L'incubateur So In So Good propulse dans le marché hongkongais des startups à objectifs sociaux et environnementaux. Rencontre avec Mathieu Planchard.
Première filiale du groupe INCO en Asie, l'accélérateur souhaite développer ses réseaux d'entreprises et ouvrir de nouvelles destinations aux entrepreneurs.
Alors que les Etats-Unis sortent de l'accord de Paris sur le réchauffement climatique, que le gouvernement veut supprimer l'Obamacare, l'actualité récente fait que cette rencontre avec So In So Good tombe à pic pour faire une comparaison entre les Américains et les Hongkongais! Si aux USA, le président Trump a décidé de faire un pas en arrière en matière d'environnement et de social, ici à Hong Kong, le contexte fait qu'on ne peut faire qu'un bond en avant? Et c'est l'un des objectifs affichés de l'accélérateur d'entreprises, arrivé à Hong Kong en mars 2016 avec les angles Green, Social tech et Smart City.
Inco, l'économie sociale et solidaire à l'international
So In So Good fait partie d'un réseau d'incubateurs à travers le monde, appartenant au groupe Inco (ex Comptoir de l'Innovation), fondé par Nicolas Hazard en 2012. Créé à la base sous la forme d'un fonds d'investissement, Inco cherche à développer l'économie sociale, solidaire et éco-responsable en investissant dans des startups à objectif social et environnemental.
Aujourd'hui, si le fonds d'investissement est toujours basé à Paris, le groupe a largement développé ses activités à l'international avec des solutions innovantes. Au Benelux par exemple, un des programmes d'inco forme des migrants aux métiers du développement informatique, « secteur en devenir où il y a plus de demande que d'offre de la part des employeurs », indique Mathieu Planchard, responsable de So In So Good. Aux Etats-Unis, un autre programme forme les vétérans de l'armée américaine aux métiers du drone, secteur porteur en termes d'emploi, pour leur permettre de se reconstruire une carrière civile.
« Rapidement, on s'est diversifié et on a commencé à accompagner des startups en leur apportant également un support technique, avec donc un modèle d'incubateur », indique Mathieu Planchard, responsable du pôle hongkongais. Depuis, ce sont 19 incubateurs à travers le monde, en Afrique, en Europe, en Amérique et maintenant en Asie, qui accueillent les startups innovantes dans le domaine social et environnemental, dans des villes ou pays où ces dernières ne connaissent pas le marché ou n'ont pas les contacts nécessaires à toute adaptation sereine.
Social, environnement... quelle place à Hong Kong?
L'activité de So In So Good pourrait rendre sceptique plus d'un Français! Lorsqu'on arrive à Hong Kong, on est souvent frappé par les écarts de richesse énormes parmi les habitants, en attestent le sort des helpers ou encore le salaire minimum (34,5 HKD par heure). Pourtant, le contexte ne fait pas froid aux yeux de l'incubateur. « La nouvelle cheffe exécutive Carrie Lam s'est toujours battue pour le côté social lorsqu'elle était à d'autres postes au gouvernement. Aujourd'hui, elle est à la tête de Hong Kong et voit certainement que ce sujet-là est une bombe à retardement. Le gouvernement est obligé de trouver des solutions. Puisqu'ils sont un peu désarmés par rapport à ça, ils font appel à des entreprises dans le privé. Investir dans des startups sociales et environnementales est vu alors comme quelque chose de durable », précise Mathieu Planchard.
Aussi, depuis son établissement à Hong Kong l'an dernier, l'incubateur a créé un partenariat avec Hong Kong Science and Technology Parks (HKSTP), organisme semi-gouvernemental, qui leur apporte à la fois des startups, de la légitimité, et fournit aux entrepreneurs des bureaux et des bourses lorsqu'il s'agit d'activités dans le domaine de la recherche et du développement.
Une première campagne d'accompagnement, de six entreprises, vient d'être terminée par So In So Good. FoodCycle+ par exemple, qui faisait partie de cette promotion, organise des collectes de déchets organiques auprès d'organismes type traiteurs ou supermarchés, avant d'alimenter une ferme dans les Nouveaux Territoires. Uhoo, autre entreprise incubée, fabrique des systèmes qui analysent l'air dans les foyers. « Pour la prochaine promotion, nous avons déjà sélectionné deux entreprises, No!W No Waste, qui produit des substituts durables à tous nos objets du quotidien, comme les cotons de maquillage, et Livin Farms, qui propose de cultiver des insectes comestibles, chez soi!». En somme, des solutions à des problématiques bien actuelles, comme la pollution, le gaspillage alimentaire et la surconsommation de viande!
Un incubateur au modèle particulier
Premier intermédiaire entre les entrepreneurs et leurs conseillers/financiers, So In So Good propose ses services aux startups gratuitement.
"Ici à Hong Kong, on a vu très rapidement que le marché était très restreint, que la problématique de l'entrepreneuriat social n'existait pas ou peu. Habituellement, ce sont les associations qui font du social. Lorsque vous êtes entrepreneur à Hong Kong, vous devez faire de l'argent mais le coté social est souvent mis de côté. Aucun entrepreneur social n'a les moyens de se payer un service comme le notre car la société hongkongaise n'est pas assez mature à ce niveau-là", continue Mathieu Planchard.
L'incubateur, financé principalement par le Hong Kong Jockey Club, offre donc la gratuité de ses services avec en plus la possibilité pour les startups de profiter d'un réseau tissé entre les 19 incubateurs à travers le monde, grâce à une plateforme digitale et au programme d'Inco, JUMPSEAT.
Perspectives en Asie
"Nous avons des velléités de développement en Asie, notamment à Singapour et aussi en Corée du Sud", indique le responsable de So In So Good. « Dans chaque pays, nous adaptons nos services, notre support, en fonction des écosystèmes et de sujets les plus pertinents dans cette zone", continue-t-il. Aujourd'hui, l'incubateur est régulièrement contacté par des membres du réseau d'entreprises formé par Inco, qui souhaitent étudier le marché asiatique et souhaitent s'y exporter.
"Si notre objectif de base, c'est d'aider les entrepreneurs locaux, c'est aussi génial si on arrive à faire s'implanter ici des entreprises étrangères. Et évidemment, ça marche dans les deux sens », termine Mathieu Planchard. En ce sens, la plateforme digitale mise en place pour que les entrepreneurs puissent échanger d'un bout à l'autre de la planète, tout comme le programme JUMPSEAT qui permet à une startup déjà incubée de se lancer dans un autre pays, sont tout à fait adaptés!
Site web de So In So Good et d'Inco
Antoine Vergnaud - Marc Schildt (www.lepetitjournal.com/hong-kong) - mardi 6 juin 2017