Le pays s’y préparait depuis des mois. Pour le 70ème anniversaire de la République Populaire de Chine, le Parti Communiste avait mis les petits plats dans les grands pour célébrer ses plus belles réalisations. Résumé de cet évènement majeur par Le Vent de la Chine.
A Pékin, la fête débutait par un discours de 8 minutes du Président et Premier secrétaire du Parti Xi Jinping, depuis le balcon de la Porte Tiananmen, mettant l’accent sur l’unité de la nation. Pour montrer l’exemple, se tenaient à ses côtés dans la tribune d’honneur les ex-Présidents Jiang Zemin et Hu Jintao, l’ancien vice-Président Zeng Qinghong, et autres hauts dignitaires du régime. Symboliquement, Xi Jinping choisissait de citer Mao, se positionnant ainsi comme son digne héritier après s’être incliné la veille devant sa dépouille – une démarche inhabituelle lors de la fête nationale. Puis, évoquant le siècle d’humiliation, Xi déclarait que "rien ne peut empêcher la nation et le peuple chinois d’aller de l’avant". Le Président chinois se positionnait ainsi en guerrier paré à affronter tout type de menace, venant de l’intérieur comme de l’étranger.
Friand de parades militaires, c’est à travers le toit de sa limousine Hongqi rutilante que le Commandant en chef passa en revue les troupes de l’Armée Populaire de Libération (APL), en un rituel immuable: "Camarades, vous n’avez pas démérité" scandait-il à intervalles réguliers. 15 000 soldats au pas de l’oie défilèrent ensuite pendant 65 minutes sur l’avenue Chang’an. Une unité 100% féminine et un contingent de Casques bleus chinois faisaient une apparition inédite. Et près de la moitié des armements présentés étaient dévoilés au public pour la première fois, comme les missiles balistiques intercontinentaux DF-41 volant à 25 fois la vitesse du son et capables d’atteindre les USA en 30 minutes, ou encore deux modèles de drones (l’un d’attaque furtif, l’autre de reconnaissance supersonique). Dans le ciel, 160 hélicoptères et avions de chasse formaient le chiffre "70" et lâchaient des fumigènes de couleur. Seul bémol: le ciel n’était pas aussi bleu que prévu, la pollution de l’air stagnant autour de 150 microparticules par m3.
Enfin, en une chorégraphie parfaitement exécutée dont la Chine a le secret, plus de 100 000 figurants et 70 chars à thème retraçaient les sept décennies de la RPC. Original, un tableau rappelait qu’hier encore, le pays était le royaume par excellence de la bicyclette. Tous les métiers étaient représentés, entrepreneurs, ouvriers, infirmiers, écolier. Mais c’est la présence de livreurs de repas à domicile qui fit sourire la nation entière.
Plus polémique, un char à la gloire d’ "un pays, deux systèmes" faisait son apparition. Sans tarder, Taiwan rejetait immédiatement cet appel plus ou moins subtil à l’unification selon la formule hongkongaise, l’île ayant subi deux affronts diplomatiques deux semaines plus tôt. A Hong Kong, l’ambiance était tout autre. Des scènes de guérilla urbaine avaient lieu dans différents districts de la RAS: pour la première fois depuis le début des manifestations, un lycéen de 18 ans était victime d’un tir à balle réelle dans la poitrine par un policier, craignant pour sa vie. Quatre mois après le début de la crise, une violente escalade est à craindre et la police anti-émeute semble dépassée par les évènements. En réaction, selon une procédure d’urgence, le gouvernement de la RAS interdisait le port de masques. Mais entre les forces de l’ordre et la population, la confiance est rompue. Pendant ce temps à Pékin, la Cheffe de l’Exécutif hongkongais Carrie Lam, assistait tout sourire, aux célébrations, tout comme le sergent Lau Chak-kei, devenu un héros en Chine continentale pour avoir pointé un fusil sur les manifestants assiégeant un commissariat fin juillet.
Le défilé de masse se clôturait par un lâcher de 70 000 colombes, symbolisant la paix. Dans la soirée, un spectacle pyrotechnique signé Zhang Yimou parachevait les célébrations. Ces festivités du 1er octobre ont donc rempli leur mission, attisant la fibre nationaliste et affichant fièrement les fabuleux progrès accomplis, notamment en matière de technologies militaires made in China – apparaît ainsi, en filigrane, la volonté de Xi Jinping de faire de l’APL "une force armée de classe mondiale" d’ici 2049. Mais à l’international, une telle démonstration de force ne serait-elle pas contre-productive pour une nation désireuse de promouvoir une image de soft-power pacifique? Les derniers sondages de popularité de la Chine semblent corroborer cette hypothèse.
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