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Le « Mistral » à Copenhague : une mission Jeanne d'Arc aux couleurs franco-danoises

Symbole de puissance maritime et de coopération européenne, le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Mistral a fait escale à Copenhague du 28 juin au 2 juillet, marquant l'ultime étape de la mission Jeanne d'Arc 2025. Accueilli avec les honneurs, le bâtiment francais a été le théâtre d'une cérémonie anticipée du 14 juillet en présence du roi Frederik X, et d'échanges stratégiques entre la France et le Danemark.

Le porte avion français Mistral à Copenhague_DanemarkLe porte avion français Mistral à Copenhague_Danemark
© Marine Nationale / Pauline Misse / Cyril Davesne / Ambassade de France au Danemark
Écrit par Sibylle de Valence
Publié le 2 juillet 2025, mis à jour le 8 juillet 2025

 

Une école grandeur nature pour les futurs officiers

 

« Cette mission est l'une des plus précieuses de la Marine » affirme le capitaine de vaisseau Quentin Vieux-Rochas, sur le pont d'envol du Mistral. « Elle permet de former une promotion d'élèves officiers aux réalités des opérations aéromaritimes et interarmées. Après deux années d'étude plus académique, ils vivent ici leur premier contact avec la réalité de leur futur métier. »

 

arrivée du porte avion français à Copenhague
©AnnaClick

 

Chaque année, le déploiement Jeanne d'Arc incarne à la fois l'aboutissement de la formation des officiers de l'École navale, grande école de la Marine militaire française, et un outil de diplomatie navale pour affirmer la présence francaise dans plusieurs zones d'intérêt, et entretenir des partenariats stratégiques. Cette année, cap sur le Grand Nord.

 

Groenland

 

Appréhender les eaux glacées du Groenland

 

« C'était la première fois que le Mistral franchissait le cercle polaire arctique », confie le commandant. « Nous avons célébré cela selon la tradition navale, et c'était une première à bord du Mistral. »

Une cérémonie, liée au froid et à Neptune. « Le pacha », surnom donné au commandant d'un navire de guerre, n'en dira pas plus mais il se réjouit que les 151 officiers-élèves aient ainsi été confronté aux conditions extrêmes du milieu polaire : météo instable, glaces dérivantes, froid mordant et icebergs... Une formation grandeur nature, essentielle pour apprendre à opérer dans une région de plus en plus stratégique.

 

« Nos cadets ont compris que ce n'est pas si simple. Il faut s'entraîner. Et nous avons besoin d'apprendre des Danois. »

 

Deux exercices majeurs avec l'OTAN sont déjà prévus l'an prochain au large de la Norvège. Un tournant pour ces navires de guerre basés à Toulon et historiquement tournés vers la Méditerranée et la Mer Rouge.

 

Coopération franco-danoise à l'honneur

Durant cette escale, les élèves officiers ont visité l'école navale danoise pour rencontrer leurs homologues.

 

« C'est ce lien humain, cette connaissance de l'autre, qui nourrira à long terme cette coopération franco danoise, » poursuit Vieux-Rochas.

Des images spectaculaires de l'arrivée du Mistral dans le port ont été diffusées à la télévision danoise, témoignant d'une coopération technico-tactique poussée avec les hélicoptères danois.

À quai, les délégations d'officiels se sont succédées à bord de ce bâtiment capable d'accueillir jusqu'à 600 personnes, 16 hélicoptères, un hangar pouvant contenir jusqu'à 80 véhicules blindés et un radier de 885 m² pour des débarquements amphibies rapides. L'occasion de démontrer les savoir-faire amphibies, terrestres, aéromobiles, et hospitaliers. Un vaste arsenal médical fait du Mistral un hôpital flottant avec médecins, infirmiers, chirurgiens, anesthésistes, et même un dentiste, blocs chirurgicaux, salle de radiologie, 69 lits, dont 19 médicalisés, capable d'offrir des soins importants pour les opérations militaires et humanitaires.

 

Un 14 juillet symbolique avec le roi Frederik X

Signal fort de cette coopération, Frederik X, lui-même ancien commando-marine formé au sein des élites militaires danoises, a honoré le bâtiment de sa présence à l'occasion d'une cérémonie anticipée de la fête nationale. Au programme : 21 coups de canon, hymnes nationaux par la Garde royale danoise, revue des troupes avec une vue imprenable sur Copenhague.

 

« Cette visite illustre l'étroite coopération qui unit d'années en années davantage nos marines, » a déclaré le souverain, évoquant sa récente visite d'État à Paris.

 

roi du Danemark arrivée porte avion français à Copenhague
© Marine Nationale / Pauline Misse / Cyril Davesne / Ambassade de France au Danemark

 

« L'escale du PHA Mistral à Copenhague est un symbole fort : plus qu'un symbole, un acte fort, de celui qui lie deux rives, celle de notre histoire commune et celle de l'avenir que nous construisons ensemble, » a renchéri Christophe Parisot, ambassadeur de France au Danemark.

Il a également salué l'ouverture presque concomitante de la présidence danoise du Conseil de l'Union Européenne avec pour slogan : une Europe forte dans un monde en changement. « Copenhague fait de la défense et de la sécurité la première priorité de sa présidence. Nous devons réarmer l'Europe, » a déclaré l'ambassadeur en appelant à soutenir les industriels francais et à les encourager à produire en priorité pour et avec les Européens.

 

Gardiens silencieux de nos océans

De l'Afrique à l'Arctique, de la traversée de l'Atlantique en remontant le long des côtes nord-américaines jusqu'aux confins du cercle Polaire, la mission Jeanne d'Arc 2025 a plongé pendant cinq mois les jeunes officiers dans le concret du terrain: immersion dans les eaux glacées de l'Arctique, interception de narco-trafiquants entre Abidjan et le Brésil, coopérations opérationnelles sur trois continents.

Des coeurs de marin se sont forgés, façonnés par leurs aînés, les échanges avec des camarades étrangers et les éléments eux-mêmes. Copenhague, dernière escale avant le retour au bercail, se souviendra longtemps du passage de l'un des plus grands bâtiments de la Marine française, à l'heure où l'Arctique devient un espace stratégique décisif à maîtriser.

 

mission Jeanne d'Arc porte avion français à Copenhague
© Marine Nationale / Pauline Misse / Cyril Davesne / Ambassade de France au Danemark

 

image de la mission Jeanne d'Arc à Copenhague au Danemark
© Marine Nationale / Pauline Misse / Cyril Davesne / Ambassade de France au Danemark

 

DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE
Former au cœur des opérations, c'est l'objectif affiché de cette mission qui tire son nom du premier porte-hélicoptères Jeanne d'Arc sur lequel s'était mené le déploiement. Près de 800 militaires, comprenant 640 marins ainsi que 150 soldats de l'armée de Terre du groupement tactique embarqué (GTE) issu de la Légion étrangère, ont pris le large à bord du PHA Mistral et de la frégate type La Fayette (FLF) Surcouf. Durant plus de cinq mois, les 151 officiers-élèves effectuent plus de 100 jours de mer, ponctués d'heures de quart, d'exercices internationaux, d'opérations, de périodes d'instruction dispensées par les équipages des deux bâtiments, par leurs instructeurs et par des conférenciers invités à bord. Préparant les officiers de la Marine nationale à mener des opérations au loin, en mer mais aussi à terre, le groupe conduit de nombreux exercices avec des armées partenaires tout au long de son parcours.

Le porte-hélicoptères amphibie MISTRAL, deuxième plus gros navire de guerre francais après le porte-avions Charles de Gaulle, est concu pour projeter des forces de la mer vers la terre, mettre en œuvre des hélicoptères en toutes conditions et constituer une plateforme logistique en mer.
Date de mise en service : 2007.
Dimensions : 199 m x 32 m / 21 500 tonnes.
Vitesse et autonomie : vitesse maximale de 19 nœuds / autonomie : 11 000 nautiques à 15 nœuds.
Équipage : 220 marins.
Commandement : 850 m² de locaux modulaires pouvant accueillir un état-major jusqu'à 200 personnes.
Capacité aviation : 16 hélicoptères de combat de type Caïman ou Tigre.
Capacité amphibie : un hangar pouvant contenir jusqu'à 80 véhicules blindés et un radier de 885 m² pouvant accueillir différents types de chalands : engins de débarquement amphibie rapides (EDA-R), engins de débarquement amphibie standards (EDA-S), chalands de transport de matériel (CTM) ou véhicules de débarquement à coussin d'air (LCAC).
Capacité d'hébergement de troupes et détachements : jusqu'à 450 soldats équipés.
Capacités sanitaires militaires : 2 blocs opératoires, 1 salle de radiologie avec scanner, 1 cabinet dentaire, 1 laboratoire de biologie, 1 salle de télémédecine, 30 lits médicalisés ou 60 lits en configuration classique.
Ville marraine : Le Havre.

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