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MODE – Occidentale et mannequin à Hong Kong

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 26 août 2015, mis à jour le 24 août 2015

 

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Hong Kong n'est sans doute pas une capitale de mode comme Paris, Londres ou Milan mais en Asie, l'ex-colonie britannique fait partie des villes qui comptent, où émergent de jeunes créateurs. Avec en outre un atout majeur, celui d'être aux portes de la Chine, l'usine du monde en matière de textile. De quoi attirer des modèles hors normes spécialisés dans le fitting ou donner un nouvel élan à une carrière de mannequin.

"Conditions requises pour l'emploi proposé :
Taille : 165 cm
Longueur des bras : 78 cm
Tour de poitrine: 84 cm
Tour de taille: 72cm
Hanches: 92cm"

Des petites annonces comme celles-ci, il en existe des centaines sur le web. Des jobs de fit models qui font de Hong Kong une destination de choix pour de jeunes Occidentaux, attirés par une carrière de mannequin qu'ils ne pourraient espérer ailleurs. "Etre fit model, c'est être engagé par un créateur de mode ou par un fabricant pour essayer les vêtements afin que ces derniers puissent en vérifier l'apparence, la forme et le visuel avant l'envoi en production", explique Céline Le Gallais.

La fondatrice d'Elegance Model, une agence spécialisée dans le fitting à Hong Kong depuis 2008, travaille avec des modèles femmes et hommes dont les tailles varient du 34 au 46. On est bien loin des podiums. "Le fitting n'a rien à voir avec la fashion où les mannequins qui réussissent sont très jeunes, grands et fins.", explique la directrice. "Le fitting n'est pour autant pas fait pour tout le monde. Il faut mesurer entre 1,70 et 1,77m et avoir un physique parfaitement proportionné, de l'élégance et beaucoup de patience."

Audrey, mannequin de l'agence Elegance model à Hong Kong

Jacqueline, une Allemande de 38 ans, maman de deux petites filles, a débuté sa carrière de mannequin il y a quatre ans. Elle n'avait a priori ni l'âge ni le physique attendus dans le métier. "Je fais une taille medium, un 40 français. Bien que je fasse attention à mon apparence, jamais je n'avais pensé être mannequin avant qu'une amie ne me parle du fitting", raconte-t-elle. C'est aussi le cas d'une autre Jacqueline, qui affiche quant à elle un 42/44. "Les périodes sont plus au moins chargées, mais je suis régulièrement appelée pour des contrats car ma taille est recherchée à Hong Kong", souligne cette Ecossaise.

Proche des ateliers de production

Nike, Scotch & Soda, Royal Spirit, Replay, Tommy Hilfiger, Calvin Klein ou encore Jockey : les grandes marques de vêtements américaines et européennes sont nombreuses dans l'ex-colonie britannique. Gateway to China, l'atelier du monde, Hong Kong bénéficie d'une localisation de choix dans l'industrie textile. Et si ces dernières années l'augmentation croissante des salaires et des coûts de production vient remettre en question la compétitivité du made in China, le marché hongkongais, lui, reste dynamique. La région administrative spéciale n'est en effet qu'à quelques heures d'avion des pays du Sud-est asiatique (Bangladesh, Vietnam, Sri Lanka, Birmanie) où sont de plus en plus délocalisées les usines de production.

Du coup, les modèles occidentaux restent demandés, et dans la région, c'est à Hong Kong qu'on les trouve. "Je suis fit model pour une marque de lingerie américaine. En novembre, j'ai accompagné les créateurs de la nouvelle collection en Chine : quatre villes en huit jours, dans les ateliers de production. Ils ont pu vérifier directement sur moi les tailles des bonnets et les coupes.", raconte Karolina.

Cette jeune Polonaise fraîchement débarquée dans le port aux parfums avait réalisé "quelques castings à Paris" pendant ses études, mais assure que malgré sa taille small medium, elle n'aurait pu espérer être mannequin en France. "Je ne suis ni assez grande, ni assez mince pour cela. Ici, j'ai postulé auprès de l'agence Elegance et j'ai été retenue."

Shootings, events et privilèges

Etre fit model à Hong Kong, c'est aussi pour certains modèles l'occasion de mettre un pied dans l'univers très sélect de la fashion, en participant à des shootings et des "events". "Si un mannequin travaille bien, venir à Hong Kong peut changer sa vie", confirme Céline Le Gallais. "Ici, tout va très vite. Les mannequins ont accès à un certain nombre de privilèges et sont invités partout : restaurants, clubs, galas, fêtes, showcase... Cela peut faire tourner la tête.", concède-t-elle d'ailleurs. "Je reçois des dizaines de CV par jour et organise deux fois par an des castings à Paris. Avant de travailler avec un mannequin, je fais attention à sa personnalité, à sa maturité. Je suis particulièrement attentive lorsqu'ils sont très jeunes. Il faut être prudent."

Malgré ses 23 ans, Karolina, a, quant à elle, la tête sur les épaules."Hong Kong est pour moi l'occasion de faire des rencontres professionnelles intéressantes pour la suite, tout en en profitant.", assure le jeune mannequin. "Mais je ne compte pas faire fit model toute ma vie. J'aimerais reprendre les compétitions de danses de salon et mon master de droit."

"J'ai donné une seconde vie à ma carrière"

La région administrative spéciale et le fitting offrent aussi de belles opportunités à des professionnels "en fin de carrière". A 31 ans, Audrey a déjà une certaine expérience. La jeune femme a débuté dans le métier encore adolescente chez Elite à Milan.0 "J'ai travaillé un peu partout, en Italie, en Espagne, au Japon, aux Etats-Unis, en Allemagne. Et à Paris bien sûr, où je me suis installée pour un moment", se souvient-elle.

A Hong Kong, Audrey a décroché un contrat de six mois quand à Paris les opportunités de travail commençaient à "se raréfier". "Je deviens trop vieille pour la France.", avoue-t-elle avec franchise. "J'ai toujours une taille très fine, mais je ne peux plus faire le même travail à 31 ans qu'à 16 ans. Le corps change, on ne peut pas aller contre." Dès son arrivée dans l'ancienne colonie britannique, fitting, shooting et events se sont très vite enchaînés pour le mannequin français qui ne regrette d'ailleurs pas son choix : "A Hong Kong, j'ai donné une seconde vie à ma carrière de mannequin. Cet après-fashion, c'est ici que je l'ai trouvé."

Gaëlle, mannequin de l'agence Elegance model à Hong Kong

Lassée de la vie et de la mode parisienne, Gaëlle, 30 ans, affirme elle aussi avoir "trouvé sa place" dans la ville chinoise. "Je ne travaille pas tous les mois, mais lorsque j'ai des contrats, je fais aussi bien du fitting que des shootings et des events. J'adore Hong Kong ! Mais je ne conseillerais pas la ville aux jeunes modèles. Il faut avoir de l'expérience dans le mannequinat pour aborder Hong Kong, ne pas se laisser emporter par tant de frénésie, et toujours garder à l'esprit qu'être mannequin, c'est un travail fatiguant et exigeant".

Elsa Ponchon (www.lepetitjournal.com/hongkong) jeudi 27 août 2015

Première publication : mardi 10 février 2015

Crédits photos Elegance Models et Wikimedia Commons

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Publié le 26 août 2015, mis à jour le 24 août 2015

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