Jaufre Rouanet et son eau récoltée grâce à l'humidité aux Émirats

Vous avez peut-être remarqué leurs jolies bouteilles en verre mises en avant dans les gondoles du Spinneys, et ce slogan qui claque en anglais « Life is in the air », la vie est dans l’air… Oui, évidemment direz-vous, la pluie tombe du ciel, mais vous n’y êtes pas du tout : il ne s’agit pas de récolter les eaux pluviales, mais bien de récolter l’humidité en suspension dans l’air, une idée vieille comme le monde et d’ailleurs bien connue des bédouins d’autrefois, mais que trois entrepreneurs Jaufre Rouanet, Gregory Sauvage, et Nabil Hamade avides d’offrir un futur viable à leur enfants - et accessoirement à la planète - avec une eau pure et potable en abondance, ont modernisé et développé dans un projet à la fois ultra futuriste et très simple : suivez-nous dans les coulisses des faiseurs d’eau.

 

Lepetitjournal.com/dubai : Première question spontanée : d’où vous est venue une telle idée et comment en avoir assuré la faisabilité jusqu’à gagner le concours d’incubateurs de jeunes entreprises lancé par Spinneys ?

 

Jaufre Rouanet : L’idée n’est pas nouvelle mais nous sommes les premiers à avoir transformé la technologie en solution accessible à tous: vous ne trouverez nulle part ailleurs des bouteilles d’eau, vendues en supermarché, avec cette méthode d’extraction de l’humidité de l’air. Notre objectif ce n’est pas tant d’être les seuls, que d’être l’avenir.

 

À mes yeux cela a toujours été une histoire d’avenir, comme les mots d’Eric Orsenna « l’avenir de l’eau, c’est peut-être l’air » (L’Avenir de l’Eau, petit précis de la mondialisation). Nous sommes trois associés, Gregory Sauvage, Nabil Hamade, issus de l'ingénierie et moi-même issu de la finance d entreprise,. Nous nous sommes rencontrés lorsque Greg et moi étions dans le monde du « Oil and Gas ». Au moment de la crise pétrolière de 2016, on se dit que c’est le moment de penser à se renouveler et regarder l’avenir. Du pétrole on va vers l’eau, en passant par une première entreprise déjà axée sur le renouvelable : des containers solaires, sortes de mini-centrales électriques portables et « off-grid » (en autonomie hors-réseau) . C’est un super projet, plein d'avenir, mais très vite les gros opérateurs rentrent sur ce marché.

 

Nous remettons alors l’ouvrage sur le métier et réfléchissons à ce qui vient comme besoin essentiel bien avant l’électricité. L’eau. Ce n’est un secret pour personne que l’eau est en train de devenir un point clef des équilibres mondiaux et une ressource de plus en plus rare. Nous nous penchons sur ce problème avec l’idée d’une vie « en trois D » : Décarbonée, Décentralisée, Décontaminée. C’est-à-dire passer en off-grid pour la distribution d’eau, trouver une source d’eau douce quasi intarissable, disponible partout, et régler le problème de la pollution plastique (environnementale et médicale) : le Graal en somme !

 

Vous vous tournez donc vers l’air pour faire de l’eau ?

Savez-vous qu’il y a plus d’eau douce dans l’air que dans le total de tous les cours d’eau et tous les lacs sur terre ? Il y a 100 kilomètres d’atmosphère autour de la terre, et dans cette atmosphère l’humidité s’accumule, encore augmentée par le réchauffement climatique. C’est une source d’eau potable pratiquement illimitée, qui peut se récolter avec zéro effluent.

 

Une révolution somme toute ?

Une chose à la fois : l’idée c’est de démultiplier les sources de productions locales et de ne pas fragiliser la production en la centralisant, mais au contraire la décentraliser et la rendre locale. L’idée derrière cette démarche est sous-tendue par un constat simple : les gens ne veulent pas encore plus de technologie, ils veulent des solutions simples. Nous avons déjà été approchés par des entreprises qui veulent racheter les machines ou les miniaturiser pour les rendre compatibles avec un usage domestique, mais ce n’est pas le but : tout d’abord parce que nous voulons garder un contrôle et une responsabilité sur la qualité de l’eau, et ensuite parce-que… eh bien qui a envie d’une machine de plus dans sa cuisine, un robot ménager de plus, du plastique et des composants qui vont être difficilement recyclables etc… ? Nous sommes avocats de revenir aux choses simples : des bouteilles en verre recyclées et consignées, une eau pure, produite localement, distribuée localement.

 

Où produisez-vous justement ?

Nos bouchons sont fabriqués en aluminium recyclable à Jebel Ali, le verre réutilisable et recyclable est produit à 3 heures de route de notre première usine. Nos bouteilles sont consignées. C’est simple, transparent, en accord avec nos trois D : Décarbonisé (pas de rejet, transport minimal), Décentralisé… Ce qui nous permet aussi de garantir la constance de la qualité et du goût car notre eau est testée indépendamment toutes les semaines et nous produisons à la commande.

 

Quelle résonnance peu avoir un tel projet avec les Emirats, un pays pour qui la question de l’eau potable et de l’indépendance alimentaire est cruciale justement ?

Je dirai deux choses : ici c’est le pays où tout est possible… y compris l’impossible : récolter de l’eau en plein désert ! Et aussi que nous n’avons rien inventé : les bédouins faisaient de même, connaissaient la valeur inestimable de l’eau et savaient récolter la rosée et l’humidité de la nuit. C’est un projet qui a une résonnance particulière ici et nous sommes fiers d’avoir bénéficié du lancement de Spinneys qui a agi en Local Incubator. Mais c’est aussi plus profond : venant du monde de la finance j’ai vécu une prise de conscience avec mes enfants, que répondre quand vous travaillez dans ce milieu et qu’ils vous demandent ce que vous avez fait de votre journée ? J’avais envie de leur donner une réponse qui les fasse rêver « aujourd’hui j’ai fait l’impossible », j’ai travaillé sur une solution pour donner au monde un accès à l’eau potable renouvelable…. J’ai pensé à mes enfants, je trouve ça vraiment bien de leur laisser ce message de « rien n’est impossible ».

 

Dans 5 ans, vous vous imaginez où ?

Notre vision passe par le pardon et le partage : il faut engager avec les grandes marques de boissons carbonatées et sucrées industrielles, leur montrer qu’ils ont l’occasion de tourner casaque et de changer le monde. L’ère du plastique s’achève, il faut passer à autre chose, retourner au verre recyclable, se tourner vers le local.

Le but c’est une indépendance alimentaire totale des Emirats, mais aussi de tous les pays, et elle passe par l’indépendance en termes de ressources d’eau potable.

 

Votre vie à Dubaï, ce qui vous y lie ?

Je suis ici depuis 2011, en 2014 ma famille m’a rejoint. Je trouve que Dubaï pose la question de la valeur... Venant du monde financier pour moi la valeur c’est le futur. Quand on a un futur on a du bonheur, et ici c’est un pays qui vous donne un futur, le nôtre il est ici. J’adore le désert, les grandes sorties entre amis : en particulier Thanksgiving que l’on fête ensemble, avec une immense tablée entre les dunes, en liberté.

 

Le mot de la fin ?

 

Le futur est dans l’air ! Hawa Water vient de faire son entrée au Musée du Futur…

Nous sommes très fiers bien entendu, c’est une opportunité magnifique de nous faire connaitre dans un contexte spectaculaire et qui nous correspond tout à fait :  l’eau du futur devait avoir son Musée! 

 

 

Hawa Water c’est :

 

De l’air filtré et refroidi pour enclencher la condensation et en extraire l’humidité. Une condensation à nouveau filtrée puis traitée par ozonation et minéralisation, et enfin embouteillée.

 

•   de l’eau douce ou gazeuse
•   des bouteilles en verre recyclées, recyclables et consignées !
•   100% issue de l’humidité de l’air et des minéraux terrestres
•   écologique, aucun déchet plastique
•   alcaline et pure
•   produite localement à Ras Al Khaima, UAE