RTÉ renonce à participer et à diffuser le concours
L'Irlande ne prendra pas part à l'Eurovision 2026 et ne diffusera pas le concours à la télévision publique. Dans un communiqué publié après une assemblée de l'Union européenne de radio-télévision (UER/EBU) à Genève, RTÉ explique qu'il serait « inconcevable » pour l'Irlande de participer alors qu'Israël est autorisé à concourir, compte tenu du bilan humain de la guerre à Gaza et de la situation humanitaire sur place, ainsi que du nombre de journalistes tués ou empêchés de travailler. Cette position est détaillée dans la déclaration officielle de RTÉ et reprise par The Irish Times.
L'UER a, de son côté, décidé de ne pas organiser de vote spécifique sur la participation d'Israël, préférant adopter de nouvelles règles censées limiter la promotion « démesurée » de certaines chansons par les gouvernements ou des acteurs extérieurs. La majorité des diffuseurs ont validé ces nouvelles règles, mais une minorité - dont RTÉ - les juge insuffisantes au regard de la situation à Gaza.
Un boycott coordonné et inédit par son ampleur
L'Irlande n'est pas seule dans ce mouvement. L'édition 2026, qui doit se tenir à Vienne, se fera sans l'Irlande, l'Espagne, les Pays-Bas et la Slovénie, quatre pays qui ont officiellement annoncé leur retrait en réaction au maintien d'Israël dans la compétition.
Ces diffuseurs estiment que la participation d'Israël n'est pas compatible avec les valeurs de paix et de droits humains que le concours prétend incarner. En face, d'autres télévisions publiques - notamment en Allemagne et en Autriche - ont fait savoir que, selon elles, exclure Israël aurait politisé le concours d'une autre manière, ce qui illustre la profondeur des divergences au sein même de la famille Eurovision.
L'Irlande et l'Eurovision
Le choix de RTÉ est donc d'autant plus symbolique que l'Irlande tourne le dos - au moins pour 2026 - à un concours dont elle a longtemps écrit une partie de la légende.
Depuis son entrée à l'Eurovision en 1965, l'Irlande a remporté sept fois le trophée - un record toujours inégalé - avec des victoires en 1970, 1980, 1987, 1992, 1993, 1994 et 1996. C'est aussi la seule nation à avoir aligné trois victoires d'affilée au début des années 1990, accueillant le show trois années de suite à Dublin.
La légende de l'Eurovision est intimement liée à des artistes irlandais : Johnny Logan, par exemple, a gagné deux fois comme interprète et une fois comme auteur, ce qui lui a valu le surnom de « Mister Eurovision ».
Un débat ancien sur Israël, la politique et le concours
Les tensions entre Eurovision et politique ne datent pas de 2026. Déjà en 2019, lorsque le concours se tenait à Tel-Aviv, des appels au boycott avaient circulé en Irlande et ailleurs en Europe pour dénoncer la politique d'Israël envers les Palestiniens. Ce type de campagne avait été très commenté dans les médias irlandais, même si RTÉ avait finalement maintenu sa participation cette année-là, expliquant qu'elle ne souhaitait pas instrumentaliser les artistes.
De son coté, la France a confirmé ce vendredi 5 décembre, par la voix du ministre des Affaires étrangères et de l'Europe Jean-Noël Barrot, sa participation à l'édition 2026 en déclarant : « Non au boycott d'Israël au concours de l'Eurovision [...] Jamais la France ne s'engagera dans la voie du boycott d'un peuple, de ses artistes ou de ses intellectuels ».
D'autres pays, comme la Belgique, doivent annoncer leurs intentions dans les jours qui viennent.
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