Une vingtaine de chefs d’état et de gouvernement, dont Vladimir Poutine, étaient réunis à Pékin ce mercredi 18 octobre à l’occasion du forum Belt and Road, dans l’optique de promouvoir et discuter des nombreux projets en cours et à venir, tout en critiquant le "découplage" économique amorcé par les pays occidentaux.
Le découplage critiqué par Xi Jinping
Le président chinois Xi Jinping a notamment pris la parole pour “dénoncer les stratégies de découplage”, entreprises par de nombreux pays occidentaux. Les Etats-Unis et l’Australie ont en effet ces dernières années entamé un processus qui pourrait s'apparenter à ce que décrit le président chinois. Pour les officiels européens, il s’agit de limiter la dépendance stratégique européenne vis-à-vis de la Chine et ils parlent plutôt de dé-risquage.
Le ministre des affaires étrangères Wang Yi a appelé à la création d'un organe onusien destiné à la régulation des outils liés à l'intelligence artificielle.
Vladimir Poutine a fait à cette occasion son premier déplacement à l’étranger dans une grande puissance depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par les forces armées russes. Celui-ci a apporté son soutien au projet chinois et rappelé la place centrale que son pays occupait au sein de celui-ci, soulignant l’existence d’un “corridor international sud-nord".
Le président indonésien Joko Widodo a quant à lui appelé à ce que les projets des Nouvelles Routes de la Soie “n’aggravent pas les situations fiscales” des pays concernés. Son pays est le plus grand bénéficiaire en termes de financements, et a vu naître de nombreux projets, notamment un réseau de trains à grande vitesse, mais s'est aussi endetté de plus de 20 milliards de dollars.
Parmi les autres invités, figuraient aussi le Hongrois Viktor Orban, le Serbe Alexandar Vuvic, les présidents kenyan Ruto et argentin Fernandez, ainsi que le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et pakistanais Anwaar ul Haq Kakar.
S’ajoutaient aux dirigeants près de 130 pays, représentés par des officiels de différents niveaux.
Parmi les grands absents, l'Arabie Saoudite et l’Iran, deux pays sur lesquels la Chine compte pour développer sa présence au Moyen Orient, alors qu'un potentiel embrasement de la région menace depuis la reprise des hostilités entre Israël et le Hamas palestinien.
Démonstration de la puissance économique chinoise
Le réseau des Nouvelles Route de la Soie a été lancé en 2013 par le président Xi Jinping, dans l’optique de soutenir et sécuriser les intérêts économiques chinois à travers le monde, par le biais de la construction d’infrastructures et d’échanges culturels. Ces projets se sont depuis étendus aux technologies liées à l'intelligence artificielle et à l'environnement.
A ce jour, 155 pays ont rejoint l’initiative chinoise, dont la quasi-totalité des pays africains, d’Asie, d’Europe de l’Est et d’Amérique latine.
Ce projet n’est pas au goût de Washington qui reste très critique, qualifiant les Nouvelles Routes de la Soie de “debt trap” ou piège de l’endettement. En effet, certains projets représentent un montant disproportionné pour certains pays qui se trouvent dans l’impossibilité de rembourser les prêts accordés, les poussant à céder ces actifs.
Parmi les projets controversés, on trouve notamment le port de Harambota au Sri Lanka, inauguré en 2010, financé par des prêts chinois mais devenu impossible à rembourser pour ce pays. Le port a donc été privatisé en 2017 et loué pour un bail de 99 ans à une compagnie hongkongaise.
Certains experts rejettent cependant l’hypothèse de l’existence d’une stratégie de piège de l’endettement, expliquant que les confiscations sont le résultat d’une mauvaise gestion politique et de la corruption.