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Hô Chi Minh-Ville : à la rencontre des Amis des Enfants de la Rue

Dans le cadre d’une rencontre avec un groupe d’étudiants français, le Petit Journal a pu découvrir l'orphelinat des Amis des Enfants de la Rue, à Hô Chi Minh-Ville. Depuis 1984, ce groupement de centres d’accueil prend soin de plusieurs centaines d’enfants issus de familles trop démunies pour leur offrir une éducation et un avenir confortable. Presque exclusivement grâce aux dons qu’elle reçoit, cette structure prend en charge l’intégralité des besoins essentiels des enfants, en particulier les repas et frais de scolarité.

Hô Chi MInh-Ville : à la rencontre des Amis des Enfants de la RueHô Chi MInh-Ville : à la rencontre des Amis des Enfants de la Rue
Écrit par Gaultier Mezergue
Publié le 27 juin 2025

En 1984, un prêtre vietnamien ayant fait son séminaire en France et une japonaise fortunée fondent ensemble les “Amis des Enfants de la rue” (Friends for Street Children (FFSC) en anglais) à Hô Chi Minh-Ville, marqués par la misère de nombreux enfants qui s'improvisent marchands ambulants dans les rues de la ville. Le premier centre, ouvert en 1989, est rapidement suivi de deux autres inaugurés en 1991. Depuis, de nouveaux projets et structures ont pu voir le jour, portés par la Congrégation Dominicaine dont les FFSC font partie depuis 1988, grâce à des soutiens importants (en particulier des dons), essentiels pour mener à bien leur mission. 

Les Amis des Enfants de la Rue viennent généralement en aide aux familles de la campagne venues en ville pour y trouver une vie meilleure. Lorsqu’elles n’ont pas les moyens d'offrir à leur enfant une éducation digne de ce nom, elles peuvent ainsi faire appel à de tels organismes, dont le premier critère pour accueillir un enfant au centre est d’ailleurs l’impossibilité pour lui d’être inscrit à l’école publique, faute de domicile fixe.

L’éducation comme principal moyen d’insertion

Au sein des centres, l’éducation est au cœur de l’accompagnement des enfants, car elle est considérée comme la clef de l’ascenseur social, de la réussite, et plus largement d’une bonne intégration dans le monde du travail. 

 

L’éducation comme principal moyen d’insertion
(Photo : Facebook | @Friends for Street Children)

 

Les enfants sont donc accompagnés dans le cadre de leur enseignement, et bénéficient même de cours complémentaires qui leur permettent de rattraper leur retard, afin de pouvoir intégrer le parcours éducatif de l’école publique vietnamienne. Le centre fournit à cette occasion tous les efforts nécessaires, des frais de scolarité divers aux fournitures, sans oublier les repas. 

Si les enfants sont trop âgés pour bénéficier de l’enseignement primaire de l’école publique, les FFSC leur offrent alors des cours essentiels pour se frayer un chemin sur le marché du travail, comme des cours de mathématiques ou des cours de langue. 

Certains enfants, abandonnés par leurs parents, restent ainsi au centre jusqu’à leur majorité et bénéficient de l’accueil et de l’accompagnement éducatif de tous les bénévoles et personnels des FFSC. 

À ces fins, les FFSC disposent de plusieurs locaux et structures pour préparer au mieux les enfants à leur avenir. L’organisation ne compte pas moins de trois écoles primaires, qui accueillent chacune entre 200 et 250 enfants. Une soixantaine d’élèves poursuivent par ailleurs leurs études dans le secondaire, et quelques-uns parviennent même à intégrer le monde universitaire, dans une voie qui s’annonce alors prometteuse.

Un réseau de solidarité international

Si plusieurs centaines d’enfants peuvent bénéficier de cet accompagnement multiforme, de leur accueil jusqu’à leur éducation, c’est pour l’essentiel grâce à un réseau de donateurs et bénévoles issus de tous les pays. 

En effet, 90% des fonds des FFSC proviennent des dons, pour l’essentiel d’entreprises mais aussi de particuliers. La majorité des dons perçus au bénéfice des Enfants de la Rue proviennent d’ailleurs de France, à hauteur de 60% du montant total : ces chiffres s’expliquent par des liens historiques importants (le fondateur de l’organisation avait été séminariste en France), mais aussi par une plus grande sensibilité des acteurs français aux projets éducatifs. Le reste des dons proviennent surtout du Japon et, bien sûr, du Vietnam. 

Le fort développement économique du pays et l’internationalisation de Hô Chi Minh-Ville a ainsi permis d’accroître le réseau de solidarité constitué autour des FFSC, toujours à la recherche de fonds pour mener à bien ses missions, au bénéfice du plus grand nombre d’orphelins possible. 

Des rencontres pour redonner confiance

Centre principal des FFSC, situé dans le quartier de Thu Duc. 

C’est ce week-end que Le Petit Journal a découvert l’orphelinat des Amis des Enfants de la Rue, à l’occasion d’une rencontre entre les enfants du centre et un groupe de Français venus de Brest, étudiants en université et en école d’informatique.

 

Centre principal des FFSC, situé dans le quartier de Thu Duc
Centre principal des FFSC, situé dans le quartier de Thu Duc

 

Cette visite s’inscrit dans un projet solidaire porté par Claude Vo, professeur d’informatique d’origine vietnamienne, enseignant au lycée et à l’université à Brest, qui s’investit chaque année avec énergie pour organiser ces échanges et mobiliser les financements nécessaires pour permettre aux enfants de l'orphelinat d’échanger au mieux avec les étudiants brestois.
Au programme : jeux, repas, échanges nombreux, excursion vers la ville côtière de Vung Tau et, bien évidemment, beaucoup de karaoké. 

Ce rendez-vous, maintenant annuel et très attendu des enfants impatients de retrouver leurs amis français, est surtout l’occasion pour les orphelins de s’émanciper et de grandir. 

Selon la directrice exécutive des FFSC, Mme Huyen, cette rencontre représente en effet une occasion précieuse pour les enfants de prendre confiance avant tout. Ces “simples orphelins” sont touchés de recevoir la visite d’étudiants français venus de l’autre bout du monde. “Ils manquent certes d’attention matérielle, mais également d’attention affective”, souligne-t-elle.

Malgré l’engagement de structures comme les FFSC, Hô Chi Minh-Ville compte encore plus de 11 000 enfants en situation de grande précarité, contraints de travailler pour survivre, souvent sous-nourris et hors du système scolaire. La mission entamée depuis 1984 par Les Amis des Enfants de la Rue est loin d’être achevée. Pour qu’elle puisse se poursuivre et s’étendre, le soutien des donateurs, des institutions et des citoyens reste plus que jamais nécessaire, afin que ces enfants quittent la rue pour gagner les bancs de l’école.

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