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Thomas Pesquet en visite au Pavillon de France d'Expo 2020 Dubai

Thomas Pesquet DUbai Thomas Pesquet DUbai
Écrit par Marie-Jeanne Acquaviva
Publié le 20 mars 2022, mis à jour le 21 mars 2022

On ne présente plus Thomas Pesquet, le parrain du pavillon France et surtout pilote de l’agence spatiale européenne, l’ESA, et capitaine de la Station Spatiale Internationale de l’ISS, celui qui nous a tous fait rêver, petits et grands, avec ce duplex incroyable depuis le Wasl Dome de l’Expo, le soir de la journée de la France, le 2 octobre 2021.

 

Thomas Pesquet à l'Expo 2020 de Dubaï

Le voici revenu de ses six mois de mission spatiale, et lepetitjournal.com de Dubai a eu le privilège avec les quelques chanceux ayant pu s’assurer des places dans le public d’assister à sa conférence de presse vendredi dernier. Une rencontre passionnante et émouvante, face à une personne décidément hors de l’ordinaire malgré sa modestie, capable de s’adresser avec autant de pédagogie, de respect, de professionnalisme et d’empathie à des journalistes internationaux qu’à de tous petits enfants venus s’approcher de leur idole, des étoiles pleins les yeux.

 

thomas pesquet dubai

 

Devenir astronaute, un rêve d'enfant pour Thomas Pesquet

Car oui, à n’en pas douter et selon ses propres mots, pour devenir astronaute c’est un mélange de « rêve d’enfant » où l’on s’imagine dans presque « la même combinaison » et avec « les mêmes supers pouvoirs que ceux d’Ironman », capable de faire « des trucs vraiment trop cools », de beaucoup de travail, d’études, de préparation, de courage et de motivation alliés à une envie d’être utile «  au genre humain »  chevillée au corps : les missions spatiales n’ont pas pour but le voyage ou la conquête en soit, ce sont des laboratoires de recherches complexes où les astronautes travaillent sans relâche depuis la station à trouver des solutions et des avancées utiles au monde entier.

 

Et voir plus loin encore, dans le « demain » de l’aventure spatiale c’est « de retourner sur la lune de façon pérenne, d’y installer une base ». Et puis la frontière invraisemblable encore à nos yeux de néophytes, «voyager jusqu’à Mars, en vol habité ».

 

 

Le tourisme spatial « doit avoir une trajectoire vertueuse »

Écouter Thomas Pesquet s’exprimer sur le tourisme spatial « une activité qui débute » c’est comprendre le regard d’un homme tout entier consacré à servir une cause plus grande que sa carrière, un tourisme qui ainsi à ses yeux « doit rester un projet avec une trajectoire vertueuse, utile au bien commun », et non  pas un simple achat « de milliardaire qui peut se le permettre », tout en reconnaissant que « l’évolution des vols spatiaux subira peut être le même chemin que l’aviation commerciale » : voler au départ était bien « un sport d’élite », puis il a ouvert la voie à des transports commerciaux et de passagers dont on pourrait difficilement se passer aujourd’hui, « même s’il est toujours mieux de penser à son empreinte carbone » - quelques mots au détour d’une phrase, une passion écologique qui est tout sauf de circonstance, et que le grand public connait grâce aux très nombreuses photos des merveilles de notre terre vue de l’espace qu’il a partagé tout au long de sa mission.

 

thomas pesquet dubai expo
@guillaume Argento

Un retour sur Terre parfois difficile

Revenir sur terre au bout de six mois, c’est assez invraisemblable mais après tout « c’est le but de toute mission », pour lequel les astronautes sont très préparés, très entourés et surtout ont  la chance désormais de communiquer avec leurs familles fréquemment. Malgré tout, redescendre sur terre, au sens propre comme au sens figuré, « se retrouver dans les embouteillages, à faire les courses, payer son loyer, après avoir passé 6 mois en apesanteur », c’est « dense » comme expérience.

En mission les astronautes passent tout leur temps à travailler de façon très intense - « oui il nous arrive de nous détendre, les vidéos de nos olympiades « pour rire » (je vous recommande la natation synchronisée en apesanteur) en sont la preuve - mais c’est comme vous : le dimanche ! » - et à effectuer des tâches très précises et répétitives, des missions épuisantes et stressantes aussi comme les sorties hors de la station - 7 heures du début à la fin, en scaphandre, suspendus par quelques poignées et une simple sécurité... Oui, il faut un « sas de décompression pour sortir de l’apesanteur mais aussi pour revenir sur terre »

 

 

Voir la terre depuis l’espace c’est le choc ultime, même si les astronautes ne sont pas ceux qui ont « inventé la prise de conscience écologique » Thomas reconnaît avec modestie, que « oui cela change ta vision du monde, et relativise pour toujours l’échelle de tes problèmes », et la perspective de ce qui touche à notre planète.

En parler c’est une chose, la voir depuis l’espace, l’avoir sous ses propres yeux… c’est cette conscience-là qui est décuplée par le fait de ressentir les choses en direct, et  pas seulement de se les faire expliquer. Voir de ses propres yeux les mille merveilles de la surface de notre planète, comme autant de tableaux abstraits et colorés… mais tout autant les catastrophes - les longues traînées de fumée des incendies Californiens bien visibles depuis l’espace par exemple -  c’est ressentir le destin de notre terre comme intimement de notre responsabilité.

 

Quant au rôle de la France, elle  a « définitivement une place importante dans la conquête spatiale », présente depuis le tout début, et aujourd’hui grâce au CNESS et à l’ASE, il faut savoir que cela représente le premier budget spatial de l’UE :  la France a un vrai poids historique dans ce domaine. Mais Thomas aime à rappeler que « dans l’Espace il n’y a pas de frontière », c’est justement un « espace » particulier, comme un bateau, avec un seul capitaine, où seul prime la coopération et la survie. « C’est un exemple, nous sommes un exemple : la preuve que des personnes de tous horizons culturels ou nationaux peuvent s’unir pour une cause commune et travailler ensemble en dépit de conditions objectivement contraignantes et difficiles ».

On est un bon exemple, ou en tout cas je l’espère, un exemple de valeurs qui valent la peine d’être défendues, et d’un cercle vertueux.

thomas pesquet dubai

 

Le mot de la fin à un tout jeune garçon, qui demande avec la candeur de son âge si « un jour on pourra voyager plus loin que notre galaxie ? » Thomas avec la grâce de ceux qui savent encourager les vocations, lui répond qu’« en théorie oui, mais on ne sait pas encore le faire ». Il rappelle, pédagogue, que si l’ISS est parfois visible à l’oeil nu depuis la terre parce-qu’elle n’est « que » à environ 400 kilomètres au-dessus de nos têtes. La lune que l’on voit aussi dans notre ciel est quant à elle, « déjà » distante 300 000km. Mais pour arriver jusqu’à Mars qui est à 78 millions de kilomètres il faudrait « voyager des mois »… Donc - et voilà qui va faire rêver les jeunes astronautes de demain -

on travaille sur beaucoup de projets, aller plus vite plus loin avec des moteurs différents, plus puissants…  peut-être un jour, quand toi tu te présenteras aux recrutements pour devenir astronaute, tu partiras vers Mars !

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