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Nouvelles frappes israéliennes meurtrières sur le Liban, "au bord du gouffre" selon l'ONU

Israël a mené mardi de nouvelles frappes contre des cibles du Hezbollah au Liban, après les bombardements qui ont fait plus de 550 morts la veille et font redouter un embrasement de la région près d'un an après le début de la guerre à Gaza.

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Écrit par AFP
Publié le 24 septembre 2024, mis à jour le 25 septembre 2024

Israël a mené mardi de nouvelles frappes meurtrières au Liban contre le Hezbollah, qui a riposté avec des salves de tirs, au lendemain de bombardements qui ont fait plus de 550 morts, attisant la crainte d'un embrasement régional, près d'un an après le début de la guerre à Gaza.

L'inquiétude face à cette escalade entre l'armée israélienne et le Hezbollah, allié du Hamas palestinien, a dominé l'ouverture à New-York de l'Assemblée générale des Nations unies.

"Le Liban est au bord du gouffre", a alerté à la tribune le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

Dans l'après-midi, l'armée israélienne a dit mener de nouvelles "frappes massives" contre le Hezbollah, après de premiers raids sur "des dizaines de cibles" du mouvement dans le sud du Liban.

Elle a annoncé avoir tué dans une frappe aérienne à Beyrouth, "Ibrahim Mohammed Kobeissi, le commandant du système de missiles et de roquettes" du mouvement islamiste, dont le décès a été confirmé par une source proche du Hezbollah. "Au moins deux autres commandants" ont succombé, selon l'armée.

Le raid sur un immeuble dans la banlieue sud de la capitale, un bastion du Hezbollah, a tué six personnes selon le ministère de la Santé.

Le Hezbollah a tiré en réponse "environ 300 roquettes" sur le territoire israélien, "blessant six civils et soldats, la plupart légèrement", selon l'armée.

Le mouvement libanais a lui revendiqué 18 attaques visant le territoire israélien, dont le tir de 90 roquettes contre le siège du commandement nord de l'armée israélienne près de Safed et de drones explosifs contre une base navale au sud de Haïfa, le grand port du nord.

Il a aussi dit avoir tiré, pour la première fois depuis qu'il a ouvert un front à la frontière avec Israël au lendemain du début de la guerre à Gaza, des roquettes Fadi 2 pour viser des sites militaires proches d'Haïfa, et de la ville de Kiryat Shmona.

- "Aucun désir" d'invasion -

afp

"Nous continuerons à frapper le Hezbollah. Et je dis au peuple libanais: notre guerre n'est pas contre vous" mais "contre le Hezbollah", a déclaré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans une vidéo diffusée par son bureau.

Israël n'a "aucun désir" d'envahir au sol le Liban et préfèrerait une solution diplomatique pour mettre fin à son conflit avec le Hezbollah, a assuré l'ambassadeur israélien à l'ONU, Danny Danon, rappelant que le but de l'opération au Liban était de faire rentrer chez eux des dizaines de milliers d'habitants du nord d'Israël déplacés par les violences transfrontalières.

Israël a en outre accusé l'ONU de ne rien faire pour "empêcher les attaques du Hezbollah" sur son territoire après que M. Guterres a comparé la guerre à Gaza à un "cauchemar permanent" menaçant d'emporter le Liban dans le "chaos".

A Haïfa, survolée par les avions de combat, les écoles, universités et magasins sont restés fermés, selon une journaliste de l'AFP.

Les frappes aériennes israéliennes de lundi, d'une intensité sans précédent depuis le début des échanges de tirs à la frontière israélo-libanaise en octobre 2023, ont fait 558 morts, dont 50 enfants et 94 femmes, et 1.835 blessés, selon les autorités libanaises, soit le plus lourd bilan humain en une journée depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).

Selon l'armée, elles ont visé environ 1.600 cibles du Hezbollah,dans le sud du Liban et la vallée de la Békaa, dans l'est, tuant "un grand nombre" de ses membres.

afp

- "Encore plus de barbarie" -

Des dizaines de milliers de personnes, selon l'ONU, ont fui les zones pilonnées, vers Saïda, la plus grande ville du sud, Beyrouth ou la Syrie.

Réfugiée avec des centaines de familles dans une école transformée en centre d'accueil près de Beyrouth, Zeinab Diab, 32 ans, raconte que son village proche de la frontière, qu'elle a fui avec son mari et leurs quatre enfants, a été "pratiquement détruit".

"On ne savait même plus d'où venaient les bombardements. C'est comme si cette fois-ci il y avait encore plus de barbarie."

Les écoles et universités resteront fermées jusqu'à la fin de la semaine au Liban. De nombreuses compagnies aériennes ont annoncé mardi suspendre leurs vols à destination de Beyrouth.

- "Au bord du gouffre" -

afp

Israël a annoncé à la mi septembre déplacer le "centre de gravité" de ses opérations militaires de Gaza vers le nord du pays, pour y permettre le retour des habitants déplacés.

Le Hezbollah a lui juré de continuer à attaquer Israël "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza", où la guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien.

afp

Les échanges de tirs entre les deux parties se sont intensifiés depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l'unité d'élite du mouvement.

A la tribune de l'ONU, le président américain Joe Biden a fait écho à M. Guterres, mettant en garde contre une "guerre généralisée" au Liban, et estimant qu'il était "temps de finaliser maintenant" un accord de cessez-le-feu à Gaza.

D'autres dirigeants ont fustigé les actions d'Israël, à Gaza ou au Liban. L'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a qualifié la guerre à Gaza de "crime de génocide".

Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a jugé "incompréhensible" l'"inaction" des Nations unies envers Israël, sur X. Il a affirmé sur CNN que le Hezbollah ne pouvait "pas rester seul" face à Israël.

afp

Selon l'analyste politique israélien Michael Horowitz, les deux camps ont toutefois bien conscience des risques d'une guerre à grande échelle. La situation est "extrêmement dangereuse" mais "laisse encore la place à la diplomatie", a-t-il affirmé à l'AFP.

L'attaque du Hamas qui a déclenché la guerre à Gaza a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens qui inclut les otages morts ou tués en captivité à Gaza.

Sur les 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son offensive militaire à Gaza a fait jusqu'à présent 41.467 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU. Elle y a aussi provoqué un désastre humanitaire.

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