Ancien danseur numéro un du show Riverdance durant sept ans, il en est désormais le directeur, ainsi que directeur de la compagnie Ériu et chorégraphe. Breándan de Gallaí a également réalisé une thèse unique en son genre. Suite et fin du portrait d'un artiste hors du commun, alliance réussie entre une tête bien faite, un corps de sportif talentueux, précurseur dans son domaine empli de projets, et surtout découverte d'un homme attaché à la France.
La fibre de l'enseignement n'a pas quitté Breándan, puisqu'il continue de donner de nombreux cours, non plus de mathématiques ni de physique mais bien de danse irlandaise : « J'adore enseigner ! J'ai des cours tous les mardis et mercredis soir pour adultes. Des débutants, aux danseurs confirmés. J'organise aussi des ateliers un peu partout, en France chaque année en avril par exemple près d'Aix-en-Provence, à Paris aussi, ainsi qu'à Saint-Pétersbourg en Russie. Ce sont des stages intensifs sur trois jours en général. Parce que l'Irish dancing est vraiment appréciée partout dans le monde ».
« On voudrait parvenir à créer une compagnie française de danse irlandaise en Provence »
Pour plusieurs raisons, il connaît effectivement bien la France. D'une part, car il y a donné plusieurs représentations en France avec Riverdance mais pas seulement : « J'adore la France. J'ai une relation particulière avec la France. Mon cousin possède trois ou quatre pubs à Paris, qui n'attirent pas que la communauté irlandaise. Et mon frère y a vécu pendant deux ans, car il souhaitait écrire. Mais j'ai toujours détesté l'aéroport Charles-de-Gaulle et les chauffeurs de taxi à Paris car c'est beaucoup trop agité pour moi. Mais quand on quitte Paris, c'est un pays superbe. Je sais que cette ville est très différente du reste du pays, tout comme pour Londres et même Dublin ! Et quand je vais dans le Midi, près d'Aix plus précisément, j'adore l'architecture, le paysage, et les gens. Celle qui était ma partenaire dans Riverdance, Joanne Doyle, a épousé un Français. Ils habitent vers Aix-en-Provence. Elle travaille au développement et à la transmission de la danse irlandaise dans le sud de la France. Donc j'y donne souvent des cours, en juillet j'y passe une semaine en général avec eux. C'est un cours intensif sur une semaine. Je prends vraiment beaucoup de plaisir à le faire, c'est beaucoup de travail, mais c'est vraiment très agréable. D'autant plus, avec le temps, la cuisine et on boit quelques verres de rosé quand on a fini les cours (rires). J'adore le rosé ! Avec Joanne, et le maire de Rognac, nous essayons de créer quelque chose en Provence. Plus que le simple fait d'enseigner la danse irlandaise, on voudrait parvenir à créer une compagnie française de danse irlandaise dans la région. Un ami de Joanne essaye aussi de convaincre, le Pavillon Noir à Aix, qui est une grande école de danse contemporaine, de m'inviter pour me produire devant eux. C'est donc vraiment excitant, mais je ne sais pas si le public français sera réceptif? Car en Irlande, si je dis c'est de la danse contemporaine inspirée par l'Irish dancing, ce sera compréhensible par une large part du public, en France je crains que les gens disent mais : « Qu'est-ce que c'est? ? » Mais bon, on ne sait jamais ! »
« Je pense que les Français gagneraient à être plus spontanés (sourire) »
S'il aime la France, il a revanche un léger bémol : « Je dois par contre reconnaître, que comme les Britanniques, vous êtes une société bien établie, ancienne puissance coloniale, et un vieux pays avec une longue histoire, cela a donc certaines conséquences sur votre façon d'être. Par exemple, quand je demande à un Britannique son numéro de téléphone il ne pensera pas à mettre l'indicatif +44 avant. Et pendant mes cours, quand j'essaie de parler Français, mes élèves me regardent d'un air ahuri? Je sais que mon Français est mauvais mais s'il vous plaît faites un effort, vous n'avez vraiment aucune idée de ce que je suis en train d'essayer de vous dire ? Par exemple on est devant le miroir et je dis : « Anticipey » et tous me disent « Quoi ? Qu'est-ce que vous dites ? » et ils finissent par comprendre et me répètent le mot avec une toute petite différence? Ils auraient pu faire la connexion non? ? (rires) Je pense que c'est votre problème mais peut-être que cela vient aussi de moi, je parle peut-être vraiment affreusement français? C'est totalement différent de l'Irlande, car nous devons comprendre la culture américaine car nous avons beaucoup de famille là-bas, la culture britannique, nous nous intéressons également à la politique américaine, irlandaise, britannique. Je conclurai quand même en disant que la cuisine et la nourriture que je préfère de toutes, est bien entendu française ! Le vin, et votre mode de vie bien sûr, le fait que vous vous arrêtiez pour avoir un vrai repas, un vrai moment de partage. Et que dire du « goûter » à 16h, je trouve ça fantastique aussi (rires). Il y a un équilibre, j'adore tout cela, même si je pense que les Français gagneraient à être plus spontanés (sourire) ».
Le futur
Enfin, tout en continuant à donner des cours Breándan a une multitude de projets pour l'avenir. À commencer par la présentation de Linger au festival d'Édimbourg cet été qui pourra peut-être lui permettre de se produire à différents endroits du globe. Par ailleurs il aimerait pouvoir travailler quotidiennement et uniquement avec sa compagnie, mais faute de moyens il ne peut toujours pas. Sans désespérer toutefois et en persévérant dans la recherche de soutiens financiers, il espère pouvoir reproduire Noctù, ainsi que Stravinsky's Rite of Spring, et créer une grande pièce avec douze danseurs, tout cela étant lié au développement d'une application smartphone qu'il a lancée, mais qu'il doit encore développer et peaufiner. En somme, de quoi encore être bien occupé !
Infos pratiques
Tous les mardis au Liffey Trust
18:00 - 19:00 Intermediate Level 1
19:00 - 20:00 Advanced
Tous les mercredis DanceHouse
18:00 - 19:00 Intermediate Level 2 (pre-advanced)
19:00 - 20:00 Beginners
Si vous êtes intéressés pour suivre des cours donnés par Breándan (voir vidéo ci-dessus donnant un aperçu de son attitude en cours) vous pouvez le contacter sur son adresse mail : bdegallai@gmail.com
Le prix est d'environ 12,50 ? par cours.
Mathias Lenzi (www.lepetitjournal.com/dublin) Samedi 2 avril 2016.
Crédit photo: Riverdance.com