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Une Arlésienne à la sauce hanoïenne : retard du métro de la capitale du Vietnam

La capitale ne cesse de se développer, de s’agrandir et de se moderniser. La ligne de métro Nhon-gare de Hanoï (ligne 3) serait tout à fait emblématique de cette frénésie de développement si son achèvement n’avait pas été repoussé à sept reprises en l’espace de 17 ans, laissant certains quartier à l’état de chantier permanent, au grand dam des habitants !

Retards du métro de la capitale du VietnamRetards du métro de la capitale du Vietnam
Écrit par Lepetitjournal.com de Hanoi
Publié le 5 octobre 2023, mis à jour le 6 octobre 2023

La ligne sera longue de 12,5 kilomètres (8,5 kilomètres de ligne aérienne et 4 de ligne souterraine) et comptera 12 stations, au total. Elle traversera les arrondissements de Nam Từ Liêm, Bắc Từ Liêm, Cau Giay, Dong Da, Ba Dinh et Hoan Kiem.  

Si l’on consulte Wikipédia, il est dit qu’elle doit entrer en service en 2023. C’est sans doute là que le bât blesse, car les travaux ont débuté il y a une bonne quinzaine d’années, et d’ajournements en ajournements, ils n’en finissent plus de finir, faisant de cette ligne 3 une sorte d’Arlésienne à la sauce hanoïenne.

Un projet de - très - longue date

C’est en 2006 que le projet a été lancé, avec un investissement initial de plus de 783 millions d’euros. Il était alors prévu que les travaux fussent achevés en 2010 ! Le problème, c’est qu’ils ont débuté en 2010 ! Le gouvernement avait alors demandé à Hanoï et au conseil de gestion des chemins de fer métropolitains (MRB) de déplacer le curseur à 2015, et de tenir ce nouveau délai.

Où en est-on, aujourd’hui, soit 17 ans après le lancement du projet ? 76,5% des travaux ont été achevés. La section aérienne, qui va de Nhon à Kim Ma est même achevée à 99% et sa mise en service, bien qu’ayant été retardée à quatre reprises, pourrait avoir lieu d’ici la fin de l’année, assure MRB.

Pour ce qui est du tronçon souterrain, qui va de Kim Ma à la gare de Hanoï, on n’en est par contre qu’à 33%.

Le délai d’achèvement a donc été repoussé encore une fois par le gouvernement qui, de guerre lasse, a consenti une augmentation de son investissement, qui sera passé de 18.000 à 34.800 milliards de dôngs. Si ce nouveau délai (2027) est tenu, Hanoï pourra se targuer d’avoir eu besoin de 21 années pour construire une ligne d’une petite douzaine de kilomètres : on tient les records qu’on peut, et les fameux 107 ans qu’il aura fallu pour édifier Notre-Dame de Paris sont encore loin, après tout.
 
Mais pourquoi tous ces retards ? Pour Le trung Hieu, le directeur adjoint de MRB, il y a deux raisons principales : les problèmes liés à la libération des terrains, et ceux liés aux entrepreneurs. Dans certains cas litigieux, il aura fallu plusieurs années pour dégager certains tronçons.

A cela s’ajoutent des données pédologiques et techniques : pas facile de creuser des lignes souterraines avec un tel enchevêtrement de canalisations et de câbles.

Les aides publiques au développement sont elles aussi un facteur de complexité. Dans le cas de la ligne 3 du métro de Hanoï, elles proviennent de différentes sources (gouvernement français, Banque européenne pour la reconstruction et le développement, Banque asiatique de développement) et chaque prêt est assorti de contraintes particulières.

Toujours est-il que ces retards pourraient finir par coûter à Hanoï près de 6.000 milliards de dôngs.

Un métro qui semble ne jamais devoir aboutir

Les personnes qui résident sur le tracé de la ligne, elles, n’en peuvent plus de cette situation.

Celles qui se trouvent sur les 4 kilomètres reliant Kim Ma à la gare de Hanoï, notamment, subissent des nuisances continues. De l’aveu même des autorités locales, au moins 50 bâtiments ont été touchés et près de 230 foyers se retrouvent empêchés d’accéder aux grands axes de circulation de la ville par des palissades.

Des plaintes ont d’ailleurs été déposées auprès de la Banque Asiatique de développement, qui soutient donc le projet. Force est de constater que jusqu’à présent, les quelques indemnisations qui ont été versées ça et là, étaient bien maigres, pour ne pas dire dérisoires.

La rue Kim Ma, qui est tout de même l’une des plus fréquentées de la capitale, est en passe de devenir l’une des plus impraticables. Beaucoup de personnes ont vendu maisons et magasins, parfois à perte, excédées par la longueur des travaux. Et c’est sans parler des embouteillages homériques qui résultent du chantier et qui font de ce quartier un véritable enfer aux heures de pointe.

2027 ? On se prend à rêver... En attendant, les palissades, elles, ont encore de beaux jours devant elles, et Hanoï n’en a pas fini d’avoir des allures de chantier perpétuel, d’autant que les projets ne manquent pas !

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