Le Vietnam compte à ce jour cinq groupes d’établissements français : les écoles Boules et Billes, Saint-Ange et La Petite École, et les lycées français internationaux Marguerite Duras et Alexandre Yersin.
Chacun dispose de sa propre association de parents d'élèves, toutes membres de la FAPEE - Fédération des associations de parents d'élèves des établissements français à l’étranger.
Aujourd'hui, nous rencontrons Hugo Catherine, président du bureau du conseil d'administration, pour comprendre leur rôle d'accompagnateur et de coordinateur.
Qu'est-ce que la FAPEE ?
La FAPEE est la fédération d'APE (NDLR : associations de parents d'élèves à l'étranger) la plus représentative : elle couvre environ 60 000 familles, une centaine de pays et 200 associations de parents d'élèves, qui sont gestionnaires d'établissements ou non (dans le cas où c'est l'AEFE qui tient ce rôle).
Le travail de la Fédération est orienté selon trois grandes priorités. Premièrement, l'exigence d'une amélioration continue de l'offre pédagogique proposée par les établissements affiliés dans le monde. Retrouvez leurs « 50 principales propositions » pour faire évoluer le réseau ici.
En deuxième lieu, donner des clés pour assurer une accessibilité économique à l'ensemble des familles. Pour cela, le dispositif de bourses attribuées aux familles de nationalité française permet de financer 100% ou une partie des frais d'écolage en fonction de critères sociaux. Ainsi que le précise Hugo Catherine :
« C'est un soutien très important apporté par l'État français, qui a été indispensable pendant la crise sanitaire et qui l'est toujours dans le contexte actuel d'inflation très forte. Cette année les augmentations de frais de scolarité ont été très conséquentes dans le réseau, cela va sûrement nécessiter une revalorisation de l'enveloppe pour que les montants alloués soient remis à niveau. Plus de la moitié de nos élèves n’est pas de nationalité française donc il est aussi nécessaire de construire d'autres dispositifs de solidarité ».
Enfin, veiller à ce que les parents soient impliqués et représentés à leur juste niveau, que ce soit en matière de partage d'informations mais surtout de co-construction des décisions, quel que soit le statut des établissements.
Dans cette optique, la FAPEE intervient pour défendre les intérêts des parents dans un certain nombre d'instances et pour les conseiller soit directement, soit par la mise en relation de différents parents d'élèves ou APE.
« Le but final, c'est de faire en sorte que les parents soient associés le plus et le mieux possible à la fois à la scolarité de leur enfant mais aussi au devenir de l'établissement » , précise-t-il
« A titre d’exemple, deux sujets sur lesquels on a particulièrement travaillé ces dernières années, c'est le plurilinguisme d’une part – avec notamment le développement des sections internationales – et la prise en compte des élèves à besoins éducatifs particuliers d’autre part. Nous sommes satisfaits de constater que les choses avancent sur ces deux sujets, mais au départ, la force de conviction des parents a été indispensable pour qu'ils deviennent de vraies priorités pour le réseau. », ajoute-t-il
Questions à Hugo Catherine, président de la FAPEE ?
Justement dans votre rapport d'activité de 2021, il est mentionné une différence d'investissement des parents d'élèves en fonction de la zone géographique. Qu'en est-il au Vietnam ?
HC : « Les APE du Vietnam sont particulièrement dynamiques. Les parents qui les représentent sont très impliqués, très investis. Par exemple, en ce qui concerne les deux établissements en gestion directe du Vietnam, il faut rappeler que les APE, donc les parents en fait, gèrent le transport et les fournitures scolaires ; elles aident aussi à constituer les dossiers de bourse, ce qui est une activité primordiale pour de nombreuses familles. Ils ont aussi lancé il y a quelques temps maintenant une initiative tout à fait innovante, qui s'appelle la « cellule d'écoute psychologique jeunesse », en partenariat avec l'école de psychologues praticiens de Paris et avec des associations comme Français du Monde Vietnam. Voilà un bel exemple de ce que peuvent faire les parents. J'ai donc envie de souligner leur mobilisation bénévole, globalement dans le réseau et au Vietnam en particulier, qui est assez impressionnante, leur sens aigu de l'intérêt collectif au service des communautés scolaires et donc des élèves. »
Quelles difficultés spécifiques les enfants expatriés peuvent-ils rencontrer par rapport à une scolarité plus « classique », en France ? Que fait la FAPEE pour les accompagner au mieux ?
HC : « Alors bon, l'ensemble des thématiques qui touchent à la scolarité et au bien-être des élèves dans les établissements en France sont bien sûr valables à l'étranger (NDLR : difficulté à recruter des professeurs, réforme du baccalauréat, orientation sélective...). En plus, il existe d’autres enjeux à l’étranger, comme ceux du multilinguisme ou de la mobilité internationale. Nous organisons des cycles de conférences à destination des parents où nous invitons des experts sur des thématiques pédagogiques, et plus largement sur des enjeux de parentalité liés à ces sujets, notamment à l'adolescence. La FAPEE a beaucoup œuvré pour développer les sections internationales, concernant l’anglais mais aussi la langue locale. C'est très important pour que nos élèves aient la possibilité de poursuivre leurs études en France mais aussi à l’étranger et plus particulièrement localement. Il ne faut pas non plus oublier les familles binationales qui sont extrêmement nombreuses. Le choix de l’enseignement français doit être gagnant - gagnant, en faisant toute sa place à la langue, littérature et histoire locales. Il existe donc souvent des programmes d’échange, des partenariats avec d’autres établissements locaux, des célébrations de rituels et fêtes locales… »
L'importance de la FAPEE pour les jeunes
Quel est le rôle de la FAPEE au moment de l'orientation ?
HC : « Au niveau de la Fédération, ce qui nous importe, c'est de faire en sorte que les élèves puissent avoir une palette de choix la plus large possible entre une poursuite d'études locale, en France ou dans un pays tiers. Pour les filières qui demandent un travail très important de projection, de connaissance des options et de préparation des dossiers, la FAPEE peut aussi accompagner les familles, à travers des partages d'informations, de webinaires et des conférences, pour avoir des informations pratiques sur les échéances, les démarches à mener et pourquoi pas organiser des partages d'expérience entre les différentes APE de différents pays. […] En France, l'université est payante pour les étudiants étrangers. C'est aussi l'une de nos convictions : nous souhaiterions que les élèves qui ont effectué leur scolarité au sein du réseau de l'enseignement français à l'étranger puissent davantage bénéficier de conditions similaires aux élèves qui sont sur le territoire national. Globalement, nous pensons aujourd'hui que les outils concernant l'orientation doivent être affinés, pour permettre un suivi sur plusieurs années. »
Un mot sur l'impact de la crise sanitaire sur la scolarité au Vietnam ?
HC : « La période du Covid a été particulièrement critique au Vietnam avec plusieurs fermetures sanitaires des établissements, la plus longue a duré 9 mois, et s’est achevée en février 2022. La fermeture des frontières a eu des répercussions économiques et psychologiques très importantes sur l'ensemble des familles.
Pour faire face à cette situation, la FAPEE, avec les associations locales, s’est mobilisée, notamment à travers des commissions sociales, pour mettre en place des programmes d'aide alimentaire durant le confinement. Elle a interpellé dès le mois de février 2020 le gouvernement français pour la mise en place d’un plan d’urgence en soutien des familles françaises, étrangères et des établissements. La FAPEE a aussi œuvré fortement pour accompagner les APE sur la mise en place des enseignements à distance puis en mode hybride.
Une consultation en cours sur les établissements français à l'étranger
Parent d'élèves ou autre acteur du secteur de l'éducation à l'étranger, sachez qu'une consultation est en cours, menée par le Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, pour « dresser un bilan à mi-parcours du Plan de développement de l'enseignement français à l'étranger ». La FAPEE est bien entendu impliquée dans les différentes réunions et groupes de travail : pédagogie, moyens de développement et financement du réseau, appartenance des élèves au réseau. La restitution aura lieu cet été, et permettra « d'ouvrir des pistes d'amélioration et d'ajustement pour assurer l'atteinte de résultats ambitieux ».
Sur le même sujet
