C’est officiel ! La Fédération vietnamienne de football (VFF) l’a annoncé ce lundi : le Français Philippe Troussier, 67 ans, vient de signer pour au moins trois ans comme sélectionneur de l’équipe nationale du Vietnam. Il succède ainsi au sud-coréen Park Hang-seo, qui était à la tête de la sélection depuis 2017, avec pour principale ambition de réussir à qualifier le Vietnam pour la coupe du monde, ce qui, pour le coup, serait historique !
Des défis, celui qui a gagné le surnom de « sorcier blanc » en Afrique, en a relevé d’autres… Et celui qui l’attend au Vietnam ne semble pas l’intimider… « Je serai seulement un guide. Si nous sommes unis et que nous faisons le maximum d'efforts, alors le football vietnamien pourra le faire », a-t-il déclaré dans la foulée de sa nomination.
Philippe Troussier n’est pas en terrain inconnu, au Vietnam, loin s’en faut. Il a en effet entraîné l’équipe nationale des moins de 19 ans entre 2019 et 2021. Autant dire qu’il connaît bien les arcanes du football vietnamien. La fédération, elle, a donc décidé de miser sur son charisme, en lui confiant les destinées de la sélection nationale, mais aussi celles des moins de 23 ans et des moins de 22 ans…
Pour l’instant, le Vietnam pointe à la 96e place du classement de la FIFA. Le prochain grand rendez-vous est pour l’été prochain au Qatar : ce sera la coupe d’Asie, l’occasion, pour le nouveau sélectionneur, de marquer les esprits… Philippe Troussier est du reste habitué à endosser le costume de l’homme providentiel : c’est un rôle qui lui sied à merveille et qu’il a déjà tenu avec brio, dans le passé, notamment en Afrique puis au Japon, où il a atteint les huitièmes de finale de la coupe du monde en 2002, ce qui lui vaut d’avoir sa statue dans un musée de Tokyo et d’être le modèle d’un personnage de manga !
Un véritable globe-trotter du football…
D’abord joueur dans des clubs français de seconde division (1974-1983), Philippe Troussier troque assez rapidement le maillot de défenseur contre le costume de l'entraîneur, d’abord en France, puis en Afrique, où il passe une bonne décennie, notamment en Côte d’Ivoire (il est naturalisé ivoirien en 1990). Il y remporte trois titres consécutifs, entre 1990 et 1992, avec l’ASEC Mimosas d’Abidjan (et bat au passage un très joli record d’invincibilité : 105 matchs consécutifs !) avant de prendre la tête de la sélection nationale. C’est à cette époque qu’il se voit attribuer le surnom de « sorcier blanc »… La suite de sa carrière le fait voyager en Afrique du Sud, au Maroc (où il se convertit à l’Islam et se fait ajouter le prénom « Omar »), au Nigéria, au Burkina-Faso, puis à nouveau en Afrique du Sud, dont il est le sélectionneur pour la coupe du monde de 1998. C’est au sortir de cette coupe du monde qu’il se voit confier les rênes de la sélection nippone, avec la redoutable mission de préparer la coupe du monde 2002 à domicile, mission dont il s'acquitte avec brio… La suite est plus décousue. Après une expérience qui tourne court à la tête de l’Olympique de Marseille, Philippe Troussier cherche à prendre un nouveau départ et donc une nouvelle terre d’asile… C’est finalement en Asie, après maintes pérégrinations, qu’il finira par se faire une place, notamment en Chine (Shenzhen, Hangzhou), puis… au Vietnam.
… viticulteur à ses heures
C’est lorsqu’il était au Japon que Philippe Troussier a découvert l’œnologie. Dès lors, le vin sera son violon d’Ingre… Mais l’homme n’est pas du genre à faire les choses à moitié et tant qu’à s’intéresser au vin, il en produit : du Saint-Emilion, pour être précis. « Je fais appel à des prestataires extérieurs pour le travail dans les vignes, pour la vinification, je reste donc un peu coach », explique-t-il bien volontiers. Pour le vin comme pour le football, Philippe Troussier vise l’excellence. Témoins les trois nectars de première qu’il produit : le Sol béni (du nom de l’académie de football où il a travaillé en Côte d’Ivoire), le Grain bleu et le Coup du chapeau, un Merlot très charpenté, vieilli 24 mois en barriques, qui peut coûter la bagatelle de 130 euros le flacon ! Cela étant, à ce prix-là, et venant d’un « sorcier », on serait tenté de croire à de la potion magique…
« Avant la Coupe du monde 2018, j'avais envoyé des bouteilles au staff de l'équipe de France. Il les avait bues avant de partir en Russie. J'ai fait de même avant l'Euro, mais ils n'ont pas eu le temps de les ouvrir... », se souvient-il…