Lorsqu’un architecte suisse se lance dans la conception d’un accessoire à l’apparence banale mais à l’utilité illimitée à Hanoi, notre rédaction a voulu en savoir plus et découvrir ce qu’il se cache derrière l’urban blanket…
A l’arrière d’un hôtel de Hanoi, caché de la rue, Nicolas Moser attend une livraison de sable pour un shooting photo. Drôle de remue-ménage entouré de grands tuyaux bruyants et de générateurs d’électricité. L’homme déploie alors d’immenses photos sur un portant. L’une représente un parc, l’autre une plage, l’autre encore un passage piéton. A côté de lui, Joseph Gobin, photographe spécialement venu de France, prépare son matériel. Nicolas déroule le tapis vert ou plus exactement des morceaux de gazon devant la photo d’un parc de Tokyo. Au loin, les mannequins du shooting arrivent. Mais ce ne sont pas les stars du jour…
Shooting insolite d’une couverture urbaine à Hanoi
Nicolas sort de son sac des grandes couvertures colorées : « Voici les stars, les couvertures urbaines ! Je vous vois venir, ce ne sont pas de simples bouts de tissus, mais beaucoup plus que ça » confie-t-il en vérifiant que les mannequins se préparent rapidement dans la fraîcheur de Hanoi.
Nous décidons d’observer le shooting photo pour mieux comprendre. Deux mannequins s’installent sur une couverture rouge, un panier de pique-nique à côté d’eux. Ils sourient à l’objectif. Puis, un homme met un casque sur les oreilles et prend la pause sur une couverture grise. Clic Clac, on enchaîne. Une femme s’assoit sur une couverture bleu foncé, ordinateur vissé sur les genoux.
Le sable arrive enfin. Nicolas Moser se munit de sa pelle, enlève le gazon et étale les grains devant le portant qui, lui aussi, change d’ambiance. La plage de Hong Kong à Hanoi ! Les mannequins savent que le maillot de bain va être de rigueur alors qu’il fait à peine 15°C à Hanoi. La dure réalité du métier…Une couverture blanche est déposée sur le sable, une mannequin « bronze », tête à l’envers. On s’y croirait. Puis, un mannequin retrousse son pantalon et tient une poussette recouverte d’un tissu bleu ciel. Une jeune femme prend le relai et s’installe sur une couverture rose qui lui sert de tapis de yoga. Clic Clac. « J’ai voulu recréer une atmosphère urbaine autour d’activités professionnelles mais aussi de la détente seul ou entre amis » explique Nicolas.
Pourquoi l’arrière d’un hôtel ? « Avec Joseph, nous sommes fascinés par l’espace public. L’hôtel, c’est un peu le théâtre d'une multiplicité d'événements, d'activités, de vies, d'interactions complexes et de moments, vous ne trouvez pas ? »
Dernière ligne droite. L’équipe installe des planches grises et blanches au sol devant le portant. Le fond se transforme, nous sommes à Séoul. Un homme traverse la rue animée, sacoche à la main et couverture grise sur les épaules. Nicolas tient une perche pour donner plus de lumière à l’image finale.
Quelques clichés encore, le shooting aura duré presque toute la journée. Joseph et Nicolas regardent rapidement l’écran de l’appareil. Sourires et satisfaction d’un travail accompli… « Nous voulions montrer que la ville est à nous, qu’avec une couverture, nous pouvons nous réapproprier l’espace urbain, dans un parc ou dans la rue. » Mais au fait, qui sont ces fameuses stars ?
Qui es-tu « urban blanket » ?
Nicolas est architecte. Il vit avec sa famille au Vietnam depuis 15 ans. Avec ses collègues, Armand et Victor, il aime prendre le temps d’imaginer des concepts d’objets ou d’accessoires, puis les dessiner. Un soir de 2011, ils réfléchissent à un élément multifonction et tout-terrain, que Nicolas utilise déjà parfois en natte, en poncho ou en couverture. L’idée prend forme. Nicolas, fasciné par le marché aux tissus à Hanoi, se lance dans la conception de quatre éditions aux matières différentes. Vie privée, vie urbaine, intérieur ou extérieur, sur ou sous soi, il conçoit des couvertures plus ou moins épaisses et colorées. Malley, Kallang, Asok, Goya éditions… il y en a pour tous les goûts et les besoins. En 2020, il quitte l’agence chez qui il travaille, monte la structure Multiply Office et se lance dans des projets d’architecture, de recherche et de design.
« La couverture urbaine est l'un des symboles de la philosophie de Multiply Office. En fait, c’est plus qu'une simple couverture, c’est un élément important d'un ensemble plus vaste. C’est un accessoire qui permet de se réapproprier l’espace public, C’est un habit, un moyen de rencontrer l’autre. C’est une protection de sa vie privée ou de son corps, et pourquoi pas un mobilier urbain, comme lors des scènes du parc. C’est aussi un outil pour une expérience comme lors du yoga à la plage. Bref, la couverture urbaine est pour moi une extension de notre espace de vie. » explique le fondateur de Multiply Office.
Depuis sa création, l'urban blanket se met en scène et se dévoile selon l’inspiration de Nicolas Moser et Joseph Gobin : A Hong Kong avec une couverture de 15 mètres suspendue partout dans la ville, lors d'un pique nique au fond d'une piscine...ou plus récemment à l'arrière d'un hôtel hanoïen.
A la fin du shooting, avant de reprendre sa casquette d'architecte puis celle de père de famille, Nicolas Moser tente un jeu de mots subtil pour conclure la journée : « Finalement, l’urban blanket a un tel potentiel qu’elle peut tisser des liens entre nos différents mondes, nos différentes vies… »
Retrouvez les photos du shooting photo à Hanoi ici
Pour plus d'informations sur l'urban blanket, par ici
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