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PAROLES D’IRLANDAIS – Breándan de Gallaí, la danse irlandaise chevillée au corps (1/3)

Breándan de GallaíBreándan de Gallaí
Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 30 mars 2016, mis à jour le 6 février 2023

Ancien danseur numéro un du show Riverdance durant sept ans, il en est désormais le directeur, ainsi que directeur de la compagnie Ériu et chorégraphe. Breándan de Gallaí a également réalisé une thèse unique en son genre, il est aussi détenteur d'un master en ethnochoréologie? Qu'es aquo ? Pour le savoir, premier épisode de la découverte d'un artiste hors du commun, alliance réussie entre une tête bien faite, un corps de sportif talentueux, précurseur dans son domaine empli de projets, et surtout découverte d'un homme attachant et attaché à la France.   

Si vous demandez à l'un ou l'une de vos ami-e-s irlandai-se-s le nom d'un célèbre danseur de danse irlandaise, il y a de fortes chances pour qu'il ou qu'elle vous réponde avec un grand sourire : « Michael Flatley ! » Anyway, il ne sera pas ici question de celui que beaucoup appellent « The Lord of the Dance », mais bien de Breándan de Gallaí, une autre figure de la danse irlandaise qui mérite d'être connue. Né il y a bientôt quarante-sept ans, à Gweedore dans le Comté de Donegal, au nord de l'île, Breándan a de suite été immergé dans la culture traditionnelle irlandaise, sa langue natale est d'ailleurs le gaélique et non l'anglais. Cette région est toujours l'une des régions dans lesquelles la culture traditionnelle irlandaise est la plus vivace. Ce sont justement ses parents, spectateurs passionnés de danse irlandaise, qui l'ont poussé à prendre ses premières leçons de danse : « J'ai commencé ma carrière d'Irish dancer lorsque j'étais enfant. Mes parents adoraient cette danse. Pour moi ce n'était pas réellement le cas à l'époque (rires). Ils m'ont forcé au départ pour aller aux cours de danse. Je devais avoir sept ou huit ans, ce qui est au passage relativement tard par rapport à la plupart des enfants irlandais qui commencent dès l'âge de quatre ans généralement ». Comme en patinage artistique, l'Irish dancing est surtout orientée vers la compétition. Les enfants doivent participer à des compétitions appelées « feis » (prononcé "fiche", NDLR).

Bien que Breándan n'en ait gagné aucune lorsqu'il était jeune, c'est en participant à ces compétitions que sa passion pour l'Irish dancing a grandi pour ne plus jamais s'évanouir : « Je dois avouer que le fait de participer à ce genre de compétition, était excitant, je me suis vraiment pris au jeu. L'enjeu suprême, lorsque vous êtes un bon danseur, que vous faites partie de l'élite, est de se qualifier pour concourir dans les championnats du monde. L'année dernière ils se sont déroulés à Montréal, l'année prochaine à Glasgow. À mon époque il n'y avait que des Irlandais qui y participaient, désormais des gens viennent de partout, de l'Amérique du Nord, d'Australie, du fait de la diaspora irlandaise. On peut donc dire que c'était ma vie de danseur jusqu'à la fin du lycée. Je savais toutefois que ma passion pour la danse allait au-delà de la simple Irish dance. Et le fait de regarder le film Fame a été un déclic. C'est vraiment un superbe film réalisé dans les années 1980, et c'est à propos d'une école d'arts à New York. Ce film a eu un énorme impact sur moi. Je me suis identifié aux personnages du film, qui veulent réussir dans la danse et devenir célèbres. Je voulais croire et rêver que je pourrais devenir comme eux et en même temps je me disais que j'étais différent parce que je suis un Irish dancer, qui est une danse spéciale, mais aussi parce que je viens d'une région très isolée comparée à New York.  Je me disais finalement : ?C'est trop loin, c'est un monde que je n'atteindrai jamais?? »

« Je n'ai pas su saisir les opportunités qui s'offraient à moi à ce moment-là »

Le destin va cependant sourire à Breándan : « Il s'avère en effet qu'à l'âge de 16 ans, je travaillais à Chicago. On y avait déménagé car mon père était peintre en bâtiment et il y faisait des chantiers temporairement. Je travaillais avec lui, je l'aidais. J'en ai profité pour me présenter à une école du genre de ce qu'elle qui est dépeinte dans Fame, et j'ai réussi le concours d'entrée ! Donc après avoir obtenu l'équivalent de ce que vous appelez le bac, j'ai passé un an dans cette école de Chicago d'arts et de danse modernes, de jazz, de claquettes? c'était juste fantastique ! Et la vie a changé à ce moment-là pour moi. Même si quand j'y réfléchis maintenant, je me dis que j'ai été naïf et innocent. J'ai travaillé dur, j'y ai beaucoup appris, mais je n'ai pas utilisé à 100 % mes capacités. Je n'ai pas su saisir les opportunités qui s'offraient à moi à ce moment-là. Car mes parents étaient assez directifs et autoritaires, ils m'ont dit : ?D'accord tu pars étudier pendant un an aux États-Unis, mais après tu rentres en Irlande et tu retournes à l'université ! ? » À 18 ans, il est donc revenu en Irlande, afin d'intégrer la Dublin City University pour y suivre durant quatre ans des études? de sciences physiques appliquées. Rien que ça ! Quel rapport avec la danse, nous direz-vous ? Tout simplement : « Car j'adore la physique et je suis un passionné de mathématiques. Au bout des quatre ans j'ai eu mon diplôme. C'est un parcours peu commun dans le milieu de la danse. Il faut par contre savoir que pendant mes années d'études, j'ai continué à danser, à faire des compétitions d'Irish dancing. J'étais alors dans le top 2, top 3 au monde? J'ai réussi à participer aux championnats du monde ! J'ai continué car c'était une réelle passion. Je n'avais pas beaucoup d'argent à l'époque, mais dès que je le pouvais, j'allais à des cours de ballet, ou de danse contemporaine, même si je réservais surtout mon argent pour pouvoir vivre ma passion de l'Irish dancing et pour m'améliorer ».

« Riverdance ou l'enseignement? » That was the question.

Après avoir obtenu son diplôme et tout en continuant à danser à haut niveau, Breándan a trouvé un travail en tant que professeur de maths et de physique à temps partiel dans une école de Dublin : « Ils m'ont pris car ils recherchaient des enseignants parlant couramment l'irlandais. Du fait que tous les enseignements y sont en gaélique. C'est ma langue natale donc je n'avais pas de problème. Par contre je savais que j'adorerais être professeur, mais d'un autre côté je sentais aussi que ce n'était pas totalement pour moi que j'avais envie de faire quelque chose d'autre en rapport avec la danse. »

Durant l'année 1994, il a eu l'opportunité de passer une audition pour le projet irlandais de l'Eurovision, intitulé Riverdance. Résultats des courses, il a été sélectionné pour faire partie des 24 danseurs. L'année suivante, le show Riverdance tel qu'on le connaît aujourd'hui est créé. Il est également de l'aventure, tout en restant professeur de mathématiques et de physique à temps partiel ! Toutefois face au succès du show, il a dû faire un choix : « Riverdance ou l'enseignement? Car pour continuer avec Riverdance je devais m'entraîner plus dur et aller à Londres. J'ai donc abandonné l'enseignement. Et commencé une aventure de neuf ans avec Riverdance, dont sept en tant que danseur numéro 1. Avec des tournées et des représentations partout dans le monde ».

Infos pratiques

Si vous êtes intéressés pour suivre des cours donnés par Breándan vous pouvez le contacter sur son adresse mail: bdegallai@gmail.com
Le prix est d'environ 12,50 ? par cours.

Tous les mardis au Liffey Trust
18:00 - 19:00 Intermediate Level 1
19:00 - 20:00 Advanced

Tous les mercredis DanceHouse
18:00 - 19:00 Intermediate Level 2 (pre-advanced)
19:00 - 20:00 Beginners

Découvrez la suite du portrait de cet artiste hors du commun : https://lepetitjournal.com/dublin/communaute/paroles-dirlandais-breandan-de-gallai-la-danse-irlandaise-chevillee-au-corps-23-76613

Mathias Lenzi (www.lepetitjournal.com/dublin) jeudi 31 mars 2016.

Crédit photo : Photo 1 : Breándan de Gallaí / Photo 2 : Riverdance.com.

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