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SAM THE RECORD MAN – Un temple de la musique sur Hong Kong Island

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 2 mars 2016, mis à jour le 2 mars 2016

 

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Niché au 12è étage d'une tour de Causeway Bay, Sam Museum Record  est une véritable perle pour les amateurs de musique, qui tient autant du magasin que du musée. Son propriétaire, l'original et passionné James Tang, s'est équipé d'une technologie de pointe et a collecté à travers le monde nombre de pépites pour éduquer au son et offrir aux curieux un voyage dans l'histoire de la musique en ressuscitant les voix de John Lennon, Elvis Presley ou Louis Armstrong.

Dans l'antre de James, on trouve beaucoup de photos de stars de cinéma des années 1960, un vinyle d'Under Pressure dédicacé par tous les membres de Queen, un autre d'Atom Heart Mother des Pink Floyd, des mèches de cheveux de chacun des membres des Beatles et même un échantillon de ceux du King ! Fétichiste, James Tang qui possède également quelques beaux spécimens de cravates et de lavallières colorées, l'est sans aucun doute. Grâce à ses méticuleuses recherches et à son précieux réseau, ce passionné a accumulé une belle collection d'objets qui ont marqué l'histoire de la musique dont le premier phonographe d'Edison accompagné de ces cylindres sur lesquels on peut encore aujourd'hui enregistrer sa voix.

La pochette du 33 tours Under Pressure (single enregistrée par David Bowie et les Queen en 1981) dédicacée par tous les membres du groupe

« De la musique avant toute chose » *

Mais bien au-delà du cabinet de curiosités, c'est la science auditive de James qui transforme la visite du Sam Museum Record en une expérience mémorable. James poursuit une noble quête : trouver le son le plus proche possible de l'original, comme si l'on était dans un studio d'enregistrement ou dans une salle de concert. Une mission certainement inspirée par les nombreuses heures passées, enfant, à écouter les concerts de rock que donnait son grand frère à Hong Kong.

Pour lui, il en va de la musique comme des grandes ?uvres de peinture. « Si je vois la Joconde au Louvre, je reçois un choc ! Pas si je vois une reproduction. Pareil pour un Picasso, ce que je veux admirer, c'est le coup de pinceau, les défauts, c'est cela qui fait la saveur de l'?uvre ! » James soupire. « Aujourd'hui, on remasterise les albums : on nettoie les bruits, on fait silence, mais ce faisant, on lisse le son ! Or, moi, je veux entendre toutes les inflexions de la voix de John Lennon, même s'il y a des bruits autour ! »

Le millésime japonais le plus ancien

Pour arriver à une telle authenticité, James se concentre sur l'album lui-même. Peu importe, finalement, l'amplificateur ou les enceintes. Depuis trente ans, l'homme collectionne des vinyles, les soumet  à une écoute attentive. Il est ainsi parvenu à un credo radical qu'il assène tout au long de sa démonstration. Il existe selon lui deux grands principes à la préservation du son. Le premier : plus on copie le disque en acétate qui sort du studio d'enregistrement, plus le son perd en qualité. C'est ce qu'il appelle sa théorie des feuilles de thé. « Si vous voulez un bon thé, vous versez de l'eau sur les feuilles, et vous buvez la tasse, vous dégustez. Si vous reversez de l'eau sur les mêmes feuilles vous perdez du goût, des vitamines ! Voici ce qui arrive aux enregistrements de musique ! » Pour avoir le meilleur son, il faut donc trouver l'édition la plus ancienne. Le graal, c'est bien sûr, le disque en acétate lui-même. Vient ensuite le 78 tour qui offre aussi une très bonne qualité, mais qui progressivement a été remplacé par le 45 tour. « On en trouve encore en Inde ! Ce pays a mis beaucoup plus de temps que les autres à s'équiper en tourne-disques modernes ». Le CD n'a, selon lui, d'intérêt que pour la musique récente.

James Tang posant dans le canapé rococo de sa boutique-musée de Causeway Bay

Et pour James, bien sûr, le fin du fin vient du pays du Soleil levant. Les Japonais ont depuis toujours une technologie de compression des vinyles inégalée. Même les Anglais, les Américains et les Français qui les talonnent n'atteignent pas, selon lui, cette qualité nippone. Le propriétaire de Sam Museum Reccord s'engage donc auprès de ses clients à dénicher leurs albums préférés dans leur édition japonaise la plus ancienne.

Le soupir d'Elvis Presley

Mais James a aussi une collection personnelle qui vaut le détour. Ses contacts lui ont permis quelques belles prises. La femme de Nat King Cole lui a ainsi donné des originaux du jazzman. Un ancien producteur de la maison de production des Beatles lui a aussi légué de précieux disques en acétate, dont des versions originales non enregistrées. Confortablement installé dans le canapé rococo du Record Museum, le voyage musical commence. Et derrière les grésillements du vinyle sur la platine, on perçoit effectivement pour la première fois toutes les modulations de la voix de John Lennon sur un original de Strawberry Field Forever, de Let it Be ou d'une version d'Imagine. Plus tard, sur Love me Tender, on entend jusqu`à la langue d'Elvis claquer sur son palet entre deux syllabes, ses doigts glisser sur les cordes de guitare. « Oui ce n'est pas parfait, mais c'est vivant ! » Elvis, en chair et en os !

Le premier phonographe d'Edison exposé chez Sam The Record Man devant un portrait du King

L'appétit des Chinois

La démonstration de James est puissante et son travail, reconnu. Il intervient auprès de la HK University, d'une compagnie spécialisée dans le hifi et envoie ses vinyles dans le monde entier. Cependant, le collectionneur regrette le manque d'engouement des Hongkongais pour la musique. « Depuis dix ans, les gens ici ont perdu la passion de la musique ! » En revanche, James compte de nombreux clients en Chine continentale. Beijing, Shanghai, Guangzhou. « Depuis dix ans, les Chinois se concentrent sur la musique classique. Ils ont désormais l'opportunité d'écouter ce qu'ils désirent. Et comme ils veulent le meilleur vin, ils veulent la meilleure musique. Et ils apprennent ! Ce qui est bien, c'est que les médias chinois encouragent cette découverte. »

Site Web : http://recordmuseum.hk/

Johana Burloux (www.lepetitjournal.com/hong-kong) jeudi 3 mars 2016

*Paul Verlaine

Crédits photos Johana Burloux

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Publié le 2 mars 2016, mis à jour le 2 mars 2016

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