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Stefania Nazzal, l’artiste aux 1000 couleurs de l’arc-en-ciel

Stefania Nazzal Stefania Nazzal
Écrit par Marie-Jeanne Acquaviva
Publié le 14 août 2022, mis à jour le 14 août 2022

Sérénité et émerveillement, deux sentiments que l’on aimerait retrouver à la demande, pouvoir accéder à une joie enfantine et paisible : c’est ce que recherche l’artiste Stefania Nazzal, dans sa « chasse aux arc-en-ciel », une série de pièces aux couleurs vibrantes, construites de centaines de fils de pvc multicolores entre cloués, et sur lesquelles elle travaille dans un processus quasi méditatif jusqu’à recréer la magie du prisme de couleurs originel, l’écho d’un émerveillement vécu dans son enfance justement. Une démarche touchante dans une actualité assombrie, et une artiste perfectionniste et débordantes d’idées qui nous ouvre son atelier et se raconte avec spontanéité entre inspiration et création.

 

Lepetitjournal.com/dubai : Quelle est la part de Dubaï dans votre démarche artistique ?

 

Stefania Nazzal : Ma première vie à Dubaï date du début des années 2000, jusqu’en 2007. Puis j’y suis retournée avec mon mari et ma famille, lorsque nous avons dû quitter le Caire après la révolution, en 2014. Ma vie au Caire était très différente, très intense, où j’avais un studio aussi. Mon dernier travail là-bas était conçu autour de papillons que je créais avec de l’aluminium recyclé : j’achetais les canettes vides aux petits vendeurs des rues qui les ramassaient et les revendaient pour subsister, et j’en faisais de l’art. C’était ma façon de participer à ma petite échelle, et de m’évader d’une période très sombre, pleine de tensions et de dangers.

 

En arrivant à Dubaï je ressens le besoin de laisser cette période de noirceur derrière moi, et de me tourner vers quelque chose de lumineux, j’ai besoin aussi de quelque chose de structuré au milieu d’un moment difficile, marqué par un divorce et des circonstance personnelles éprouvantes. Je me tourne vers mon enfance, et cherche à retrouver les traces d’une période heureuse, paisible, joyeuse. Petite j’étais une enfant souvent solitaire mais heureuse avec moi-même, capable de bricoler et de créer des heures durant. J’adorais le coloriage. Le scoubidou c’est l’enfance : j’ai eu envie de prendre cet objet banal, de revenir à l’enfance mais de produire avec un regard d’adulte quelque chose qui change sa perspective complètement. La répétition infinie d’un motif, sa structure de surface et ses qualités sculpturales donnent un rendu qu’il est impossible de créer en peinture, surtout en le superposant ainsi. C’est devenu mon medium principal, mon outil de prédilection.

 

Quelques mots sur votre façon de travailler ?

 

Le travail artistique, comme la musique, est pour moi une échappatoire. D’ailleurs il m’arrive très souvent de travailler dans mon atelier avec une musique a plein volumes. Ce motif de l’arc en ciel me procure un bien être inédit, un sentiment de renouvellement, c’est comme s’il permettait de posséder ce que l’on ne peut pas, par excellence, attraper ni posséder justement. Avoir un morceau d’arc en ciel chez soi c’est incroyable non ?

 

Cette inspiration vient d’un souvenir d’enfance très précis, je dois avoir 8 ans environ, et c’est la première fois que je découvre et observe vraiment un arc en ciel. J’ai dû en voir d’autres avant, mais celui-ci m’a marqué. Je me souviens très précisément de cette émotion très forte, magique. Je me souviens des circonstances précisément, des détails…j’étais en voiture et je me souviens de tout ce que j’ai ressenti, une sorte de synesthésie mêlant émotion, sensations parfums, couleurs….

Stefania Nazzal

 

C’est votre madeleine de Proust, la clef de votre inspiration ?

 

Oui c’est un souvenir fort, fondateur de ma démarche, une démarche qu’il est important pour moi d’expliquer. Cette porte qui ouvre sur la joie, l’enfance… Il y a toute une substance derrière, une profondeur, qui prend racine dans ce souvenir : ce n’est pas un travail décoratif et superficiel, en tout cas pas pour moi. C’est un processus qui est long, très précis, calculé. Je recouvre les toiles de scoubidous dans un certain ordre et pour obtenir un certain prisme, puis je rajoute des couches en improvisant selon le rythme des couleurs.

 

Deux mots sur votre parcours : où peut-on admirer votre travail, qui vous expose?

 

J’ai exposé à la Accessible Art Fair à Bruxelles, en 2019, au milieu de 40 artistes choisis parmi 450 artistes émergents par un jury de personnalités établies dans le monde de l’art. Puis en 2016 dans la galerie de Farad Bakhtiar ici à Al Serkal. Je viens d’exposer à Art Basel Miami. Mon marché principal est aux États Unis, à Los Angeles et Miami principalement, et aujourd’hui je travaille sur mille projets, j’ai la tête pleine d’idée, je n’arrête pas ! La Metaverse me passionne, je trouve ça fascinant. Et puis j’ai toujours eu une passion pour la science-fiction, donc je m’y sens très à l’aise. J’ai commencé les sculptures aussi, avec deux projets, représentés par Art Angel en Mai 2022 (date du début de mon exposition solo, et où je lancerai également mon premier NFT). Mon travail récent en sculpture ce sont des nuages en fibre de verre, qui complètent l’idée de l’arc en ciel, pouvoir « posséder » ce que l’on ne peut pas toucher… Et puis aussi en production, je travaille sur une poupée qui est une sorte d’avatar de mes huit ans, cette petite fille qui est restée émerveille par l’arc en ciel.… Oui, beaucoup de projets en tête et en cours !

Stefania Nazzal

 

Quel est « votre Dubai », ce que vous aimez le plus retrouver ici ?

Je me sens bien ici à Dubaï, j’adore me balader sur la plage ou dans le désert. En particulier à mon heure favorite, le coucher de soleil. Ceux de Dubaï sont extraordinaires !

 

 

 

 

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Publié le 14 août 2022, mis à jour le 14 août 2022

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