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FCCIHK – Rencontre avec Marie-Amélie Hoffmann, présidente du "Women On Board"

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 8 mars 2013, mis à jour le 8 mars 2013

 

En ce 8 mars 2013, journée internationale des femmes, nous poursuivons notre tour d'horizon des comités de la Chambre de Commerce Française de Hong Kong en vous proposant une rencontre avec Marie-Amélie Hoffmann, présidente du comité ?Women On Board?, un comité au service des femmes, composé exclusivement de femmes.

Marie-Amélie Hoffmann est installée à Hong Kong depuis cinq ans pour le compte de la société LVMH. Mariée, sans enfant, son parcours professionnel est riche et international : sept ans à Paris, quatre au Mexique ; employée depuis huit ans chez LVMH, elle a travaillé au préalable chez Unilever, l'Oréal, Guerlain, des expériences complétées de deux ans d'entreprenariat lorsqu'elle vivait au Mexique, dans le domaine de la décoration et des arts de la table, positionnement luxe. Un parcours qu'elle résume ainsi : "avec deux dominantes, huit ans dans les parfums et cosmétiques et maintenant huit dans les montres et joaillerie, et deux ans d'entreprenariat entre les deux".
Elle est aujourd'hui Vice Présidente LVMH montres et joaillerie Hong Kong, Macao et Taiwan, dans une entité qui représente plusieurs marques du groupe : Tag Heuer, Zenith, Chaumet, de Beers plus tout un "back office"; une structure qui emploie localement environ 150 personnes.

Lepetitjournal.com : Quelle est la genèse du Women On Board (WOB), comité de femmes de la FCCIHK ?
Marie-Amélie Hoffmann :
C'est un comité qui existe depuis quatre ans. Il a été initié par Maryse Kraatz lorsqu'elle était directeur général de la chambre. Elle m'avait soumis son idée de créer un "comité femmes? et j'ai trouvé l'idée intéressante. Nous en avons discuté pendant quelques mois pour voir comment le mettre en place : nous avons identifié un certain nombre de femmes que nous souhaitions réunir au sein du comité, des femmes avec une certaine séniorité professionnelle, souhaitant créer un réseau, s'entraider, se développer, des françaises, des Hongkongaises et d'autres nationalités, la seule condition étant quelles soient membres de la chambre. Nous avons finalement créé ce comité en septembre 2009 qui a fonctionné en ?Working Commitee? pendant un an avant de devenir un comité à part entière au bout d'un an. Il compte aujourd'hui un peu plus d'une vingtaine de membres dans un comité "fermé".

Pourquoi ce choix d'un "comité fermé" ?
Nous l'avons voulu ainsi au départ, il existe des critères pour pouvoir entrer dans le comité et il faut que tous les membres qui le constituent soient d'accord de coopter les nouvelles candidates. L'expérience de la Chambre montre que la gestion de comités ouverts se complique avec le nombre qui peut conduire à une baisse d'intérêt, des participants qui viennent ou ne viennent pas, une organisation plus difficile. Nous voulions vraiment un comité où toutes les femmes présentes "mettent la main à la pâte", qu'elles s'impliquent et que ce ne soit pas seulement la chambre qui arrive et offre quelque chose. C'est un choix qui a été fait aussi par d'autres comités, le "comité Luxe" par exemple, pour les mêmes raisons. 
Le WOB est un véritable lieu de travail et d'échanges. Pour bien faire, il faut avoir l'opportunité de se connaitre, de s'investir, d'échanger et c'est plus facile à vingt qu'à quarante. Nous avons eu énormément de demandes de femmes aux profils très différents, aussi bien de jeunes diplômées que de femmes qui ne travaillent pas mais ce n'était pas la vocation de ce comité : il s'adresse a des femmes actives avec déjà une certaine séniorité professionnelle. Les attentes d'une jeune femme qui vient juste de passer ses diplômes ne sont pas les mêmes qu'une femme qui a quinze ou vingt ans d'expérience professionnelle et l'idée du WOB c'est d'avoir un niveau assez homogène, des centres d'intérêt partagés et une base de compréhension commune de femmes engagées professionnellement.

Comment se compose le comité ? A-t-il évolué dans le temps ?
Le comité réunit entre vingt et vingt-cinq femmes. Le turnover est faible : à l'exception d'une femme qui nous a quittée parce qu'elle avait trop de travail, les sept ou huit autres changements se sont imposés par des départs de Hong Kong. En fait, le comité est resté très stable pendant deux ans et nous avons eu une vague de renouvellement à la rentrée 2012 suite à plusieurs déménagements. Les membres du WOB en ont alors coopté de nouveaux en suivant la liste d'attente existante
De façon approximative, le comité est constitué à 30-40% de hongkongaises, 70-60% de françaises auxquelles s'ajoutent quelques autres nationalités (américaine, israélienne, etc.). Tous les domaines d'activités sont représentés : BTP, transport aérien, avocats, finances, luxe, restauration ou le conseil. On trouve également différents niveaux et types de fonctions, fonctions financières, associées, patrons de business unit, etc.

En termes de missions, quels objectifs vous êtes-vous fixés ?
Le WOB est un lieu pour échanger, se retrouver, passer un bon moment ensemble mais aussi pour aider les autres. Nous avons par exemple mis en place un programme de "mentoring" qui associe chacun des membres du comité qui le voulait a une ?mentee? avec l'idée d'aider de plus jeunes femmes à bénéficier de l'expérience et du conseil de femmes plus "seniors".
Nous avons également mis en place le WTP, le Women Talent Pool (Le vivier de talents) pour mettre en relation des femmes sans travail, qui ont de l'expérience, avec des entreprises en recherche de talents.
Nous avons aussi vocation à nous enrichir au travers de conférences en faisant intervenir des femmes exceptionnelles dans ce qu'elles ont réalisé au cours de leurs carrières, des événements ouverts bien évidemment.
Enfin, nous organisons chaque année une "networking night".
Au final l'idée du WOB n'est pas de faire quelque chose d'égoïste et de garder pour soit, l'idée est de travailler ensemble pour pouvoir redonner ensuite : tous les programmes que nous développons (Mentoring, Women Talent Pool) et les événements que nous organisons (conférence, networking) sont pour les autres et partagés. Nous avons à peu près 8 manifestations dans l'année et sur ces 8 manifestations, il y en a peut-être trois qui sont effectivement fermées alors que les 5 autres qui sont complètement ouvertes.

Comment travaillez-vous ?
Pendant l'année, nous n'avons que deux ou trois moments où nous nous réunissons entre nous. Ils nous permettent de créer des liens et de définir ce que nous voulons faire.
Nous nous répartissons les taches, chacune prend en charge quelque chose puis on se téléphone, on décide, il y a des petits sous-groupes qui se créent et nous avançons comme ça.

En tant que présidente du comité, avez-vous avez un rôle particulier ?
Peut-être un rôle de coordination et de communication vis-à-vis de la chambre, un rôle d'initiation de certains projets et puis celui d'animateur et de modérateur pendant nos réunions. Sinon, je fais à peu près la même chose que tout le monde.

Comment s'organise le programme de "mentoring" ?
Les "mentors" sont toutes des femmes du WOB qui sont volontaires, toutes celles qui voulaient l'ont fait.
Du côté des bénéficiaires, les "mentees", nous avons offert ce programme à toutes les femmes de la chambre et comme nous avions plus de mentors que de "mentees" le dispositif s'est mis en place sans nécessiter de sélection. Une quinzaine de personnes bénéficient de ce programme.
C'est un dispositif récent mis en place en novembre 2012 pour la première fois et le suivi durera un an. Pour le moment, les retours sont plutôt positifs.

Et le Women Talent Pool ?
Cette plateforme a été développée pour les femmes qui étaient en arrêt professionnel et les aider à reprendre une activité. Il s'agit d'essayer de mettre en contact des entreprises qui ont des besoins, peuvent proposer des missions ponctuelles, des missions de conseil ou de mi-temps et qui seraient intéressées par des talents et des compétences déjà assez sénior. Ce programme ne s'adresse pas aux jeunes femmes sans expérience mais plutôt aux femmes d'expatriés qui suivent leur mari après un parcours professionnel riche mais qui se retrouvent sans emploi en arrivant à Hong Kong.
L'idée est de faire l'interface et de mettre en contact ceux qui recherchent et ceux qui cherchent.
Initié il y n'a pas tout à fait deux ans, le programme doit encore gagner en visibilité mais il concerne déjà une dizaine de personnes par an qui se placent ainsi.

Dans le cadre de la journée internationale des femmes prévoyez-vous une action particulière ?
Oui mais nous ne le faisons pas le jour même de la journée de la femme pour des questions de calendrier. Nous organisons une conférence débat qui aura lieu le 12 mars, sur les évolutions des femmes et du leadership, une table ronde ouverte à tous les membres de la chambre avec trois femmes de différentes nationalités qui traiteront des évolutions du leadership au féminin.

Vous travaillez avec des femmes d'autres nationalités, percevez vous des différences culturelles sur la condition de la femme, est-ce un sujet que vous abordez ?
Nous l'avons abordé mais ce n'est pas vraiment un sujet à Hong Kong d'autant que nous travaillons toutes dans un contexte assez international. Nous n'avons donc pas essayé d'aller plus loin parce que nous ne voyions pas ce que ça pouvait apporter dans le contexte de la chambre de commerce. Nous abordons plutôt le sujet de la condition de la femme ici à Hong Kong indépendamment de sa nationalité : qu'est-ce qui l'aide et qu'est-ce qui ne l'aide pas ? L'année dernière nous avons par exemple organisé deux interventions ouvertes à toutes les femmes de la chambre avec The Women's foundation sur le Gender Gap Pay, la différence salariale entre les sexes, un sujet très intéressant et très actuel.

Quels éléments souhaiteriez-vous mettre en avant sur ce comité et la femme dans l'entreprise ?
C'est bien d'avoir ce type de comité au sein de la chambre parce qu'il permet à des femmes de créer un réseau, indispensable pour progresser. Sur ce plan, il existe un vrai besoin et le succès de nos ??networking nights'' organisées une fois par an le démontre (nous avons réuni 130 femmes en décembre pour l'édition 2012). C'est quelque chose que les hommes font assez naturellement mais qu'il faut encourager chez les femmes.
On pourrait presque dire que le WOB est un "comité de réseau" parce que c'est sur ce point que les femmes ont du retard par rapport aux hommes, pour des raisons très variées. Bien souvent, elles voient le réseau comme la dernière roue du carrosse, ce n'est pas quelque chose qu'elles font spontanément parce que ça arrive en bas de la liste de leurs priorités. Il se trouve pourtant qu'aujourd'hui, professionnellement, arrivé à un certain niveau c'est le réseau qui fait tout : il a une importance fondamentale. C'est quelque chose que je répète à toutes les femmes que je rencontre : TRA-VAIL-LEZ VOTRE RESEAU, à n'importe quel âge et le plus tôt possible. Il vaut mieux être un peu moins perfectionniste et consacrer un peu plus de temps aux autres pour pouvoir se permettre, le moment venu de les appeler.

Ce comité très spécifique est donc en partie justifié par ce besoin de réseau ?
Oui, ce qui fait la complexité du WOB, c'est que nous ne traitons pas d'un thème en particulier comme "le sourcing/l'approvisionnement" ou "la vente/le retail", des sujets bien délimités qui permettent d'aborder des problématiques d'affaires et de marché. Avec le WOB, nous sommes sur des problématiques de "genres". Les hommes sont souvent intrigués et nous demandent parfois "mais qu'est-ce que vous pouvez bien faire ?". Nous travaillons en fait sur des sujets comme le leadership, le mentoring, des problématiques qui relèvent des qualités interpersonnelles ou du développement et pas tant des affaires.

? mais qui ont un impact sur les affaires ?
Oui, quand les femmes trouvent un équilibre au sein des sociétés quelles qu'elles soient, on remarque qu'elles sont plus performantes. Les femmes sont différentes des hommes et à un moment donné, il ne faut pas vouloir devenir des hommes mais il faut utiliser les avantages et les compétences clés des uns et des autres pour bien travailler ensemble.

Propos recueillis par Sophie Mabru (www.lepetitjournal.com/hongkong) vendredi 8 mars 2013

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Publié le 8 mars 2013, mis à jour le 8 mars 2013

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