Autour des Lunch Club, la French Chamber Foundation souhaite aider les travailleurs en difficulté: ceux qui ne sont pas assez pauvres pour bénéficier des aides du gouvernement, mais trop pauvres pour vivre décemment.
La French Chamber Foundation a été lancée en janvier 2015 par la Chambre de commerce française et ses membres pour soutenir les travailleurs en difficulté à Hong Kong. Un principe simple l'anime: s'il est possible de profiter des opportunités économiques de la ville, il est aussi important de redonner à la communauté qui les accueille.
Or, si Hong Kong est une ville à la réputation internationale, qu'elle attire pléthore de capitaux, entreprises et magasins de luxe, c'est aussi une ville avec 1,35 millions d'habitants vivant en dessous du seuil de pauvreté (un seuil fixé à 4.000 HK$ par mois pour une personne seule en 2016 ou 9.000 HK$ pour un couple sans enfant). On dénombre ainsi plus de 200.000 "working poor family" à Hong Kong.
Les Lunch Club mis en place depuis trois ans visent ces personnes qui malgré un travail ne gagnent pas suffisamment pour vivre dans des conditions convenables mais sont exclus des aides du gouvernement.
Au total, ce sont 42.500 repas qui ont été servis en 2017 et 830 membres soutenus à la fin de cette année. La French Chamber Foundation couvre désormais quatre centres à Hong Kong: Wan Chai, Tsuen Wan, Mong Kok et Kwun Tong. Et dans chaque centre, elle assure trois types de service: offrir des repas équilibrés et abordables, un accompagnement au niveau professionnel et un service de placement.
Des repas prétexte à un accompagnement
Ricky Leung, un travailleur social qui coordonne trois centres, souligne que les repas servis par la fondation "sont plus un moyen de faire venir les personnes en besoin, et ensuite de leur proposer de les accompagner". "Ils ne demanderaient jamais de l'aide spontanément" nous confie-t-il.
"Il a fallu faire connaître l'association. D'abord grâce au bouche à oreille, et c'est d'ailleurs un des principaux vecteurs encore, puis avec la distribution de flyers dans le quartier. Nous avons aussi d’autres associations et organismes partenaires qui nous réfèrent des personnes en besoin."
Les repas sont donnés du lundi au vendredi par de nombreux bénévoles et des travailleurs sociaux. Pour en bénéficier, les personnes doivent d'abord s’inscrire comme membre provisoire et, une fois leur situation professionnelle et familiale étudiée, ils deviendront membre permanent.
Les Lunch Club ce sont des plateaux à 8 HK$. Mais, au-delà d'un repas équilibré, Ricky nous précise que "les membres ont accès à un endroit où ils vont nouer de nouvelles relations et pour certains d'entre-eux redécouvrir une vie sociale".
"Il faut bien comprendre, insiste Ricky, que le véritable but des Lunch club est d’aider les membres à trouver de meilleurs emplois et de meilleurs conditions. La plupart du temps, leur nouvel employeur les payera au moins 1,000 HKD de plus par mois, ou les horaires ou la pénibilité seront bien plus acceptables."
"Encourager et susciter l'intérêt"
Dans la salle à manger, un panneau affiche les offres d’emploi toutes géographiquement assez proches. Les membres sont informés régulièrement sur les nouvelles offres et le contenu des missions.
On nous précise qu'il y a des séances individuelles entre le travailleur social et chaque nouveau membre pour bien définir les besoins et leurs attentes dès le début. En général, le passage dans la structure est de 6 mois.
La fondation organise des formations après les repas. Les membres les suivent sur des sujets variés. Ricky explique qu’ils ont mis en place des classes de mandarin et d'anglais par exemple "pour rafraichir certaines connaissances ou tout simplement apprendre de nouvelles compétences à certains afin de travailler dans des milieux différents.”
"Des entreprises sont également invitées pour présenter leur secteur, les emplois que l'on peut y trouver et les conditions de travail. Si les membres sont intéressés, on va leur expliquer les attentes des employeurs et essayer d'organiser des rendez-vous."
Formations, présentations d'entreprises et accompagnement individuel, le but est toujours de trouver un emploi plus favorable et d'encourager les membres à changer, "le statu quo est souvent le plus simple pour ces personnes malheureusement, donc cela peut prendre du temps" avoue Ricky.
“Nous devons les accompagner étape par étape pour qu'ils comprennent que ce n'est pas difficile ou qu'ils peuvent s'apprendre de nouvelles compétences. Nous cherchons toujours à stimuler leur intérêt et à les faire participer à de nouveaux cours ou à de nouvelles activités."
Si les services de la fondation s'arrêtent là statutairement, les bienfaits vont bien au-delà pour cette communauté. "Nous avons eu des sorties Randonnée entre volontaires et membres certains weekends. Nous avons même fait une sortie à Disneyland avec l'aide du parc d'attraction" complète Ricky en parlant des à-côtés et du lien social que le Lunch Club permet de créer.
“Il y a un vrai sentiment d’appartenance à un groupe chez les membres.” déclare Servane Delahaye, la directrice de la French Chamber Foundation. "Ce qui est intéressant, c'est que les membres sont aidés ici, mais ils aident aussi ailleurs. Il y a eu des visites de maisons de retraite et nos membres s'engagent à leur tour dans cette entre-aide, ce qui renforce aussi leur confiance en soi."
En tout, 35% des membres ont déjà trouvé un emploi avec des meilleures conditions de travail ou un salaire plus élevé, d'autres si ce n'est pas encore un travail, de nouveaux liens sociaux.
Informations pratiques:
Site Internet de la French Chamber Foundation
Rattachée à la Chambre de commerce de Hong Kong, la fondation est indépendante financièrement via le soutien de ses donateurs et en termes de structure. Ses activités ont été menées avec la contribution de partenaire locaux tels que Food Angel, Baptist Oi Kwan Social Service et Wild at Heart pour la communication.