De minuscule trappes dissimulées sous le feuillage, des boyaux sombres et étroits formant un vaste labyrinthe. A eux seuls, les tunnels de Cu Chi disent bien à quel point les combattants du Front national de libération étaient aussi redoutables que déterminés. Véritable village souterrain, le réseau souterrain de Cu Chi n’a jamais été détruit. Les soldats américains auront pourtant tout essayé pour en venir à bout, mais en vain ... Aujourd’hui, cinquante ans après la guerre, les tunnels sont toujours là, témoins de la lutte héroïque de tout un peuple.


C’est pendant la première des guerres d’Indochine, entre 1946 et 1948, que les maquisards des communes de Phuoc Vinh An et Tan Phu Trung se mettent à creuser des tunnels. Il s’agit alors de stocker des armes et s’embusquer en cas d’incursion de soldats français… Celles-ci sont relativement fréquentes car la région, celle de Cu Chi, n’est qu’à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Saïgon.
Il faudra attendre le début des années 1960 pour que le réseau s’étende considérablement au point de devenir une véritable base stratégique. On en est alors aux débuts de la seconde guerre d’Indochine. Le Vietnam est, depuis 1954, divisé en deux, à hauteur du 17e parallèle. Dans la partie sud, le Front national de libération est de plus en plus actif, mais il doit faire face à la présence accrue de l’armée américaine, venue prêter main forte aux réguliers de la République du Vietnam qui est le régime officiellement en place à Saïgon.
Les tunnels de Cu Chi vont bientôt s’étendre de la périphérie de Saïgon jusqu'à la frontière avec le Cambodge, formant un vaste réseau labyrinthique de près de 250 kilomètres ! Ils deviennent rapidement essentiels aux combattants du Front national de libération, les Viêt-Cong. Ils vont par exemple leur servir de base principale pendant l’offensive du Têt de 1968, qui passe pour être le tournant de la guerre.
Des trappes sous la terre
Comment y accédait-on, à ces tunnels ? Par des trappes, tout simplement. Mais des trappes tellement minuscules et si bien camouflées sous une épaisse couche de terre et de feuillages que bien souvent les soldats américains passaient dessus sans s’en apercevoir…
Les GI avaient néanmoins des chiens renifleurs qui auraient pu débusquer les Viêt-Cong, si ces derniers n’avaient pas utilisé des morceaux d’uniformes américains pour les tromper… Terrifiante ingéniosité vietnamienne, désarmante de simplicité et d’efficacité.
Accès à tout un monde souterrain
Entrons maintenant dans les tunnels. Mieux vaut ne pas être claustrophobe ! Les boyaux sont très étroits et ne permettent qu’à une seule personne de s’y faufiler (Et encore… à condition d’être d’une maigreur de temps de guerre !) en courbant le dos.

Le réseau, construit en zigzag, s’étend dans toutes les directions et descend parfois jusqu’à 12 mètres de profondeur. Plusieurs petits tunnels partent des tunnels principaux et donnent accès à des hôpitaux, à des quartiers d’habitation, à des cuisines, à des abris anti-bombes, à des théâtres, à des écoles, à des fabriques d’armes... Une véritable ville souterraine, vous dit-on !
La fumée des cuisines ? Evacuée à travers de longs conduits qui débouchent une centaine de mètres plus loin, sous des tas de feuilles... Les bouches de ventilation ? Déguisées en termitières ou camouflées par la végétation. Et le plus beau, c’est que certains tunnels passaient sous des bases américaines.
Pour héroïque qu’elle fut, cette existence souterraine n’avait rien d’enviable. Outre l’absence de lumière du jour (certains combattants seront restés ainsi enterrés plusieurs mois durant…), l’air, la nourriture et l’eau étaient rares. Quant à la maladie, elle était omniprésente, en particulier le paludisme, qui, après les blessures de guerre, aura été la deuxième cause de décès.
Il n’empêche. Les soldats américains s’y seront cassé les dents, y compris les “rats de tunnels”, un commando d’élite spécialement créé pour la circonstance, qui n’aura réussi à mener qu’une petite dizaine d’incursions, toutes aussi infructueuses les unes que les autres.

En cela, les tunnels de Cu Chi résument assez bien le problème posé par les combattants du Viêt-Cong aux Américains, qui est en gros le même que celui posé par les Vietminh aux Français durant la première guerre d’Indochine : celui d’une guérilla populaire, qui défie toutes les lois de la guerre conventionnelle, et face à laquelle les préceptes de West-point ou de Saint-Cyr ne valent rien.
Désormais une attraction touristique
Aujourd’hui, les tunnels de Cu Chi participent pleinement à la mythologie de la guerre du Vietnam. Ils symbolisent la pugnacité d’un peuple prêt à tous les sacrifices pour défendre sa liberté et son indépendance…
Mais ils constituent aussi une attraction touristique qui vaut le détour, pour peu que l’on se trouve à Ho Chi Minh-ville. Qu’on se rassure, les boyaux ont été élargis de façons à permettre aux visiteurs étrangers de s’y mouvoir ! Sinon, outre la visite proprement dite, plusieurs attractions sont au programme, sur le mode ludico-guerrier… De quoi se donner des frissons et faire quelques belles photos pour alimenter son compte Instagram !
Pour plus de renseignements : http://en.diadaocuchi.com.vn/
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