Un article pour les parents de ces merveilleuses créatures que sont les adolescents : indécis et passionnés, intarissables ou timides, créatifs, inconscients, courageux et dotés de besoins en sommeil aussi chaotiques que leurs armoires… Tôt ou tard une fois entrés dans la cohorte des « teens » arrive le moment des choix : orientation, options, les matières, les filières, les universités, les grandes écoles… Ce n’est pas simple de s’y retrouver quand nous-mêmes parents n’avons connus qu’un seul système, autrement plus rigide. Mais pour eux, que de choix : Bac français ? Bac IB ? Comment s’inscrire en Université française depuis une école anglaise ? Où aller étudier après Dubaï avec un IB en poche ? Les pièges et les chances à ne pas rater ? … Nous avons tous besoin d’un coup de main pour naviguer la mer quasi infinie des possibles qui s’ouvrent devant nos chers rejetons, et pour cela, rien de tel que de rencontrer Marion ! Mère de trois enfants, conseillère aguerrie, maîtrisant le curriculum français et IB comme sa poche, et forte d’un réseau mondial soigneusement entretenu, empathique et très à l’écoute, c’est la bonne personne pour faire éclore votre ado et lui donner toutes les chances de s’épanouir dans des études vraiment faites pour lui !
Lepetitjournal.com/dubai : Comment devient-on consultante en orientation scolaire ?
Marion Cellerier : D’abord par des études de psychologie, qui me poussent très classiquement vers la psychopathologie, mais je me rends compte tout de suite que ce n’est pas pour moi. C’est d’ailleurs un exemple que je cite souvent, car cette réalisation a lieu lors de mon premier contact avec la réalité très crue d’un hôpital psychiatrique. Je n'étais pas sûre d’avoir les épaules pour accompagner les personnes ayant des troubles psychiatriques, notamment en termes de distance émotionnelle… Et je ne l’ai vraiment compris que lorsque l’un de mes profs nous a proposé de passer une journée avec lui à l'hôpital. Journée marquante, où j’ai pris de plein fouet la réalité du métier. C'est ce que je transmets lorsque je parle à des jeunes : il faut à tout prix s’intéresser au « concret » des métiers, interrogez des professionnels, rencontrez-les, discutez, faites des stages... c'est capital : un métier est souvent loin de l’idée qu’on s’en fait, en mal ou en bien, mais il faut le découvrir avant de s’y lancer !
À la suite de cette réalisation je me dirige donc vers la psychologie du travail et de l'orientation professionnelle. Le cœur de mon travail, cela va devenir l'accompagnement des adultes en entreprise, en recherche d'emploi ou en reconversion. Pour l’instant je ne m’approche pas encore des adolescents, je travaille donc en entreprise, en tant que Responsable des Ressources Humaines : je m’occupe du recrutement, des entretiens annuels, des formations, de la gestion des carrières. C’est mon monde, pendant plus de 20 ans.
Mais après ces années fondatrices vous allez vous en éloigner : c’est une reconversion, ou presque ?
Pas tout à fait : disons que j’ai le sentiment d’avoir vraiment fait le tour de mon poste, et de nombreux facteurs entrent en ligne de compte : l’envie de me renouveler, de faire autre chose, et la concomitance avec de nombreuses discussions familiales autour de l’orientation de ma fille qui est en plein passage de la 3e vers la seconde.
Elle s’interroge sur son avenir… et vous avec elle ?
Oui, c’est vraiment la saison des grandes interrogations et des grandes remises en question : qu’est-ce que je vais faire, quelles spécialités, quel métier…. En particulier après l’issue de son stage de 3e justement : elle qui a toujours rêvé depuis l’enfance de devenir vétérinaire, elle se rend compte qu’il y a une fracture entre l’image qu’elle s’est fait de ce métier et la réalité de ce dernier. Plus que ça : il y a un énorme écart entre ce qu’elle imagine aimer dans la pratique vétérinaire, et ce qu’être veto veut réellement dire. Elle, son rêve au fond c’est de suivre les pas de Diane Fossey et de sauver les grands gorilles d’Afrique Équatoriale… Ce qui n’a rien à voir avec une pratique médicale vétérinaire en France ou en Europe ! En discutant abondamment, on comprend ensemble que ce qui l’attire c’est la partie « défense des droits des gorilles », pas tant le « soin aux animaux », c’est sauver plutôt que soigner. Donc remise en question drastique et recherche d’un autre cursus : ce sera la géopolitique ! Aujourd’hui elle vient d’être acceptée dans un double cursus Sciences Po/Berkeley, et est prête à partir « sauver » l’humanité tout entière… pas que les gorilles (rires) !
Ce qui vous ouvre, à vous aussi, de nouveaux horizons ?
Au fil de ces longues discussions, je me rends compte que la grande majorité de ses amis sont dans le même cas : beaucoup d’inconnues, beaucoup de préconceptions ou d’ignorance quant aux prérequis de certains métiers… Avec en même temps un champ des possibles qui s’est considérablement élargi par rapport aux générations précédentes : Les métiers se sont énormement diversifiés (sans compter ceux qui n'existent pas encore), les cursus d'études se sont demultipliés, ainsi que les ponts et les passerelles entre eux, la possibilité de faire des doubles diplômes dans des matières autrefois considerées comme incompatibles, comme la philo et les maths par exemple… ou dans plusieurs pays différents.
Vous vous lancez donc comme consultante en orientation scolaire : à qui vous adressez-vous ?
Aux lycéens francophones qu’ils soient en lycée français dès la classe de 3e, ou en cursus IB dès le Grade 9 et jusqu’aux terminales. Mon rôle est d’ouvrir une discussion, d’aider à la recherche. En général j’ai deux catégories d’élèves en face de moi, quel que soit leur âge ou leur cursus. Soit ils n’ont aucune idée de ce qu’ils vont faire, soit ils ont une certaine idée mais dans les deux cas aucun ne sait par où commencer ni comment y arriver ! …. Je n’ai évidemment aucune solution toute faite qui s’adapterait à n’importe quel élève « qui veut devenir ingénieur » par exemple. Pour commencer, parce-qu’il existe énormément de différents profils d’ingénieur ! Et ensuite parce-que fondamentalement tout repose sur la personnalité de l’élève, sur qui il est, et ce qu’il a envie de devenir…
Trois conseils fondamentaux pour aborder cette période ?
Mon tout premier serait de faire retomber la pression ! Bien entendu ces choix et ces décisions sont importants, mais tout autant que de respecter l’équilibre émotionnel des enfants. Certaines familles – inconsciemment – peuvent imposer des attentes et une pression d’excellence absolue qui se révèle contre-productive. Quand on me demande « la meilleure université du monde » je réserve ma réponse : un classement aussi reconnu soit-il est relatif, et au-delà du niveau d’une école, il faut plutôt que de chercher à tout prix « la » meilleure université, envisager de trouver « le meilleur mariage » entre tel élève et telle école, soit le cursus qui lui correspond le mieux.
Ensuite : un conseil à l’envers… Être attentif à ne pas se fermer de porte, plus encore que d’identifier exactement laquelle on va choisir de pousser. Les statistiques les plus récentes disent que nos enfants exerceront au moins 5 métiers différents dans leur vie (ou le même métier de 5 façons différentes !), donc essayer de ne pas se fixer une pression gigantesque sur un choix qui ne sera pas quoi qu’il arrive « le travail d’une vie » ! En revanche, un choix négatif : c’est à dire le choix de renoncer à une matière qui va être rédhibitoire pour certains cursus spécifiques, aura un impact immédiat et difficilement réversible. Si l’on renonce entièrement par exemple aux mathématiques, cela peut bloquer une passion ultérieure pour le design industriel… Sans parler de cursus très contraignants comme Médecine par exemple, mais cela marche aussi pour Économie : il est facile de changer d’avis et de passer d’un choix orienté Maths et Sciences vers Économie (les maths y seront même bien utiles : Statistique, Comptabilité, etc…). En revanche l’inverse n’est pas vrai…. Ce qui ne veut pas dire non plus qu’il ne faut jamais renoncer aux Maths, cela dépend, parfois c’est justement le bon choix !
Enfin si je ne devais en donner qu’un, de conseil, ce serait celui-ci : commencer à parler orientation dès que possible, même si ce n’est qu’en famille au début, pour faire réfléchir l’enfant de lui-même, que ça soit un sujet de discussion naturel, démystifié, et qui n’arrive pas qu’en urgence, lorsque l’on est au pied du mur. Car c’est là que vient souvent la crispation, la panique, et parfois la rupture de dialogue avec les parents… Je ne suis pas un pompier (rires) - même si j’interviens souvent dans ce cas de figure, et que cela finit toujours par s’arranger - idéalement je préfère ouvrir le dialogue bien en amont !
Votre point fort à vous ?
Un parcours d’orientation scolaire pré et post bac que j’ai vécu aux premières loges et des deux côtés de la barrière avec ma fille aînée, à cheval entre cursus français et IB, une vraie passion pour mon métier que j’ai su renouveler, des connaissances de conseil, d’empathie, d’écoute ciselées sur 30 ans de carrière et enfin un réseau mondial de consultants scolaires triés sur le volet qui travaillent dans le même esprit, et vers lesquels je me tourne et j’échange au sein du réseau « Eureka Study » afin de rester toujours à la pointe des nouveautés et élargir au maximum mes connaissances des filières d’études supérieures, y compris dans des parcours pointus ou de « niche ».
Comment se passe une consultation avec vous ? À quoi s’attendre ?
Il s’agit en général de 4 à 5 séances en tête-à-tête, dont les deux premières sont consacrées à la connaissance de soi : Qui je suis ? Qu’est-ce qui me motive ? Me passionne ? Me rebute ? Quels sont mes points forts ?... Suivie d’une séance dédiée aux grands secteurs d’activité qu’on a envie d’explorer, où je propose en fonction de cette discussion préalable des parcours de découverte (avec des dossiers sur mesure) présentant les différents champs de métiers à explorer…. la ou les dernières séances sont un dialogue, un ajustement par rapport à toutes les informations reçues, suivies d’une discussion où les parents sont invités.
Est-ce qu’à l’issue de ce parcours votre enfant saura exactement ce qu’il veut faire, une fois pour toute ? Tout va dépendre…. de l’enfant ! Un bon prérequis avant de s’y engager c’est qu’il soit curieux, demandeur, impliqué dans la démarche. Et quoi qu’il arrive c’est profitable : on élargit sa vision, on la clarifie, et on découvre le champ des possibles, et on s’y engage en connaissance de cause, et avec une confiance en soi solide : au fond, c’est le plus important !
Comment contacter Marion : +971 58 552 6797