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MANIF DU 1er JUILLET- "L'élan populaire n'est plus le même"

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 2 juillet 2015

 

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Pour le 18ème anniversaire du rattachement de Hong Kong à la Chine, le camp pro-démocratie et les « localistes » espéraient une nouvelle démonstration de force. Pourtant, la participation enregistrée hier à la traditionnelle manifestation de la fête nationale chinoise a déçu les attentes des militants qui escomptaient une mobilisation comparable à celle de l'an dernier.

Le sujet qui fâche

Le 1er juillet 1997, les Britanniques signaient l'acte de rétrocession de Hong Kong à la Chine, faisant de ce territoire une région spéciale au régime politique et légal particulier dans le cadre du fameux principe cher à Deng Xiaoping « Un pays, deux systèmes ». Démocratique, le système de la R.A.S l'est sans nul doute bien davantage que celui de la mère-patrie. Pourtant, 18 ans après la rétrocession, malgré les promesses chinoises les Hongkongais ne peuvent toujours pas élire directement le chef de l'exécutif.

Le mois dernier, après un cafouillage côté pro-establishment, le Conseil législatif a rejeté la réforme électorale proposée par Pékin, qui prévoyait l'élection de leur premier représentant parmi un casting présélectionné par le gouvernement central, laissant les Hongkongais dans un flou politique. Hier, lors de la cérémonie officielle d'anniversaire, le chef de l'exécutif Chun-Ying Leung a regretté les consignes de vote des députés pro-démocratie et l'issue du scrutin. Dans son discours, il a même cité la Grèce en contre-exemple, arguant que « la démocratie ne serait pas la panacée pour régler les problèmes économiques et sociaux. »

Une mobilisation essoufflée

Pour les pro-démocrates, la traditionnelle manifestation du 1er juillet devait être le premier grand rassemblement des sympathisants depuis Occupy Central. Mais hier, selon le SCMP, ils n'étaient que 48.000 protestataires à défiler sous un soleil de plomb du Victoria Park au Legco à Admiralty contre 510.000 l'année passée.

Drapeaux au vent et micro à la main, la foule était pourtant galvanisée par les chants de rassemblement scandés tout au long de la procession. Malgré la mobilisation des associations pro-démocratie, « l'élan populaire n'est cependant plus le même », avoue Johnson Yeung du Civil Human Rights Front, organisateur de la marche. Si certains attribuent cette baisse d'engagement à une fatigue sociale après la victoire contre le projet de réforme électorale, d'autres pointent du doigt l'absence de leaders et d'objectifs clairs au sein du mouvement.

Des débats sur les réformes à venir

Hier, en fin d'après-midi, après leur arrivée devant les bâtiments du Legco, les manifestants se sont dispersés en petits groupes pour discuter précisément du pas d'après. Pour Raphael Wong Ho-ming, vice-président de la Ligue des Sociaux-démocrates, parti du député Leung Kwok-hung plus connu sous le sobriquet de « Long Hair »-, la victoire des pro-démocrates contre la réforme électorale proposée par Pékin est loin d'être satisfaisante. « La Basic Law doit être réformée pour instaurer enfin un régime démocratique à Hong Kong. », affirme-t-il. « Il faut réfléchir à des solutions durables pour donner au peuple hongkongais le droit d'élire ses représentants sans intervention de Pékin ».

En attendant, l'heure est au soutien et au rassemblement. Le vice-président se tient debout sur l'estrade, micro à la main. Devant lui, des manifestants distribuent des stickers sur lesquels C.Y Leung est caricaturé en cafard, matraque et faucille à la main, une chaussure le menaçant d'une fin tragique. Après les critiques du chef du gouvernement à l'encontre du mouvement pro-démocrate à l'occasion de la cérémonie de levée de drapeau, Raphael est catégorique « C.Y Leung n'a pas la main sur la majorité. Si un référendum avait lieu demain, l'opinion le pousserait vers la sortie ».

Des tensions exacerbées

Plus loin, sous le fly-over de Canal Road, la foule des protestataires se retrouve nez à nez avec des manifestants pro-Pékin. Ceinturés par deux rangés de barricades et des dizaines de policiers, ces derniers arborent fièrement drapeaux chinois et mégaphones face aux militants nationalistes de Civic Passion qui martèlent à leurs opposants de « rentrer chez eux ».

À chaque salve de nouveaux marcheurs, cris et chants de mépris envers les pro-Pékin résonnent. Drapeau chinois épinglé sur son tee-shirt, Annie se défend fièrement : « Nous ne sommes pas nombreux mais nous voulons montrer notre soutien au gouvernement face à ses revendications de prétendue démocratie ». La militante ne souhaite cependant pas s'exprimer quant à l'échec du projet de réforme, préférant narguer la foule des manifestants.

Si la ferveur de la révolution des Parapluies n'était hier pas au rendez-vous de la manifestation, les localistes espèrent quant à eux beaucoup des prochains mois. Déterminés à combattre le pouvoir en place, ils souhaitent toujours donner aux Hongkongais le droit d'élire leur chef sans pour autant avoir de solution définitive sur les moyens pour y parvenir.

Sarah Cestau (www.lepetitjournal.com/hong-kong) jeudi 2 juillet 2015

Crédits photo Serge Chehab

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Publié le 30 juin 2015, mis à jour le 2 juillet 2015

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