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Un vaccin danois contre le Covid-19 en 2021

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Cyrielle Fougeroux dans les laboratoires d'AdaptVac
Écrit par Joëlle Borgida
Publié le 22 novembre 2020, mis à jour le 24 novembre 2020

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 212 laboratoires sont en cours de recherches pour trouver un vaccin contre Covid-19.

L’OMS répertorie tous les candidats-vaccins dans un document disponible en ligne.  D’après celui-ci, 164 sont à ce jour en études pré-cliniques et 48 ont entamé des essais cliniques, qui se divisent en 4 phases de tests sur l’humain.

Nous nous étions entretenus il y a quelques mois avec Cyrielle Fougeroux, scientifique chez AdaptVac, startup danoise qui s’était lancée dans la recherche pour mettre au point un vaccin contre le Covid-19 (article).  Cyrielle a accepté de faire le point sur la situation actuelle.

 

Quelques mois se sont passés depuis notre précédent entretien, pourriez-vous nous dire où en est désormais AdaptVac ?

Cyrielle Fougeroux : AdpatVac en collaboration avec l’Université de Copenhague a choisi une technologie appelée « capsid like particle », basée sur l’utilisation de particules virales qui s’assemblent spontanément pour former une capside de virus (il s’agit de l’enveloppe contenant le génome viral). Dans notre cas, cette capside est vide et donc sans risque d’infection, puis nous ajoutons sur la capside une petite partie du coronavirus, qui va être « collée » et est ensuite présentée aux défenses immunitaires de manière à former une réponse immunitaire contre le coronavirus.

Des tests sur des souris ont été menés qui ont donné de très bons résultats et qui ont été maintenant confirmés par des tests chez les singes. Le vaccin semble avoir une bonne efficacité sur la neutralisation virus et le taux d’anticorps obtenu

La production du vaccin est désormais finie avec succès, nous savons donc maintenant que l’essai clinique (que l’on appelle : phase 1) sera possible prochainement.  Les tests sur l’homme seront effectués d’abord à petite échelle et si tout se passe bien sur un plus grand échantillonnage. Les premiers résultats devraient être connus début 2021.

 

Pfizer en est à la phase 3 de ses tests comme les laboratoires Bioderma, AstraZeneca, Sanofi, les russes, les chinois. Ils obtiennent de bons résultats, peut-on dès lors envisager qu’il y ait plusieurs vaccins disponibles sur le marché parallèlement ?

CF : Oui tout à fait, il est en effet possible, au moins dans un premier temps qu’il y ait plusieurs types vaccins sur le marché.

Des vaccins sortent maintenant car ils sont plus rapides à mettre au point et à fabriquer, d’autres viendront plus tard.

Certains vaccins seront très efficaces tout de suite mais leur longévité n’est pas encore connue. Peut-être que leur efficacité diminuera et qu’il faudra une nouvelle génération vaccin

Le vaccin de Pfizer par exemple doit être conservé à une température de moins 70 degrés, ces contraintes ne permettront pas une vaccination de masse.

Avec le temps certains seront abandonnés au profit d’autres et peut-être qu’à terme on n’en gardera qu’un.

 

Prophylactique / thérapeutique, pouvez-vous nous expliquer ?

CF : Pfizer a développé un vaccin d’urgence qui réduit les effets du virus sur des gens vraiment malades.  Il est pour l’instant thérapeutique puis sera développé pour devenir prophylactique. Tous les laboratoires préparent un vaccin prophylactique, mais la plupart pourront être utilisés d'urgence de manière thérapeutique.

 

Que pensez-vous des vaccins de Pfizer ou Bioderma qui utilisent une technologie expérimentale ? Il y a une véritable crainte de la population envers ces vaccins.

- Pour rappel, ces vaccins reposent sur la technique de l’ARN messager. Au lieu d’injecter un virus inactivé dans l’organisme pour qu’il produise des anticorps et soit capable de se défendre en cas d’intrusion du Sars-CoV-2, les vaccins élaborés par Pfizer et BioNtech ou Bioderma consistent à injecter un simple morceau du code génétique du virus.  -

 

CF : Cela peut en effet être un problème en France et en Europe où il y a une méfiance vis à vis des vaccins et encore plus vis à vis d’un vaccin qui apparait comme un OGM (Organisme Génétiquement modifié) car la technologie ARN peut être considérée comme telle.

Pour moi, en tant que scientifique, je ne pense pas qu’il y ait de risques car il ne s’intègre pas au génome. Cela dit, c’est un type de vaccin qui n’a jamais été utilisé sur les hommes.

Pour l’instant Pfizer a fait des essais sur plus de 43 000 personnes, et il n’ y a pas eu d’effets indésirables à ce stade.

 

Comment se passerait une campagne de vaccination selon vous ?

CF : Ce sont les Autorités de santé qui décideront du choix du vaccin et qui devra être vacciné en priorité. Probablement que des pays entiers à terme se feront vacciner, mais dans un premier temps, l'OMS va faire en sorte que les personnes les plus à risques soient vaccinées. Il y aura aussi des campagnes pour vacciner des échantillonnages de populations ce qui permettra une vaccination mondiale, plutôt que de vacciner les plus développés puis de vacciner les autres pays par la suite.

 

On a beaucoup parlé du cas visons au Danemark récemment, qu’en pensez-vous ?

CF : Pour l’instant, nous n’avons aucune preuve que cette modification génétique change le virus en lui-même et nous n’avons pas de preuve non plus que cette nouvelle souche soit plus virulente.  La décision de l’abattage a été un principe de précaution qui va permettre de stopper l'infection du virus, car même si la souche n'est pas forcement plus virulente ou meurtière, les visons sont infectés rapidement dans ces conditions et donc sont à risque d'infecter tous les gens en contact. De plus, le fait que l'infection ne puisse pas étre contrôlée chez les visons augmente le risque de mutations du virus, ce qui est à éviter.

 

 

 

Un grand merci à Cyrielle Fougeroux pour cet entretien

 

 

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