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Témoignage: la vie en confinement d'une petite fille et de ses parents

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Écrit par Bénédicte Wagner
Publié le 5 avril 2020

Trois mètres carrés de balcon (relativement) ensoleillé, beaucoup (trop) de gâteaux, plus de français et toute une collection de bricolages en rouleaux de papier toilette vides — voilà comment nous pourrions résumer les premières semaines de « confinement » à Copenhague.

 

Ici, la situation est moins préoccupante qu’en France : le Danemark a été touché par le coronavirus plus tardivement que d’autres pays d’Europe et le gouvernement a fermé les établissements scolaires, lieux de rassemblement, restaurants et cafés, bibliothèques, salles de sport ou encore les salons de coiffure au même moment qu’en France. Néanmoins, lorsque les autorités danoises ont annoncé la fermeture des jardins d’enfants et des écoles, puis les mesures de distanciation sociale et de « confinement » (même si ce dernier est loin d’être aussi strict qu’en France), nous avons été à la fois soulagés et un peu inquiets : comment allions-nous occuper notre enfant si énergique dans un appartement sans jardin ? Inscrite dans le système danois, qui fait la part belle aux activités extérieures, et donc habituée à passer ses journées à crapahuter dehors quel que soit le temps (surtout mauvais, d’ailleurs), notre fille a trouvé les premiers jours difficiles. 

 

« Pourquoi ne peut-on pas sortir ? Pourquoi y a-t-il un virus ? Mes amis ne sortent pas non plus ? Mamie ne va pas venir chez nous ? Elle a attrapé le virus ? Et les mouettes, elles ont le virus ? » (Eh oui, elles volent librement, elles !) Autant de questions auxquelles nous nous sommes efforcés de trouver des réponses simples, mais justes et véridiques, sans pour autant laisser transparaître nos éventuelles angoisses que nourrissent les nouvelles de France et d’ailleurs.

 

Après quelques jours de tâtonnement, nous avons réussi à trouver un rythme en famille, aussi structuré que possible. L’heure du réveil reste la même (notre fille y veille), mais étant donné la situation, la charge de travail de papa est plus importante et il commence un peu plus tôt que d’habitude. Faute d’une meilleure configuration de l’appartement, il ne lui est malheureusement pas possible de se replier dans un espace fermé, et donc silencieux. Les allers-retours tout sourire et sur la pointe des pieds pour profiter du bonheur de le voir dans l’appartement sans pour autant le déranger n’ayant évidemment pas duré longtemps (aujourd’hui, pas de « départ au bureau » sans casque anti-bruit), et le manque d’exercice en plein air s’étant rapidement fait ressentir, nous avons pris le parti d’investir le balcon dès qu’il serait ensoleillé.

 

La vue y est belle et notre fille peut ainsi prendre l’air même si les sorties habituelles ne sont plus possibles. Nous enfilons donc manteau ou combinaison, cagoule, chaussures et sortons « travailler » nous aussi sur le balcon, sans oublier les poupées qui, bien emmitouflées et calées dans leur landau, font la sieste dehors (on est danois ou on ne l’est pas !). Contrairement à l’école maternelle française, le jardin d’enfants danois ne suit pas de programme ; l’éveil des enfants est laissé à la discrétion de leurs pædagoger (pédagogues). Il n’y a donc pas, depuis la fermeture du børnehave, de suivi, ni même tout simplement de contact avec les pédagogues de la classe. Ces derniers temps, notre fille parlait principalement danois, aussi avons-nous décidé de profiter de ces journées ensemble pour l’inciter à pratiquer davantage le français. Grâce à toutes les ressources mises à disposition en ligne, nous découvrons par la même occasion le programme de la maternelle française, et comme c’est souvent le cas avec la nouveauté, cela suscite chez nous un certain engouement (une aubaine pour les parents !). Puis nous enchaînons généralement avec des jeux, un atelier créatif, des coloriages, ou une expérience comme celle des fleurs en papier magiques qui s’ouvrent au contact de l’eau (ce fut un franc succès par-ici ! Le tuto est disponible sur l’excellent blog du site Pandacraft. Nous faisons germer des lentilles, recyclons des pots de verre en photophores et fabriquons des personnages en rouleaux de papier toilette, en même temps que nous guettons l’apparition des premières feuilles sur le marronnier planté sous notre balcon.

 

L’après-midi est souvent le moment de la journée le moins évident. Avec le manque d’activités à l’extérieur, notre fille se dépense moins et l’énervement se fait vite ressentir. Au jardin d’enfants, les enfants ne font pas la sieste et ressortent après le repas. Mais pour que cela reste vivable dans les conditions actuelles et que la maison continue de tourner, nous essayons tout de même de ménager un temps plus calme après le déjeuner. Les podcasts d'histoires de Pomme d’Api et d’Élodie Fondacci sur Radio Classique sont à ce moment-là d’une aide précieuse. Puis c’est à nouveau le temps des jeux, des bricolages, des appels avec nos proches restés en France et, un peu plus souvent qu’à l’accoutumée, des gâteaux !

 

Après le goûter, c’est gymnastique, danse ou yoga quotidiens devant YouTube — et croyez-nous, les séances dédiées aux plus petits ne sont pas moins intenses que celles des adultes ! Vient ensuite la préparation du dîner ; à 18h pile, nous retrouvons Henri Dès qui, depuis le début du confinement, chante chaque jour en direct une de ses chansons sur sa page Facebook ; arrive l’heure du bain, que l’on fait durer plus longtemps que d’habitude, et le reste de la soirée s’enchaîne comme à l’ordinaire.

 

Le soir, une fois notre fille couchée, nous nous informons enfin plus longuement sur la situation ici et en France. Réserver les informations anxiogènes à un unique moment de la journée était initialement notre façon de préserver notre enfant, mais cela nous permet finalement à nous aussi de prendre une saine distance.

 

Nos journées sont bien remplies et rares sont les temps morts (à tel point qu’au tout début, la source de nos craintes n’était pas tant le coronavirus qu’un éventuel accident domestique idiot, du type dérapage pas tout à fait contrôlé à la fin d’un sprint en chaussettes dans notre long couloir…). Nous nous concentrons sur le présent et les moments agréables en famille, en mesurant la chance que nous avons et en pensant à tous ceux qui font en sorte que nous puissions rester chez nous, continuer à travailler à distance, faire nos courses et être soignés si besoin.

 

 

 

 

 

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