À La Petite Ecole, le concept est simple : fournir un enseignement bilingue aux enfants de la crèche au CE2, dans une ambiance décontractée et ludique pour favoriser l’apprentissage par le jeu. Rencontre avec leurs fondateurs, Viviane Salin et Vincent Rosa.
La première antenne de La Petite Ecole a vu le jour à Singapour en 2012. C’est aussi là-bas que Viviane Salin et Vincent Rosa sont expatriés. Le jeune couple s’y est installé il y a douze ans. Viviane fait figure de femme forte, avec ses lèvres rouges et sa chevelure noire qui flotte autour de ses épaules. Vincent, l’air sympathique et bienveillant, plus en retrait, laisse sa femme parler d’une voix claire et dynamique : "Après avoir travaillé en France quelques années, Vincent dans l’audit et la banque, et moi dans la musique et l’évènementiel, nous avons eu envie de découvrir un autre pays. Nous avions une appétence pour l’Asie, de par mes origines", raconte Viviane dont les parents sont chinois de Hong-Kong et d’Indonésie. "C’est une opportunité de travail qui nous a conduits là-bas, mais au départ, cela ne devait pas durer plus de deux-trois ans… Ça s’est un peu prolongé", sourit Vincent.
Quelques années après leur installation, la famille s’est agrandie : les deux compères aimeraient idéalement une école qui dispense un enseignement en français et en anglais pour leurs deux enfants. "Nous voulions à tout prix que la transmission de notre langue et de la culture française perdure, tout en gardant une ouverture sur notre pays d’accueil, explique Viviane. L’enseignement de l’anglais nous paraissait aussi primordial - c’est la langue d’excellence des expatriés."
Mais de tels établissements dès le plus jeune âge, il n’en existe aucun à Singapour, sans compter que Viviane et Vincent n’adhèrent pas forcément à l’éducation singapourienne particulière. "Le lycée français proposait aussi un enseignement bilingue, mais c’était très sélectif à l’époque, les classes étaient prises d’assaut, affirme Vincent. De plus, nous voulions un cadre à taille humaine, familial, plutôt qu’un grand campus."
Qu’à cela ne tienne, ils créeront cette école bilingue "à leur image" avec des méthodes pédagogiques différentes, qui puisse aussi correspondre aux besoins d’autres familles d’expatriés.
"Nous nous sommes lancés dans cette aventure sans être du métier, nous qui étions plutôt entrepreneurs, jamais dans un rôle d’éducateurs", se remémore Viviane. "Construire notre réputation, nous offrir une crédibilité, gagner la confiance, c’était un véritable pari", poursuit Vincent.
La Petite Ecole de Saïgon
Le pari est réussi : en 2013, La Petite Ecole de Singapour obtient l’homologation de l’Agence de l’Enseignement Francais à l’Etranger (AEFE). Le concept innovant d’une école bilingue a un tel succès que Viviane et Vincent décident d’ouvrir leurs antennes à Bangkok en Thaïlande, et Saïgon en septembre 2017. Le cursus débute dès la crèche, avec un programme 60% en français, 40% en anglais.
Un an après sa création, La Petite Ecole de Saïgon compte 107 élèves pour une équipe de dix personnes, dont sept professeurs. Si encore une fois, le succès est au rendez-vous, le chemin n’a pas été facile pour autant ! "On n’était pas dans la même configuration que pour Singapour : on a repris une école déjà existante. Elle perdait ses élèves et n’avait pas bonne réputation. Il a fallu la relancer avec notre propre vision éducative", se rappelle Viviane.
De plus, le rachat de l’établissement s’est fait tardivement, en juin 2017, soit trois mois seulement avant la rentrée scolaire. "La difficulté a été de garder les familles avec nous, de les convaincre de ne pas partir dans d’autres écoles, dit Vincent. En parallèle, nous avions aussi la construction de La Petite Ecole à Bangkok."
Un enseignement bilingue et ludique
Dans toutes les écoles de Viviane et Vincent, y compris celle de Saïgon, le programme dispensé est celui de l’éducation nationale, mais en français et en anglais. "Attention, nous ne sommes pas une bulle franco-française à Saïgon : nous sommes également ouverts sur les cultures locales. Il y a aussi une initiation à la langue vietnamienne." Ainsi, ce joyeux mélange de pédagogies française, anglo-saxonne et internationale est optimisé au mieux pour que les enfants puissent en tirer le meilleur.
Si le directeur de La Petite Ecole de Saïgon d’origine bretonne dirigeait une école à Toulouse, trois des enseignants sont natifs anglophones - deux du Royaume-Uni et une d’Afrique du Sud. De plus, la plupart de l’équipe a déjà eu une expérience à l’étranger. "C’est intéressant d’avoir ces profils là. Il faut qu’ils puissent s’adapter à nos familles d’expat’, tout en fournissant un enseignement en anglais de qualité", commente Vincent.
Au programme : du jeu, des activités qui stimulent l’imagination, la meilleure utilisation possible des nouvelles technologies etc.
"50% de nos élèves sont français ou francophones, reprend-il. 20% sont anglophones et 30% sont vietnamiens. C’est un mélange intéressant mais aussi plein de challenges : il faut pouvoir emmener les Anglophones vers les Français, les purs Francophones vers les Anglais et les Vietnamiens vers les deux, donc ce n’est pas toujours évident", avoue-t-il.
Un autre enjeu pour la suite : développer des partenariats. "Nous aimerions obtenir des échanges avec des écoles locales et internationales", s’enthousiasme Viviane.
Sinon, l’objectif principal reste de consolider leur projet, de le faire grossir. « On a demandé l’homologation de nos deux écoles, à Bangkok et à Saïgon. On saura à la fin de l’année scolaire si notre demande est acceptée", indique Vincent. En attendant, ce dernier continue à travailler d’arrache-pieds pour entretenir ce projet de passion, à la base entrepreneurial. Viviane sur tous les fronts, - après avoir ouvert en juillet dernier The French Academy, un nouveau centre de langues à Kuala Lumpur -, explore les tréfonds de l’éducation technologique : elle espère utiliser le créneau du jeu vidéo pour éduquer les enfants, grâce à une application de calcul mental.