Le Vietnam, terre d’accueil prisée par les expatriés, attire par son coût de la vie relativement bas. Mais derrière cette apparente accessibilité, les réalités économiques locales et les disparités salariales révèlent un tout autre visage.
Lorsque vous arrivez au Vietnam, il est naturel d’être surpris par le coût de la vie, qui peut sembler relativement bas. Pourtant, il est essentiel de rappeler qu’il faut remettre ce coût en perspective par rapport aux salaires locaux. Thomas [dont le nom a été modifié par souci d’anonymat], expatrié depuis plus d’un an à Hanoï, a voulu tenter sa chance dans la restauration, en pleine remise en question professionnelle.
« Cela m’a permis de me rendre compte de ce que coûtaient vraiment les choses au Vietnam. J’étais payé 42 000 dongs de l’heure, soit un peu moins de 2 euros. La moindre dépense devenait alors un casse-tête », explique-t-il. Un bún chả coûtant 50 000 dongs représente donc un peu plus d’une heure de travail.
"J’étais payé 42 000 dongs de l’heure, soit un peu moins de 2 euros."
« Travailler dans un café en tant que job étudiant me rapportait 23 000 dongs de l’heure, donc un peu moins d’un euro. J’effectuais 20 heures par semaine et je repartais avec 70 euros par mois », explique une employée d’un café du centre-ville d’Hanoï. Bien sûr, les jobs manuels rapportent moins que les emplois qualifiés, et tout dépend du lieu où vous travaillez.
Selon les dernières études du Département général des statistiques vietnamien, à Hanoï, le revenu moyen était de 10,7 millions de dongs, en hausse de 6,6 % par rapport à l’année précédente. Le revenu médian dans les zones rurales est nettement plus faible. Dans des régions comme Sơn La, Lạng Sơn et Cao Bằng, les salaires atteignent en moyenne 5,6 millions de dongs par mois.
Le prix des logements et de la restauration
"Beaucoup de gens pensent que les Vietnamiens mangent tout le temps au restaurant parce que c’est moins cher."
Pour un studio, les étudiants vietnamiens doivent compter environ 3 millions de dongs par mois, soit 115 euros. Une famille souhaitant louer un logement avec deux chambres doit prévoir en moyenne 6 millions de dongs par mois.
« Beaucoup de gens pensent que les Vietnamiens mangent tout le temps au restaurant parce que c’est moins cher. C’est vrai qu’on cultive beaucoup l’image de la street food, et qu’énormément de personnes préfèrent manger rapidement dans la rue. Mais la plupart des étudiants cuisinent chez eux et emportent des lunch boxes lorsqu’ils partent à l’université. Les personnes qui travaillent dans des entreprises ont aussi ce genre d’habitude », explique Ngoc Vu, étudiante à l’université nationale d'économie d’Hanoï.
Les nombreux restaurants situés dans les quartiers expatriés ou encore dans le centre-ville touristique proposent parfois des formules à plus de 200 000 dongs. Pour une formule à ce prix, il faut compter presque 10 heures de travail au salaire minimum vietnamien. Un smoothie à 100 000 dongs représente 5 heures de travail au salaire minimum.
C’est bien connu, à Hanoï, la plupart des expatriés travaillent en tant qu’enseignants ou dans le milieu de l’éducation. Les salaires s’échelonnent entre 27 et 50 millions de dongs par mois pour 20 heures de travail par semaine. Attention, il faut également prendre en compte que le coût de la vie dans les quartiers d’expatriés est plus élevé que dans d’autres zones plus locales. Louer un T3 ou un T4 à Tây Hồ, principal quartier des expatriés, revient à payer entre 10 et 15 millions de dongs par mois en moyenne.
D’année en année, le pouvoir d’achat des Vietnamiens tend à évoluer positivement. Il est cependant important de garder en tête que certains produits, qui peuvent nous paraître bon marché dans ce pays en développement, ne le sont pas forcément lorsque l’on est soumis aux réalités du marché du travail vietnamien.