'étais plus sur la partie sponsoring, c'est seulement quand je suis devenu président du conseil que mes compétences se sont étendues, et sous mon impulsion nous avons approché le Jockey Club. 

Pour l'année prochaine, les équipes ont-elles déja commencé à travailler ?

En fait, on travaille déjà à l'édition 2019 ! Nous n'avons pas encore pris de décisions définitives concernant nos programmations majeures. Peut-être que nous ne devrions pas forcément nous concentrer sur des expositions majeures et mettre plus en avant les arts du spectacle. Nous avons beaucoup d'idées qui « flottent », comme je vous disais, mais aujourd'hui, nous recherchons encore les sponsors. 

En novembre, vous organisez un tout nouvel événement détaché du French May : Lumières Hong Kong, qui s'inspire de « La Fête des Lumières » de Lyon. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous avions l'idée de faire un projet lumineux pour le French May. Puis nous nous sommes dits que ce genre d'évènement est une entreprise énorme. Et pour un projet en extérieur, il faut qu'on ait la meilleure météo possible. Pour ces raisons, nous avons choisi le mois de novembre pour l'organiser. 

Il y aura des projections sur de nombreux bâtiments de la ville. Nous avons d'ailleurs commencé à faire quelques tests. En fonction des immeubles, des fenêtres, les artistes peuvent donner une toute autre dimension. En parallèle, nous souhaitons mettre en place un village pour cette fête, ainsi que toute une partie éducative, concernant l'utilisation des lumières, la pollution lumineuse? 

Ce type d'événement, c'est exactement ce dont Hong Kong a besoin et c'est totalement nouveau. 

Marc Schildt & Antoine Vergnaud (www.lepetitjournal.com/hong-kong) - mardi 27 juin 2017

Interview traduit de l'anglais.

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Publié le 27 juin 2017, mis à jour le 21 février 2018

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