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Data center en Irlande : les risques de délestage s’intensifient

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Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 22 mars 2022, mis à jour le 22 mars 2022

Les alertes de black-out se multiplient dans le pays avec une fréquence sans précédent. Et pour cause : l’augmentation des data-centers dont le fonctionnement est hautement énergivore. De nombreuses personnes montent au créneau, telles que des élus et autres personnalités politiques, ou activistes, afin de pousser le gouvernement à prendre des mesures concrètes.

La prolifération des centres de données en Irlande

Depuis quelques années, l’Irlande accueille de nombreuses entreprises du numérique sur son territoire, et pas des moindres : les GAFAM, Microsoft, Apple, Facebook, Google et Amazon y font progressivement construire leurs centres de données.

Mais que contiennent-ils ? Des installations informatiques, dont : des équipements de télécommunications, des serveurs, routeurs, commutateurs… utiles au fonctionnement du web, aux différents fournisseurs d'accès à internet ainsi qu'aux entreprises digitales.

À ce sujet, on dénombre plus de soixante-dix centres de données issus de ces entreprises, déjà en activité dans le pays et dont le fonctionnement nécessite l’utilisation d’une puissance électrique au-delà de 900 mégawatts. Dix autres data centers sont encore en construction et exigeront la mise à disponibilité d’une énergie supplémentaire pour leur fonctionnement.

Et ce n’est pas fini, car le pire reste à venir, ceci sans parler de la nouvelle crise énergétique liée à la guerre en Ukraine ! D’autres projets de construction du même type sont encore en attente de validation, de quoi alimenter l’inquiétude générale.

Quel bénéfice pour les Irlandais ?

L’affluence de ces entreprises technologiques est principalement motivée par la fiscalité attractive et le défaut de régulation des activités numériques en Irlande, même si le climat favorable du pays et la proximité linguistique sont des motifs généralement avancés.

L’Etat irlandais a accueilli ces sociétés au cours du temps et continue à le faire en leur fournissant, en plus des facilités fiscales, des terres, des infrastructures, de l’eau. Une manne dont ces dernières ne comptent pas se priver, si bien qu’aujourd’hui, l’Irlande peine à réguler la prolifération de ces centres de données sur son territoire. Ceux-ci sont même construits au milieu de la population, au gré des propriétaires qui leur vendent leurs terres et au grand dam de leurs voisins qui devront faire, entre autres, avec la nuisance sonore générée par les travaux sur les sites.  

D’autre part, l’installation des centres de données n’est pas réellement profitable pour les Irlandais.

Bien sûr, ils permettent la disponibilité d’Internet et l’accès aux différents canaux de messagerie (WhatsApp, Facebook, etc.), mais génèrent davantage de besoins.

On ne parle pas ici d’emplois, car ces infrastructures n’en génèrent que le temps que dure un chantier, mais des besoins qu’exige leur fonctionnement. Une seule d’entre elles consomme l’équivalent énergétique d’une ville de 26 000 habitants, sans oublier une consommation d’eau potable de cinq cent mille litres par jour, voire de cinq millions de litres lors des pics de température.

L’impact environnemental des data centers en Irlande

La Commission sur l’eau et l’énergie irlandaise a récemment rendu un rapport faisant état de la consommation électrique des centres de données sur l’île. Elle se situe à 11 % de la consommation électrique nationale et ne fera qu’augmenter avec la livraison des chantiers en cours et si des mesures ne sont pas prises pour stopper la prolifération des data centers.

Cette consommation énergétique énorme aura pour conséquence des perturbations du réseau électrique national, exposant les populations à des délestages fréquents.

Pour remédier à cette situation, certains membres de la classe politique, dont la députée Brid Smith du parti socialiste People Before Profit, demandent la mise en place d’un moratoire sur les data centers. Une telle mesure avait été employée par Singapour lorsque la consommation énergétique de ces centres y atteignait 7 % du réseau électrique, un chiffre largement excédé par l’Irlande.

Le gouvernement irlandais ne semble pas vouloir agir dans l’optique de valider ledit moratoire et propose plutôt des mesures évasives. Il est même envisagé une dispersion des futurs centres de données vers les sites des fermes éoliennes, solution rejetée par les associations environnementales.

Ce qu’en pense la partie pro data centers

Malgré les mises en garde de la CRU et de quelques membres de la classe politique, chez les pro data centers, représentés par Garry Connoly, rien ne semble ébranler les activités. Ils prétendent pouvoir gérer la situation avec du biogaz, arguant que la digitalisation est essentielle à la réduction des gaz à effet de serre et jouant ainsi sur l’aspect écologique que semblerait avoir le numérique.

Plutôt ironique quand on sait que la fabrication des serveurs et autres appareils électroniques nécessite l’usage de matières premières polluantes, entraine l’épuisement des ressources et que leur fonctionnement engage une consommation colossale d’eau et d’énergie.

En attendant, les chantiers de construction s’enchaînent, et les risques de black-out se multiplient.

logofbdublin
Publié le 22 mars 2022, mis à jour le 22 mars 2022

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