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Bavière - Hesse : les enjeux des élections régionales

Dimanche 8 octobre, deux Länder éliront leurs députés régionaux. Dans une période de crises et à un an des élections européennes, le résultat du scrutin sera observé de près par les différents partis.

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Le bulletin de vote Allemand, où le citoyen exprime deux voix : Wahlkreisstimme et Listestimme. © Mika Baumeister – Unplash
Écrit par Laurent Offerle-Guillotin
Publié le 27 septembre 2023, mis à jour le 28 septembre 2023

En France, les élections régionales ne font pas grand bruit. Mais de l’autre côté du Rhin, les prérogatives étendues accordées aux Länder leur apportent plus de considération.

 

Une élection tout sauf anodine

Représentant presque un quart de la population allemande à elles deux, Bavière et Hesse sont des régions prisées par les partis politiques. A cette occasion, les citoyens se déplacent aux urnes, bien plus qu’en France. En Bavière, 72% des inscrits sont allés voter à la précédente élection régionale en 2018 contre 34% au second tour des élections régionales françaises en 2021.

Elus pour un mandat de cinq ans, les députés siègent au Landtag, l’équivalent régional du Bundestag. Le mode de scrutin est à un seul tour mais l’électeur vote deux fois : une fois pour un candidat de sa circonscription (Wahlkreisstimme), puis une fois pour un parti et sa liste de candidats (Listestimme).

Dernières échéances électorales avant les élections européennes de juin 2024, le Landtagswahl de dimanche prochain sera l’occasion de prendre la température en confirmant ou non les sondages du moment.

 

Ce qui préoccupe les Allemands

Dans une enquête d’Infratest Dimap commandée par l’ARD, les Allemands se disent principalement soucieux de l’économie du pays ainsi que de la politique d’immigration. Climat, éducation et politique énergétique complètent les tendances principales.

La Christlich-Soziale Union in Bayern (CSU), parti frère de la Christlich-Demokratische Union Deutschlands (CDU) à l’échelle de la Bavière, semble gagner la confiance des électeurs à propos de la politique économique. S’il n’est plus au gouvernement depuis le départ d’Angela Merkel, la récession et le manque d’unité de la coalition au pouvoir font passer le parti de droite conservatrice en tête des sondages.

En matière d’immigration, l’Alternative für Deutschland (AfD) tire son épingle du jeu. Sur son compte X, le parti politique d’extrême droite se gargarise d’une montée de ses scores à l’échelle fédérale.

« Le vent en poupe pour les élections du Landtag en Bavière ! »

 

Bavière : Söder joue gros

Si CSU et CDU travaillent main dans la main à l’échelle fédérale, la Bavière est la chasse gardée de la CSU. Le parti domine traditionnellement la région de Munich : depuis 1957, la présidence de l’assemblée régionale est bleu clair et blanche, aux couleurs de l’union sociale-démocrate.

Récemment maintenu au poste de président du parti par ses membres, Markus Söder compte bien profiter de cette élection pour prolonger son mandat de ministre-président de Bavière et faire grimper sa côte de popularité. A 56 ans, il envisage sérieusement d’être le candidat de l’Union à la chancellerie pour 2025.

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Le ministre-président Söder lors de sa victoire aux élections régionales de 2018 © Michael Lucan – Wikimedia

 

La victoire de 2018 laisse un goût amer chez les partisans de la CSU. En ne récoltant « que » 37% des suffrages exprimés, ils réalisaient leur pire score depuis 1950. Un échec historique qui avait obligé l’Union à s’associer au parti local Freie Wähler (FW), légèrement plus à droite que la CSU, pour former une coalition majoritaire au Landtag. Söder souhaiterait alors utiliser les prochaines élections comme un tremplin pour son ascension.

 

Un caillou dans la chaussure

Si les Freie Wähler gagnent du terrain dans les sondages et rendent la coalition à nouveau réalisable, un scandale concernant sa tête de liste a rendu le début de la campagne mouvementé.

Fin août, un article du Süddeutsche Zeitung a révélé qu’Hubert Aiwanger aurait été en possession de tracts antisémites lorsqu’il était étudiant. Reprise par médias, citoyens et partis politiques, cette affaire a suscité de vifs débats conduisant aux excuses et explications du concerné. Suite à sa prise de parole, les électeurs restent partagés quant à la crédibilité des arguments avancés par Aiwanger.

Dans une étude pour Bayerischer Rundfunk, Infratest Dimap illustre graphiquement à quel point les partisans des différents groupes politiques accordent de la crédibilité aux propos du numéro un des FW.

Pour autant, le parti libéral-conservateur parvient à se hisser deuxième dans les derniers sondages. Il devancerait ainsi de peu l’AfD et les Verts.

 

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Intentions de vote en Bavière au 19 septembre 2023 – © Wahlrecht.de – Neue Zürcher Zeitung

 

Hesse : l’incertitude règne

Du côté de Francfort, tout reste ouvert. L’élection de 2018 avait été inédite : une coalition CSU / die Grüne s’était formée pour atteindre la majorité pendant que l’AfD s’était accaparé 19 sièges. La Hesse était jusqu’alors le dernier Land à ne compter aucun député du parti d’extrême droite.

Pour tenter de réduire l’avance de la CSU, le Sozialdemokratische Partei Deutschlands envoie Nancy Faeser à la tête de sa liste. La ministre de l’Intérieur du gouvernement Scholz est talonnée de près par les Verts, dont le principal candidat Tarek Al-Wazir jouit d’une grande côte de popularité dans son Land.

Les possibilités de coalition sont alors multiples. Seul bémol, « l’Ampelkoalition », rassemblant les trois partis au pouvoir (SPD, Grüne et FDP), ne suffirait pas à atteindre la majorité dans la Hesse.

 

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Les coalitions probables pour atteindre la majorité parlementaire en Hesse - © Wahlrecht.de – Neue Zürcher Zeitung

 

On pourrait alors voir le SPD et la CSU faire alliance pour réaliser la désormais connue « Groko » - grosse coalition – entre les deux plus grands partis du pays.

 

Un gouvernement émoussé 

Outre de nombreux désaccords entre les différents partis de la majorité, la SPD et plus particulièrement Nancy Faeser perd des plumes depuis l’affaire du limogeage d’Arne Schönbohm.

En octobre 2022, la ministre de l’Intérieur licencie brusquement le président de l’Office fédéral de la sécurité des technologies de l’information (BSI). Schönbohm était suspecté de communiquer avec la Russie sur des dossiers confidentiels. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, Faeser n’hésita pas une seule seconde.

Cependant, le temps révèlera que ces suspicions étaient infondées. L’affaire prit une autre tournure lorsque que des témoignages affirmeront que d’autres raisons non-officielles ont orienté le choix de la ministre qui souhaitait se débarrasser du président de la BSI.

 

Faeser Schonbohm limogeage suspicion russie
La tête de liste du SPD Nancy Faeser (à gauche) sort affaiblie de l’affaire Schönbohm (à droite) © Steffen Prößdorf, Thomas Springer - Wikimedia

 

Si les tenants et les aboutissants de cette affaire sont troubles, il est certain que la confiance dans le gouvernement fédéral chute depuis les douze derniers mois.

A dix jours du scrutin, les Verts, l’AfD et le SPD sont dans un mouchoir de poche dans presque chaque sondage. La dernière semaine de campagne et ses éventuels rebondissements auront certainement leur rôle à jouer, en Hesse comme en Bavière.

 

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