DREAMSCAPE – Exposition de jeunes artistes en herbe

Publié le 26 août 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Tin Yan Wong, un jeune artiste en vogue qui s'est découvert une passion pour la sculpture sur bois en dernière année de formation à l'université de Chine de Hong Kong, présente avec son équipe de l'école CreativeKids, une exposition humble par sa taille, mais cruciale dans la révolution culturelle qu'entend enclencher ce jeune entrepreneur artistique

Tin Yan a compris une chose au fil des années, c'est qu'un esprit ouvert à toutes possibilités est en mesure de surpasser toutes limites. L'art est pour lui une façon d'accéder à cette prise de conscience. Il faut d'abord se défaire de toutes ces règles dont la ville de Hong Kong abonde. Il faut se déshabituer à obéir ou à se laisser guider par cet ensemble de règles dans lequel les citoyens ont évolué et se laisser guider par sa propre appréciation de ce qui a de la valeur. Se détacher de la notion de rentabilité, d'utilité déterminée par le seul apport financier.

Tin Yan croit en la valeur ajoutée de la transformation artistique
"Aujourd'hui, dit-il, les gens se contentent d'acheter tout ce dont ils ont besoin, alors qu'ils pourraient recycler des matériaux qu'ils jettent ou ce qui est disponible autour d'eux en de nouveaux articles, utiles ou agréables à regarder. Cela leur donnerait tellement plus de satisfaction de créer eux-mêmes ce dont ils ont besoin, de construire de leurs propres mains". "L'esprit doit se défaire des gonds des restrictions auxquelles il est habitué et redécouvrir son côté joueur, il doit expérimenter, perdre sa peur de mal faire", continue-t-il.

Du haut de ses dix ans d'expérience en tant que professeur chez CreativeKids, et maintenant en tant que Directeur artistique, Tin Yan a remarqué que les enfants et adolescents qui participent aux cours en ressortent, au bout de quelques mois, plus ouverts au monde extérieur, à leur entourage. Ils prennent plaisir à engager la conversation avec leurs parents à partir de leurs observations. "Ils ont bénéficié d'un environnement propice au développement de leur créativité. Malheureusement, le système éducatif ici ne considère pas que l'enseignement des arts soit un retour sur investissement assez important. Les écoles se contentent d'affecter des profs de lettres ou de mathématiques à cette tâche. Les enfants se désintéressent. Or nous, nous voulons que les jeunes explorent. Nous voulons qu'ils soient dans un état d'esprit positif, qu'ils puissent transformer des obstacles en des challenges amusants. "

Selon le professeur, la ville de Hong Kong n'a pas eu le luxe de se concentrer sur autre chose que de faire de l'argent
"L'économie est entièrement tournée vers la bourse. Il lui faut à présent se tourner à nouveau vers la créativité. Les gens doivent reprendre confiance en leur propre appréciation de la valeur des choses." De cette exposition qui avait pour thème le travail, une chose est palpable, le désir de cette jeune génération de le voir comme une activité gratifiante par la diversité des formes qu'elle peut prendre, ou par le bien-être qu'il peut apporter à la collectivité. Nous sommes loin, en effet, d'une perception du travail comme un pensum inéluctable, ou un simple gagne-pain. Un certain réalisme transparait pourtant également car rien d'extravagant dans cette recherche d'équilibre travail-détente de l'un, la mécanique du cycle de la vie pour un autre, ou encore dans cette dernière qui se voit explorer tous ses passe-temps et les projette non sans humour sur la scène professionnelle.

Une jeune étudiante en droit, Chiu Wing Lam, commente sur son ?uvre et le processus créatif: "Cet art me permet de réaliser une partie de mes rêves. Il me rappelle mon potentiel à réaliser mes rêves. Beaucoup de gens à Hong Kong perdent leurs rêves de vue, parfois parce que de gagner leur vie les déroutent. Ils se concentrent trop sur leur travail. Cette ?uvre est très personnelle. L'art est presque thérapeutique pour moi. Il m'aide à définir ce que je veux vraiment faire. Je veux commencer petit avec mes graines et puis grandir. Il y a des fleurs parce que cette création parle de répandre les graines du rêve, et il y a des photos de mes voyages parce que ce sont des sources d'inspiration, puis des photos de mes amis car ils connaissent mes aspirations et mes combats. Je pense que la création de chapeaux pourrait être une perspective à long terme ".

Wear a dream: ?Seed a dream, Bit by bit, Day after day, Sprouting, Heightening, Maturing, Until, It astonishes you, And, Emerges into your, Mind.?

L'exposition Dreamscape a lieu jusqu'au 4 septembre dans le hall d'entrée de Central Plaza.
CreativeKids : http://www.creativekids.com.hk, Tin Yan Wong: http://www.wongtinyan.com

Anne-Sophie Briant (www.lepetitjournal.com/hongkong.html ) vendredi 26 août 2011

Anne-Sophie Briant est une journaliste freelance portée sur les questions de géopolitique, justice sociale, et d'économie. Elle a également rédigé quelques critiques artistiques. Elle écrit pour la presse francophone et anglo-saxonne.