Dès onze heures du soir des foules s'attroupent devant le petit temple du Palais de la Fleur de Lotus, Lin Fa Kung, attendant que sonne la cloche de minuit le 26ème jour du premier mois lunaire pour se précipiter pour emprunter de l'argent à Guan Yin, la déesse de la miséricorde bouddhiste.
Etrange pratique qui montre le côté très terre-à-terre des Hongkongais en ce qui touche la religion et l'argent. Derrière l'immeuble où j'habite se trouve un petit temple très joli aux toits incurvés vers le ciel (voir dessin ci-dessus). Il est construit autour d'un gros rocher arrondi qui émerge encore à l'intérieur et dédié à la déesse Guan Yin, une forme féminine en chine du boddhisattva Avalokitésvara apparue durant la dynastie TANG (618?917) quand le bouddhisme indien est passé en Chine. Ses temples sont souvent ornés de motifs d'eau et de lune symbolisant le détachement et la tranquillité. Celui-ci a une façade octogonale ornée d'oiseaux, symboles de grâce et d'élégance et de pêches sur leur branche, deux dieux de la porte y montent la garde. Son toit octogonal est orné à l'intérieur de dragons dorés en relief. Sa statue de Guan Yin enveloppée de voile blanc est très apaisante.
Une foule nocturne de gens hommes et femmes de tous âges ne faisant montre d'aucun recueillement
C'est un soir de l'année passée que je découvris cette foule nocturne de gens hommes et femmes de tous âges attendant l'ouverture du temple, beaucoup ne faisant montre d'aucun recueillement. A mes questions, ils me dirent qu'ils venaient emprunter de l'argent à la déesse afin de réaliser leurs projets annuels. Ils étaient plus d'un millier à attendre leur tour et l'ouverture du trésor. Cet emprunt d'argent est en fait un rituel censé leur apporter bonne chance pendant l'année à venir. Ils offrent prières et bâtons d'encens et paient 45 dollars pour une enveloppe rouge où ils trouveront une somme d'argent inscrite, en général très élevée allant de 30 millions à un milliard, plus la somme est élevée, meilleure sera la bonne fortune. Certains prient pour la réussite des études, la santé de la famille, mais d'autres demandent directement des avantages matériels. L'année d'après ils devront rendre leur emprunt et remercier la déesse par de nouvelles prières et de l'encens brulé. Il y a quelques rituels précis à effectuer. La légende raconte que Guan Yin méditant dut un jour visitée par 500 arhats déguisés en moines. Leur but était de tester sa générosité. Ayant faim, ils lui demandèrent du riz. Elle ouvrit alors sa réserve, et les laissa manger à profusion autant qu'ils pouvaient. Quand ils furent rassasiés, ils partagèrent alors le surplus avec les autres fidèles. Depuis, connue pour sa compassion et sa grande générosité, elle satisfait chaque année ses fidèles en ouvrant ses coffres.
Je compte bien tenter ma chance cette année, le 26e jour devant tomber le 23 février du calendrier géorgien.
Gérard Henry (www.lepetitjournal.com/hong-kong) - lundi 20 février 2017
Dessin de Gérard Henry