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Petite histoire du Palais Thott à Copenhague 4/4

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La façade de l'Ambassade de France au Danemark © Ambassade-de-France-au-Danemark
Écrit par Bénédicte Wagner
Publié le 23 décembre 2020, mis à jour le 23 décembre 2020

Abritant aujourd’hui l’Ambassade de France au Danemark, le palais Thott compte au nombre des bâtiments remarquables du patrimoine historique et architectural danois. Situé à un jet de pierre du célèbre canal de Nyhavn et de ses bords animés, il fête cette année le centième anniversaire de la présence française en ses murs, et le quatre-vingt-dixième anniversaire de son acquisition par la République française, le 1er janvier 1930.

À l’occasion de cet anniversaire, Lepetitjournal.com Copenhague vous propose de (re)découvrir l’histoire du palais Thott, dont les liens avec la France commencèrent à se tisser bien avant le début du XXe siècle. 

 

Nous publions ce dossier sous forme de série divisée en quatre parties.

Aujourd'hui : quatrième et dernière partie.

 

 

Arts de la table à la française, fêtes et réceptions 

L’art de dresser « à la française »

 

salle à manger Palais Thott ambassade France Danemark art table
La salle à manger, sur laquelle veille Otto Thott © Ambassade de France au Danemark

 

Autres pans du patrimoine français, la gastronomie et l’art de la table « à la française » trouvent à s’exprimer le plus parfaitement et complètement dans la salle à manger du palais, sous le regarde d’Otto Thott, dont le portrait orne le trumeau. Cette pièce est celle où les hôtes de l’Ambassade sont reçus à souper. Ils y goûtent aux mets concoctés par le chef de l’Ambassade et servis dans l’un des deux services en porcelaine de Sèvres du palais.

 

biscuits porcelaine Sèvres Ambassade France Danemark
Dans les coulisses de l’Ambassade, un placard aux trésors :
biscuits et services en porcelaine de Sèvres de l'Ambassade de France au Danemark © Alice Borgida

 

Le plus beau est certainement celui en bleu de Sèvres, cet emblématique bleu de cobalt maîtrisé par les céramistes de la manufacture royale dans le dernier quart du XVIIIe siècle. Pour parvenir au résultat final, chaque pièce de porcelaine passe entre les mains de sept artisans qui appliquent tour à tour les éléments de décor. Si une pièce venait à être brisée, les morceaux en seraient renvoyés à la manufacture, où les céramistes récupèreraient l’or afin de le ré-appliquer. La marque de la manufacture est apposée sur chaque pièce, ainsi que la mention « RF » (signifiant « République Française »), qui est intégrée à la marque, unique, de Copenhague, puisque chaque service fut commandé tout spécialement pour l’Ambassade. Lors de la nuit de la culture (Kulturnatten), la table de la salle à manger est dressée « à la française », donnant aux visiteurs un aperçu des arts de la table, du savoir-vivre et de l’élégance français.

 

service porcelaine Sèvres Ambassade France Danemark
Les marques du service en porcelaine de Sèvres de l'Ambassade © Alice Borgida

 

Bal royal

La salle à manger renferme aussi un superbe cartel d’époque Régence, envoyé par le Mobilier national à l’occasion de la somptueuse réception et du bal donnés en l’honneur de la Princesse Héritière Margrethe et de son fiancé, le comte Henri de Laborde de Montpezat, le 7 juin 1967. Le bal fut donné à l’extérieur, dans la cour du palais, mais le Mobilier national fit toutefois parvenir à Copenhague d’autres pièces de ses collections afin d’agrémenter le palais Thott en l’honneur des fiancés, dont l’heureuse union resserrait tout particulièrement les liens entre le Danemark et la France.

 

cartel Régence salle à manger Ambassade France Danemark
Le cartel Régence de la salle à manger, accroché entre deux fenêtres © Ambassade de France au Danemark

 

Fastes de cour

Les salons du palais Thott furent évidemment témoins d’autres grandes réceptions, mais si l’on ne devait en mentionner qu’une dernière, ce serait la grande fête donnée par le comte de Plélo. Arrivé à la fin des années 1720 pour renouveler le traité d’alliance franco-danoise, le comte de Plélo organise en février 1730 de fabuleuses festivités pour célébrer la naissance du Dauphin, héritier de la couronne de France. Le palais Thott est entièrement décoré, comme en atteste une gravure dont l’original est conservé à la bibliothèque royale. Des décors identiques à ceux mis en place à Copenhague auraient été tendus à Rome, si l’on en croit d’autres documents d’archives parisiennes. Pour narrer la fête au monarque français, le comte de Plélo fera même parvenir à la cour de France une missive, contant que les habitants de Copenhague avaient festoyé trois jours et trois nuits durant. 

 

décors façade palais naissance héritier couronne 18ème siècle
Les décors habillant la façade du palais en l'honneur de la naissance de l'héritier de la couronne de France en 1730 © Joëlle Borgida

 

À l’aube de la nouvelle année qui s’annonce, gageons que le palais Thott connaîtra d’autres moments historiques - toujours en lien avec la France !

 

5 Livre d’Esther 2, 8-12 in La Bible de Jérusalem, trad. fr. sous la direction de l'École biblique de Jérusalem, Desclée de Brouwer, Paris, 2000

 

 

Il s'agit du dernier volet de notre série consacrée à  l'histoire du Palais Thott

Vous trouverez ci-dessous les liens vers les trois précédentes parties. 

 

Nous tenons à remercier tout particulièrement et très chaleureusement Bénédicte Hausmann, de l’Ambassade de France au Danemark, pour le temps qu’elle nous a consacré et la passionnante visite du palais Thott faite en sa compagnie.

 

 

 

Bibliographie

* ALLOUCHE, Sabine, « Le « marbre feint » aux XVIIe et XVIIIe siècles », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles [en ligne], 2012, mis en ligne le 19 janvier 2016, consulté le 30 novembre 2020
URL : http://journals.openedition.org/crcv/13643 ; DOI : https://doi.org/10.4000/crcv.13643

* La Bible de Jérusalem, trad. fr. sous la direction de l'École biblique de Jérusalem, Desclée de Brouwer, Paris, 2000, 2015 pages

*  HAMILTON, Edith, La mythologie : ses dieux, ses héros, ses légendes, 1ère édition, traduit de l’anglais par Abeth de Beughem, Alleur (Belgique), Nouvelles Éditions Marabout, 1997, 450 pages

*  KJÆR, Ulla, « L’architecture au début de l’absolutisme danois (1675-1725) : Fredensborg et Marly », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles [en ligne], 2012, mis en ligne le 19 décembre 2013, consulté le 30 novembre 2020
URL : http://journals.openedition.org/crcv/11933 ; DOI : https://doi.org/10.4000/crcv.11933

*  KJÆR, Ulla et TALBOT, Florence, Le Palais Thott / Des Thottske Palæ, Copenhague, Ambassade de France au Danemark, 2006, 84 pages

*  MERLE DU BOURG, Alexis, L’Histoire d’Esther [en ligne], Galerie Coatalem, Paris, 2012, 138 pages, consulté le 30 novembre 2020
URL : https://www.coatalem.com/images/catalogues/deTroy-FR.pdf

*  THURAH, Laurids de, Den Danske Vitruvius indeholder grundtegninger, opstalter, og giennemsnitter af de merkværdigste bygninger i kongeriget Dannemark, ... ; Le Vitruve Danois contient les plans, les élévations et les profils des principaux batimens du royaume de Dannemarc, aussi bien que des provinces Allemandes, dependantes du Roi, avec une courte description de chaque batiment en particulier, Copenhague, Ernst Henrich Berlings, 1746-49, 2 vols.

 

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