Enfin un rebondissement ! Depuis les élections générales du 26 février dernier, qui ont engendré un paysage politique plus fragmenté que jamais, les différentes formations politiques irlandaises tentent en vain de s'entendre pour former le prochain gouvernement. Le Fine Gael et le Fianna Fáil, les deux partis de centre-droit arrivés en tête des élections au coude-à-coude, demeuraient jusqu'alors incapables de dépasser leurs divisions historiques et, dans une moindre mesure, idéologiques, pour nouer un dialogue.
Rencontre après le deuxième vote du Dáil sur le prochain Taoiseach
Or, ce mercredi 6 avril, le Taoiseach (chef du gouvernement irlandais) Enda Kenny et Micheál Martin, leaders respectifs du Fine Gael et du Fianna Fáil, ont annoncé qu'ils allaient se rencontrer pour discuter de la formation éventuelle d'un gouvernement de « grande coalition », à l'issue du deuxième vote au Dáil (chambre basse) pour désigner le successeur d'Enda Kenny, qui ne devrait comme le premier déboucher sur rien faute d'un accord solide de gouvernement en amont.
Une « drôle de guerre » pour le Sinn Féin
Le Sinn Féin, parti nationaliste de gauche anti-austérité arrivé pour la première fois en troisième position aux dernières élections, a réaffirmé la veille, mardi 5 avril, sa volonté de ne pas se mêler à la « charade » de la formation d'un gouvernement. Son leader, Gerry Adams a estimé que le parti n'avait aucun intérêt à négocier avec le Fianna Fáil ou le Fine Gael, dont il juge qu'ils se livrent une « drôle de guerre », marquées par des discussions inutiles. Il a en outre critiqué le rôle des députés indépendants, qui permettent « à cette petite mascarade de continuer alors que la crise sanitaire s'intensifie, que le sans-abrisme et la crise du logement s'intensifient ». « S'ils ne peuvent pas faciliter ou faire partie d'un nouveau gouvernement, alors clairement une autre élection s'impose », a-t-il déclaré. « Le Fine Gael et le Fianna Fáil doivent accepter que c'est une conséquence probable de leur comportement de jeu permanent », a encore ajouté le leader du Sinn Féin. Certains commentateurs estiment pourtant qu'un accord de gouvernement entre les deux partis de centre-droit avantagerait le parti nationaliste de gauche, qui se retrouverait alors avec le quasi-monopole de l'opposition.
Timothée de Rauglaudre (lepetitjournal.com/dublin) Mercredi 6 avril
Crédit photo : Parti populaire européen
