Derrière chaque belle initiative, il y a souvent une personne animée par la conviction que les choses peuvent changer. Meryll David-Ismayil, enseignante et co-fondatrice de l’association AIME (Aide aux Intelligences Multiples à l’Étranger), fait partie de ces femmes engagées qui transforment les difficultés en solutions. Basée à Dubaï, elle agit pour une éducation inclusive ouverte à tous les élèves, en particulier ceux à besoins spécifiques, et pour une meilleure communication entre parents, enseignants, thérapeutes et professionnels de santé à l’étranger.
C’est toujours passionnant et touchant de comprendre les ressorts qui poussent certaines personnes à s’impliquer incroyablement au sein de la vie caritative et associative, qui ont en soi-même cette évidence du service rendu à la communauté : des personnes hors du commun, toujours humbles et minimisant tant leur impact que l’inspiration qu’elles nourrissent. Meryll en fait partie. Une femme aussi brillante que modeste, une force de travail et une incroyable capacité à fédérer les autres. Son cheval de bataille, après des années dans l’enseignement, c’est l’inclusion : aujourd’hui près de 10% des élèves scolarisés ont besoin en raison d’une grande variété de troubles et de capacités d’un soutien ou d’un encadrement. Les ressources éducatives et médicales sont difficiles d’accès, les parents les éducateurs et le corps médical ne communiquent pas assez entre eux...et les difficultés démultiplient cet isolement lorsqu’on est en expatriation. C’est ainsi que nait sous son impulsion l’association AIME (Aide aux Intelligences Multiples à l’Etranger).
Lepetitjournal.com/dubai : Meryll, nous nous rencontrons aujourd’hui pour parler de votre implication au sein de l’association AIME que vous avez co-fondée, deux mots sur votre parcours ?
Docteure en Science politique de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, j’enseigne depuis vingt ans les sciences sociales au grès de mes expatriations au Canada, en Turquie, puis maintenant aux Emirats arabes unis. Professeure d’histoire-géographie-EMC et droit (DGEMC) ces six dernières années, j’enseignais auparavant les sciences politiques à l’université, tout en effectuant des recherches. Parce que je me suis toujours penchée sur la singularité de chacun de mes étudiants, cet intérêt ou cette inclinaison m’a poussée à me spécialiser dans l'accompagnement des élèves à besoins éducatifs particuliers (notamment HPI), obtenant en 2024 le DU Éducation inclusive dans les établissements français de l'étranger de l'Institut national supérieur de formation et de recherche pour l'éducation inclusive (INSEI), et devenant responsable inclusion dans un lycée français à l'étranger. Mais j’ai voulu aller encore au-delà et trouver un moyen concret d’aider tous les acteurs de l’inclusion à 360 degrés : les élèves, leur famille, le corps médical qui les suit, les AESH, les thérapeutes, et le corps enseignant. Il n’existait jusqu’alors aucune plateforme leur permettant d’interagir et de partager…
Vous partez d’un constat : c’est un problème démultiplié pour les familles expatriées, et un problème commun à l’immense majorité des lycées à l’étranger ?
Oui sauf quelques rares exception au Maroc, à Madagascar, au Qatar…. À partir de la seconde en particulier, si l’éducation générale ne convient pas, si on n’est pas soutenu et encadré, les familles se retrouvent avec un choix qui n’en est pas un : soit on passe au CNED, une ressource excellente mais très difficile à gérer en famille sans aucun soutien, soit on rentre en France. Notre but c’est de rompre cet isolement.
Vous constatez donc un vrai manque, et outre les actions administratives et les colloques ou réunions à visée de sensibilisation, vous avez mis sur pied un outil extraordinaire sur Discord :
J’ai commencé tout bêtement avec ce que je connaissais en tant qu’enseignante , un Padlet, pour mettre le plus de ressources possibles à disposition pour tous, et en mutualiser l’accès, mais grâce au collectif et aux compétences de chacun, notamment celles de Maeva Friede, la secrétaire de l’association qui est extrêmement polyvalente et prolifique, on m’a fait découvrir les avantages de Discord qui permet les échanges et aussi de laisser les dossiers facilement accessibles sans les perdre dans le fil de discussions : sans une équipe et des talents multiples nous n’y serions pas arrivés – tous bénévoles je tiens à le rappeler, pas de cotisation, pas de rémunération. Nous avons donc désormais ce forum de discussions - plurielles, car subdivisés par catégories, et accessible selon les types de troubles mais aussi selon les acteurs concernés, que vous soyez directeur scolaire, enseignant, parent, thérapeute ou professionnel de santé. L’idée est vraiment de dépasser les clivages et mutualiser les efforts et les connaissances, et ce à l’international.
L’inclusion est bien un travail d’équipe, vous le dites clairement, mais ce que vous gérez est aussi un travail titanesque !
Disons que c’est intense, nous gérons tout avec notre équipe, depuis la mise en place en passant par la modération, ce qui nous manque c’est de communiquer et d’en faire connaitre l’existence. Mon souhait en en parlant ici avec vous c’est vraiment et en premier lieu que plus de parents, mais aussi des professionnels comme des enseignants, des AESH, des thérapeutes, nous connaissent, et viennent vers nous, de faire ainsi grandir l’association partout, et surtout de la faire grandir au sens propre : c’est-à-dire qu’elle ait une existence solide et une croissance assurée sans dépendre autant de moi personnellement, ni de nos bénévoles de la première heure.
Vous ne vous contentez pas de mettre des informations (vitales) à disposition, vous organisez également des rencontres ?
Oui, n’oublions pas que plus encore que de répondre à un besoin, l’intention de AIME c’est de trouver des solutions pour soulager une vraie souffrance, partagée par tous ceux qu’elle impacte. Pour l’instant nous proposons deux types de rendez-vous mensuels sur place à Dubai : un qui est destiné à l’échange et au partage, ouvert à tous, dans la convivialité d’un déjeuner ou d’un café. C’est une de nos membres actives, Salima Azizeh, qui nous ouvre les portes de son restaurant (le Set-Alsham Bistro) tous les premiers lundis du mois afin que nous puissions créer du lien et se rencontrer. Et un autre qui prend la forme d’une réunion de travail, limitée à 12 personnes pour l’instant, ciblant un thème très spécifique avec des intervenants professionnels : l’idée étant que chacun vienne apporter ses connaissances et ses manques ou difficultés sur un sujet précis, et que tous repartent après s’être focalisés sur ce point avec des outils et des contacts renouvelés.
Il est facile de dire que n’importe qui aurait fait la même chose à votre place : Quel est votre moteur ?
Pour moi c’est l’humain et le principe fondamental du service rendu à la communauté, qui est une évidence. Le bénévolat a toujours fait partie de moi, j’en ai toujours fait, tout comme mes parents. J’ai aussi beaucoup appris sur ce plan lors de mon expatriation au Canada, qui est un pays qui fonctionne énormément selon ces principes : l’attention à l’individualité de l’autre, et le partage de l’aide, rendre à la communauté d’une façon ou d’une autre ce qu’elle nous donne. Ici je suis relativement « nouvelle » mais j’ai envie de m’atteler à connaitre la société Émirienne en profondeur, d’en comprendre les rouages car je sais que s’y pratiquent beaucoup de projets caritatifs, et de proposer plus encore. J’adorerais par exemple rajouter à nos rendez-vous mensuels une troisième occasion ouverte aux enfants. J’ai réalisé en proposant un atelier volontaire à l’AFLEC sur « comment gérer son 1/3 temps » combien c’était bénéficiaire : non seulement d’un point de vue logistique et pratique (leur apprendre quelque chose d’utile à eux spécifiquement) mais également d’un point de vue humain : le fait de se retrouver ensemble, entre enfants qui ont en commun de devoir s’adapter et gérer des conditions d’apprentissage différentes, mettre en commun leurs difficultés, leurs « trucs », et juste passer du temps ensemble. Même constat avec un groupe que j’avais proposé pour initier les collégiens avancés (ou HPI) au programme du lycée…. Bref : il y a vraiment beaucoup d’opportunités, beaucoup à faire, et j’espère qu’un maximum de parents et de professionnels que cela peut toucher nous lirons !
CONTACTER AIME à Dubaï
Le groupe whatsApp Dubaï
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Le CALENDRIER des 3 prochaines dates et comment y participer :
- Réunion thématique du 1er novembre (15h) consacrée au "TSA au quotidien: défis et solutions", au Talking Brains Center.
- Déjeuner de l'inclusion du 3 novembre (12h-14h), ouvert à tous, à Set-Alsham Bistro.
- Réunion thématique du 27 novembre (18h) intitulée "Quels outils concrets pour les DYS?" et organisée au Keyani Wellness Center.
- Vous pouvez d'ors-et-déjà vous inscrire à ces rencontres en envoyant un email à l'association: intelligencesmultiplesetranger@gmail.com
AIME en deux mots :
L’Association d’Aide aux Intelligences Multiples à l’Etranger (A.I.M.E.), est une association française loi 1901 enregistrée en préfecture (de Loire-Atlantique).
Son premier bureau a été élu en avril dernier et il est composé comme suit :
Meryll David-Ismayil (Emirats arabes unis), présidente, Katia Boulard (Autriche), vice-présidente, Julie Bennouf (Emirats arabes unis), trésorière, Maeva Friede (Tunisie), secrétaire.
Elle compte également un comité d’action ou « groupe de travail » d’une vingtaine de personnes (parents et professionels) réparties dans dix pays (Emirats arabes unis, France, Autriche, Turquie, Russie, Canada, Tunisie, Egypte, Liban, Suisse).
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